Néga-Flash, c'est quand même pourri comme nom de méchant
Les New 52, c'est un peu un des plus gros événements comics de ces dernières années. Pour certains, il s'agit d'un bon gros pétard mouillé, qui traine dans sa suite un paquet d"épisodes fadasses voire insipides, alors que d'autres préfèrent retenir de bonnes surprises comme La Cour des Hiboux. Toujours est-il que nous nous intéressons ici à la genèse de ce nouvel univers, car Flashpoint n'est ni plus ni moins que l'épisode de transition entre l'âge moderne DC et les New 52...
L'on suit donc les mésaventures de l'ami Flash (Barry Allen, hein, au cas où il faudrait préciser), qui se réveille un beau jour dans un univers totalement transfiguré : sa mère est vivante, il n'a pas de pouvoir, la Ligue de Justice n'existe pas et l'Europe est une zone de conflit entre Amazones et Atlantes, menés par leurs chefs respectifs, Wonder Woman d'un côté et Aquaman de l'autre. Tandis que Cyborg tâche d'organiser la super résistance, Flash, convaincu que tout cela est l'oeuvre de Néga-Flash, décide d'aller chercher de l'aide chez l'humain en qui il a le plus confiance : Bruce Wayne. Mais l'homme qu'il connait dans son monde d'origine est-il toujours le même dans cet univers ?
Je tiens à préciser que j'évalue ici l'édition Urban Comics, je n'ai donc pas lu tous les tie-ins. Et d'ailleurs, c'est un peu un problème de cette édition... Tout un univers est créé à l'occasion de cet event, et on ne le voit que par le petit bout de la lorgnette. AInsi, par exemple, on croise la route de Deathstroke, mais tellement vite qu'on a à peu près aucune idée de ce qu'il vient faire là. De même, pas mal de personnages paraissent superficiels, car leur background est développé dans des épisodes qui ne sont pas inclus. C'est triste, d'autant plus que je me suis laissé dire qu'il n'y en avait pas tant que ça, il aurait valu la peine de proposer une édition plus complète à mon sens, puisqu'il s'agit de faire le pont entre le statu quo de l'âge moderne et les réfections proposées par les New 52 (modifications de certains personnages, réapparition d'anciens, création de nouveaux).
Cela étant, attaquons-nous donc à ce volume. Scénaristiquement, l'on peut déplorer une histoire de voyage temporel finalement assez classique dans le fond et la forme, malgré un ou deux twists pas trop dégueulasses. Pourtant, quelques bonnes idées émaillent l'histoire, notamment dans les personnages en présence : la guerre entre l'Atlantide et les Amazones, c'est finalement plutôt pas mal, et de manière générale tout ce qui entoure la Ligue de Justice, comme les histoires de Batman ou de Superman. Tout cela est crédible et suffisamment original que pour passer un moment plaisant. C'est plus le fil conducteur en lui-même qui est chaotique et peu crédible, avec notamment une fin en "Eh les mecs j'ai une super idée pour sauver le monde, on doit faire ça ça et ça, réunir machin machin et machin et après il y a une baston de la mort et... [trois heures plus tard] Bon, le plan A a foiré, passons au plan B : en fait je pouvais sauver le monde tout seul depuis le début les gens ! Alors pourquoi je vous ai laissé vous faire laminer ? Ben au moins on s'est bien marré non ?". Ouaip, le pire des deus ex machina : celui que le héros pouvait déclencher à tout moment depuis le début. Du coup, tout parait salement branlant.
Graphiquement, c'est pas moche, c'est même plutôt réussi (sauf qu'on se mange du Flash à toutes les pages, et que je trouve que graphiquement il souille méchamment les planches qu'il illustre), mais j'irais pas jusqu'à parler d'excellence. Ca fait le boulot, assez bien même, mais y a pas de supplément d'âme.
Sinon, malgré l'absence des tie-ins qui a déjà été pointée du doigt, l'édition Urban Comics est agrémentée du film d'animation tiré de l'event, et ce en DVD et en Blu-ray. Ca fait toujours plaisir, j'ai pas encore regardé mais je le ferai certainement.
Donc voilà, j'aimerais terminer en formulant un avertissement : il est utile, bien que pas nécessaire, d'avoir une bonne connaissance de l'univers DC en général, et de cette époque en particulier, pour mieux appréhender les différents événements. Ainsi, un néophyte total de cet univers risque fort de louper de nombreuses références et de mal comprendre certaines des interactions entre les protagonistes. Rien qui nuise véritablement au fil conducteur, mais bon, si vous souhaitez découvrir ce monde dans sa globalité, mieux vaut commencer par un autre volume et se réserver le plaisir de la découverte de celui-ci pour plus tard.
Finalement, malgré les points négatifs que j'ai relevés, Flashpoint reste très plaisant à lire, et il occupe une place importante dans l'univers DC, en faisant un incontournable. Mais là où dans certains events, cette "incontournabilité" semble forcée, Flashpoint est divertissant, quoique pas transcendant.
