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BD de Alison Bechdel (2006)

Un beau roman, pas si graphique

Un roman graphique introspectif tout en subtilité. Des allers-retours incessant entre le passé et le présent : ce qu'ils sont, ce qu'ils auraient pu être. L'auteur nous raconte son histoire, celle d'une jeune-fille élevée au sein d'une famille d'intellectuels retirés à la campagne. Celle, également, de son père, froid, obsédé par l'aménagement intérieur, le jardinage et le goût de la chose bien faite. Alors que la petite fille qu'elle était ressent de l'affection et de la curiosité pour cette figure paternelle hors du commun, lui semble tout mettre en œuvre pour maintenir une distance.


La jeune-fille rêveuse devient adolescente blasée. Elle noie son ennui dans la littérature, passion qu'elle partage avec son père, même s'il lui impose bientôt une forme de tyrannie intellectuelle dans le choix de ses lectures. Au cours de ses rencontres et de ses lectures, la jeune étudiante découvre finalement son attirance pour les femmes. Au moment où elle l'annonce à ses parents, sa mère -dépitée- lui révèle à mots feutrés l’homosexualité de son père. Se sentant privée des effets libérateurs de son coming-out, elle ne va cesser d'interroger le comportement de son père et d'éclairer le passé au regard de cette révélation.


A travers ces pages denses et truffées de références littéraires, on explore le quotidien de cette famille dont chaque membre partage le même goût pour la richesse intérieure et la pauvreté relationnelle. Parents et enfants se construisent sur les rails d"un schéma familial classique qui ne convient véritablement à personne, chacun tirant son épanouissement d'activités annexes.


Le seul élément qui surprendra dans cette œuvre autobiographique d'une profondeur et d'une intelligence rare, c'est le choix du support. Beaucoup notent des dessins simples mais efficaces. Pour ma part, je m'interroge toujours sur le médium. On a clairement en main tous les éléments pour un œuvre romanesque, en témoignent les nombreuses allusions littéraires : l'auteure va parfois jusqu'à reproduire (en dessin !) des passages entiers de livres ou de journal intime ! Je ne suis donc pas entièrement convaincu sur l'utilité de la partie "graphique" de ce roman [graphique].

ZachJones
8
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le 27 févr. 2020

Critique lue 240 fois

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Zachary Jones

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