« Il est un peu tard mais ça y est. Je viens de comprendre qui je suis vraiment. En fait c'est moi, le méchant, dans l'histoire. » Qu'a-t-il donc bien pu se passer pour qu'Agni en vienne à dire cela à Togata ? Réponse au fil des pages d'un volume fort en émotions.


Continuités


La jaquette de ce tome fait directement écho à celle du précédent. Logique : en parcourant les chapitres on observe une continuité du côté des thèmes mis en avant. Le rôle de l'éducation d'abord : évoquée par Togata dans le tome 4, le sujet est de nouveau sur le devant de la scène, par Neneth d'abord et, surtout, Doma. Le manque d'éducation où le plus grand mal de cet univers glacé.


Le second point est la suite de l'échange entre Togata et Agni suite à la "révélation" qui surgissait à la fin du tome précédent. La fantasque Togata tombe le masque. Un grand déballage, nécessaire, qui renseigne mieux sur la psychologie du personnage (les souffrances qu'elle tait...). Outre la question de savoir s'il est possible de comprendre autrui en dépit de nos différences, il est aussi question de l'emprise du paraître : le physique joue sur la perception que l'on a de soi-même et que les autres ont à notre endroit ce qui influence, en retour, notre capacité d'action, notre estime de soi.


Faux espoirs


Pour autant, ce tome a une tonalité un peu plus douce que les précédents. Se confirme l'idée que Togata joue le rôle de la grande sœur d'Agni. Et puis on voit une communauté qui tente de se construire sur de bonnes bases. L'espoir de l'humanité ? On peut le penser. Le redressement en marche, surtout qu'Agni paraît vouloir passer à autre chose, pardonner. Le mot est lâché. On peut échapper à la vengeance. Mais Tatsuki Fujimoto va nous rappeler qu'il ne faut jamais vendre la peau de l'ours...


Le héros enflammé marche, il sourit. Jusqu'ici tout va bien. Et voilà qu'arrivent des planches qui font penser à un film. Agni s'immobilise, les flammes continuent de danser sur lui. On alterne immobilisme du personnage et parasitage par des images douloureuses. Tout remonte à la surface. Et arrive le chapitre 46, où un drame silencieux se joue. Silence de mort sur les planches, qui participe un peu plus encore à immerger le lecteur dans ce qui se déroule. Impossible de s'échapper.


Á bout de souffle


Et nous aurons à peine le temps de reprendre notre souffle que le suspens de fin de volume nous plonge encore dans une nouvelle épreuve. Le repos c'est pour les morts. Le lecteur pourra reprendre son souffle avant de parcourir la première partie (sur trois) d'un entretien croisé entre Tatsuki Fujimoto et Hiroaki Samura ! On remarquera, d'ailleurs, qu'une scène de Fire Punch (dans le chapitre 46) ressemble à un clin d'œil à l'Habitant de l'Infini avec une arme très particulière...


Côté matériel, ce nouveau volume est dans le droit fil des précédents. Bonne qualité d'impression, pas de dialogues coupés, manipulation sans difficulté pour une lecture optimale. Sylvain Chollet continue de proposer une traduction fluide, jouant de la ponctuation pour doser le débit de paroles, continuant à faire sourire avec les emportements de Togata.


« Pourquoi m'imposes-tu ça ?! »


Fire Punch confirme qu'il est un manga où l'incertitude règne. Bien malin celui qui pourra deviner ce que l'auteur a en tête si ce n'est : ne rien épargner à ses personnages, leur donner de l'espoir, pour mieux le retirer aussi vite que possible. En ira-t-il de même dans le tome suivant ? Rendez-vous en juin pour le savoir.


Avis un peu plus étoffé et illustré à retrouver ici.

Anvil
9
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le 15 mars 2018

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Anvil

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