Une BD sur des trolls velus ? Shut up and take my money !

On a souvent tendance à considérer que le spin-off est un art nécessairement foireux. Ca dépend. C'est exactement le même débat que dans tous les autres types d'exploitation d'un univers étendu finalement: lorsque le commercial prend le pas sur le créatif, ça s'annonce mal. Où se situe Trolls de Troy dans cette problématique ? Je dirais qu'elle commence avec un équilibre assez honnête au départ, pour ensuite glisser lentement mais sûrement vers le commercial sans âme et sans intérêt. Histoires trolles, le premier tome, est donc la concrétisation initiale de cette tentative scénaristique. Et c'est pas mal. La série va encore progresser en qualité avant d'atteindre son apogée, mais cette introduction est plutôt sympathique dans l'ensemble.

On est donc plongés de l'autre côté du miroir. Il n'est plus ici question d'humains aux pouvoirs magiques, mais de trolls encore plus épicuriens et barbares que mon petit frère qui entend le carillon du marchand de glaces. Le petit village d'origine de nos héros, qui n'est pas sans faire penser à l'irréductible bastion d'Astérix et compagnie, est sauvagement attaqué par des chasseurs de trolls, mandatés par les sages d'Eckmül (et plus particulièrement le plus influent d'entre eux, le vénérable Rysta Fuquatou), espérant éteindre la menace constante qu'incarnent ces grands sauvages poilus. L'histoire tourne plus particulièrement autour de deux personnages : Teträm, troll jovial et imprévisible, et Waha, fille adoptive de Teträm et son épouse Puitépée, qui s'avère être une humaine élevée à la trolle...

Il se passe finalement pas grand chose dans cet album, qui fait plus figure d'introduction que de véritable aventure. Il s'agit donc bien d'un prologue à la première aventure suivie de ces héros, cherchant à sauver leur village des méchants humains. Mais tous les ingrédients principaux de la série sont déjà présents : le gore, l'humour potache, les délires improbables, et surtout l'aspect parodie d'Astérix : le village et ses habitants, les aventures improbables des personnages principaux qui parcourent tout l'univers de Troy, le méchant despote dont les plans sont constamment contrariés par les héros... Trolls de Troy ne s'en cache absolument pas, et l'un dans l'autre, ça marche plutôt bien. Pour l'instant. Ca deviendra lourd par après, mais pour l'instant l'on peut s'en accommoder assez facilement.

Graphiquement, Mourier s'en sort très bien, il a d'ailleurs un talent certain pour retranscrire les expressions faciales; entre les visages craintifs des humains, la jovialité négligente des trolls, la cruauté des chasseurs ou même l'avarice de Rysta Fuquatou, tout passe très bien, et le dessin contribue sans le moindre doute à l'ambiance et à l'humour de cette série. La collaboration entre Arleston et Mourier fonctionne d'ailleurs très bien, on sent une véritable complicité entre les deux auteurs. Personnellement, je ne suis pas toujours fan du style de Mourier, mais il dégage une forte personnalité qui force le respect, et parvient à convaincre même les réfractaires.

Donc. Drôle, rythmé, beau, un chouette album, malheureusement un peu trop vide pour être tout à fait convaincant. Il a du moins le mérite de lancer une série qui fonctionnera plutôt bien pendant un certain temps.

L'on remarquera, au fait, le syndrome Cauvin chez l'ami Arleston : le bonhomme scénarise à cette époque (je ne sais pas ce qu'il en est actuellement) un gros paquet de séries de chez Soleil, et a tendance à répliquer un peu trop son style d'un univers à l'autre et de provoquer une relative standardisation dans son écriture ayant tendance à agacer le lectorat.
Antevre
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le 23 nov. 2014

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