À El Raval, si tu prends la bonne ruelle, tu trouveras ce que tu cherches


Salut Jazz. Je suis à New-York depuis deux ou trois jours semaines. Je n'ai pas écouté les grands-parents et maintenant, je suis foutue, complètement foutue. Je t'ai écrit un tas de lettres. J'espère que tu recevras celle-ci. Plusieurs fois, des hommes m'ont promis qu'ils te chercheraient et te remettraient mes messages. Mais les autres, ils s'en aperçoivent toujours et alors ils me cognent. Je n'en peux plus, frère. Tu le sais, j'ai toujours rêvé de t'accompagner aux États-Unis. Ce rêve, c'est maintenant mon pire cauchemar. Une connaissance du quartier m'a dit que tu étais à New York et que tu vivais de tes concerts. Il m'a donné l'adresse d'une de ses cousines qui était prête à m'héberger le temps que je te retrouve. Les grands-parents ont tout fait pour me retenir mais je ne les ai pas écoutés. Le calvaire a commencé dès que je suis descendue de l'avion. Ils m'attendaient et ils m'ont fait monter dans une voiture. Après m'avoir bandé les yeux, ils m'ont emmenée ici. Comment j'ai pu être si naïve. J'ai tellement envie de te revoir, frérot. Ils ont détruit mon passeport Catalan et m'en ont donné un faux, américain. Je ne m'appelle plus Laura, c'est Kimberley maintenant. Il y a beaucoup de filles ici, dans la même situation, certaines plus jeunes que moi. On me garde à Hell's Kitchen. Mais j'ai entendu dire qu'il compte bientôt nous transférer ailleurs. Si un jour, les grands-parents apprenaient ça, jamais plus je ne pourrais les regarder dans les yeux. Tu comprends j'espère ! Viens me chercher, frérot. Je n'ai plus la force de résister. Je t'aime. Laura.




Accueillez El Raval, le repaire de la décadence où les âmes se perdent dans un tourbillon pernicieux



Jazz Maynard, tome 1 : "Home Sweet Home", édition Dargaud, est un thriller enflammé et captivant, qui pulse à un rythme effréné. Sur une partition orchestrée par Raule, plongez dans l'univers fiévreux et intense de Jazz Maynard. Ce personnage énigmatique revient à Barcelone, plus précisément dans les quartiers de El Raval, avec une mission bien précise : sauver sa sœur des griffes impitoyables des proxénètes. Mais la ville qu'il retrouve est un véritable champ de bataille, ravagé par la criminalité, où ses anciens compagnons d'aventure ont prospéré et où de nouveaux ennuis l'attendent à chaque coin de rue. Tel un solo de jazz enflammé, Jazz Maynard nous entraîne dans une mélodie sombre et palpitante, mêlant suspense, action et rebondissements haletants. Le rythme effréné de cette histoire implacable nous emporte dans un tourbillon d'émotions et de situations explosives, où la virtuosité de Jazz Maynard se révèle dans chaque note de violence et de résilience. Une symphonie envoûtante de noirceur, où les accords de l'intrigue se mêlent harmonieusement à l'atmosphère envoûtante de El Raval, offrant ainsi une expérience captivante et palpitante à chaque page tournée.


Une bande dessinée qui trouve son essence dans une fusion enivrante de jazz, d'action et de dialogues incisifs. Son ambiance unique est la clé de son originalité. On est transporté dans un cadre fiévreux Catalan où règnent gangs, proxénètes, musique envoûtante, poings vengeurs, lames acérées et calibres fulgurants. Un condensé faisant de cette bande dessinée un pur divertissement jubilatoire, réservant une dose d'action démentielle. Les balles fusent dans tous les sens, le sang coule à flots et les cadavres s'amoncellent. En gros , Bienvenue à El Raval, une cité où la violence, le sexe, la corruption, les règlements de comptes, les meurtres et les viols sont monnaie courante ! Vous l'aurez compris, l'ennui ne fait pas partie du vocabulaire de cet album, car l'action se déchaîne à un rythme effréné, sans pour autant sombrer dans l'absurdité. La texture polar de qualité reste toujours présente, même au milieu de cette folie furieuse, offrant à chaque instant, une atmosphère électrique, diluée à travers une conception de l'image étonnante qui nous enveloppe jusqu'à la dernière page.



Motherfucker !



Les dessins de Roger, également responsable de la colorisation, se distinguent par leur précision et leur perturbation. Ils constituent une véritable proposition artistique, à la fois excellente et troublante, où son coup de crayon légèrement exagéré et d'une grande dynamique confère une identité visuelle singulière. Son trait nerveux et les couleurs chaudes prédominantes, teintées d'ocre, plongent le lecteur dans une ambiance brûlante, parfois étouffante. Les décors, en parfaite harmonie avec la colorisation, offrent à la ville une texture captivante, lui donnant vie et profondeur. Les personnages masculins sont taillés avec élégance, arborant des tenues raffinées, tandis que les femmes sont représentées avec des courbes généreuses, conférant une sensualité à l'ensemble. Les traits des visages m'ont moins convaincus. Cette esthétique jazz et intimiste, aux proportions marquées, crée une tension visuelle et souligne les caractéristiques distinctives de chaque personnage. Dans cette immersion graphique, chaque détail compte et contribue à l'atmosphère unique de l'histoire. Des dessins précis et dérangeants nous transportant dans un monde à la fois fascinant et déconcertant, où la puissance des images renforce l'intensité de l'intrigue.


Jazz Maynard est un personnage authentique empreint de charisme, incarnant à la fois la tranquillité et la fureur dévastatrice. Toujours maître de lui-même, sauf lorsque sa sœur est en danger, il devient alors un ouragan indomptable, prêt à tout détruire sur son passage. Telle une version 2.0 de Spike, issu de l'univers de Cowboy Bebop, il fusionne avec le contraste distinctif des personnages de Quentin Tarantino dans Pulp Fiction, ainsi que de l'atmosphère sombre de Sin City de Frank Miller. Un cocktail explosif sublimé par une bande-son jazz qui ajoute une dimension envoûtante à l'ensemble. L'authenticité de Jazz Maynard réside dans sa dualité fascinante, entre sérénité et violence déchaînée, où chaque aspect de sa personnalité est accentué par des références cinématographiques et littéraires. Les autres personnages qui peuplent ce périple ne manquent pas d'attrait et annoncent des développements passionnants à venir dans les prochains tomes. Tout d'abord, il y a Téo, un ami d'enfance de Jazz, constamment pris au mauvais endroit au mauvais moment, mais d'une fidélité, semble-t-il irréprochable. Ensuite, il y a Laura, la petite sœur de Jazz, dont la vie n'est pas des plus faciles ici. Lucia, quant à elle, incarne le premier amour de Jazz, une journaliste au tempérament fougueux, travaillant pour un journal médiocre et fauché comme les blés. Et enfin, Judas, le mafieux du quartier, qui règne en maître sur les rues et le trafic d'El Raval. Chacun de ces personnages apporte une dimension de maturité à l'intrigue, et leurs destins entremêlés promettent des rebondissements captivants pour la suite.



CONCLUSION :



Avec Jazz Maynard, tome 1 : "Home Sweet Home", on se régale d'une bande dessinée se présentant comme une expérience intense et captivante, où le jazz mêle ses notes enivrantes à une symphonie d'action frénétique et de violence sans merci, agrémenté par des dessins aussi originaux qu'étonnant. Une bande dessinée nous plongeant au cœur d'un monde sombre et exaltant, où le suspense et l'adrénaline sont les maîtres du jeu.


Un premier tome de qualité qui appelle à lire le suivant.



Nous croirons à la crise le jour où les riches se suicideront en masse.


B_Jérémy
8
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le 5 juil. 2023

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