Et bien finalement, moi qui espérais voir le film avant de m’atteler à cet ouvrage, je n’aurais finalement pas encore vu le film au moment où j’écris ces lignes sur ce volume proposé par Urban Comics. Et c’est donc une plongée dans l’inconnu, ne connaissant de cette histoire que les quelques bandes annonces du film de Quentin Tarantino et rien de plus, hormis peut-être les retours positifs que j’ai pu avoir du film.

1858, sud des Etats-Unis. Le docteur King Schultz, ancien dentiste devenu chasseur de primes, fais l’acquisition de Django, un esclave à qui il propose un marché : l’aider à capturer les frères Brittle en échange de sa liberté. Tandis que les deux hommes entament leur traque, Django ne perd pas pour autant de vue son principal objectif. Dès qu’il sera libre, il partira à la recherche de sa femme, vendue comme esclave à un riche propriétaire terrien du Mississippi.
Django Unchained est l’adaptation en bande-dessinée du script intégral de Quantin Tarantino, récemment porté à l’écran. Interprétés par Jamie Foxx, Leonardo DiCaprio ou encore Christoph Waltz, les personnages hauts en couleurs du scénariste de Kill Bill et Pulp Fiction sont ici illustrés par R.M. Guéra (Scalped), Jason Latour et Danijel Zezelj. Un récit épique, sombre et drôle à découvrir ou redécouvrir sur papier, et agrémenté d’une galerie de croquis exclusive.
(Contient Django Unchained #1 à 7)

Nous rentrons dans le vif du sujet dès la première page. Quelque part au milieu du Texas, un homme bien habillé et propre sur lui, donnant bonne impression, arrête deux négriers et leurs esclaves. Il est à la recherche d’un certain Django, un esclave. Il a besoin de lui pour mettre la main sur des hommes recherchés. Oui, le docteur King Schultz, sous ses airs d’homme convenable et un chasseur de primes, redoutable qui plus est ! Comme peut en attester cette première scène de fusillades, qui va en appeler bien d’autres. Le vif, que l’on peut lire du célèbre « mort ou vif » des avis de recherches est totalement absent du lexique de ce cher docteur allemand.

Cette étrange collaboration va déboucher sur une toute aussi étonnante amitié. Et très vite, un nouveau marché va être passé entre les deux hommes. King Schultz proposant à Django de passer l’hiver avec lui en tant que chasseur de primes adjoint et au printemps, il l’aiderait en retour à retrouver sa douce et tendre Broomhilda. Django profite ainsi, également, de l’enseignement de Schultz en tant que chasseur de primes et montre très vite des aptitudes hors du commun. Et se voir payer pour abattre des blancs est plutôt un métier qui lui plaît bien.

Le temps passe vite, les liens entre les deux hommes ne faisant que se renforcer, du respect, de la confiance. Nous avons également le droit à beaucoup d’humour lorsque King Schultz essaie de comprendre les interdits aux esclaves et qu’en même temps Django essaie de comprendre tous les mots « savants » que son nouvel ami utilise. Beaucoup de violence, comme je l’ai dit plus haut, il n’y a pas de mort ou vif qui tienne, c’est mort ou mort. Et Schultz arrive même à expliquer en quoi tuer un criminel en compagnie de son fils est un acte de bonté. Un humour très noir donc en prime, mais qui sied parfaitement à cet univers western et cette ambiance assez sombre et violente, sans pitié.

Après quelques flashbacks sur ce qui est arrivé à sa femme, Django et King Schultz vont rencontrer Calvin Candie, un négrier riche, puissant, influant et qui obtient tout ce qu’il veut. Il aime s’entourer de belles femmes noires et organiser des combats de mandingue. Il est surtout l’actuel propriétaire de Broomhilda, et nos deux compères vont se mettre dans un sacré merdier en tentant de la récupérer, rien ne va se dérouler comme prévu…

C’est très sombre, très violent, le sang afflux et les coups violents ne cessent de tomber. C’est aussi dur en coups qu’en paroles. On reconnaît très aisément la patte de Quentin Tarantino. Et j’attends avec impatience de voir ce que le scénariste n’a pu laisser mettre à l’écran au réalisateur. Beaucoup d’humour également, de comique de situation, et de l’humour plus noir, plus sombre, plus violent encore une fois.
Comme dans beaucoup de ses films, Tarantino, nous proposes beaucoup de personnages, toujours assez excentriques (un dentiste allemand chasseur de primes, un esclave ce comportant en négrier ou encore Calvin et son Candieland…). Mais aucun d’eux n’arrive à prendre le pas sur l’action, qui est toujours un personnage à part entière dans ses films.

Graphiquement, c’est un plaisir de retrouver R.M. Guéra. L’artiste est tellement propice pour ce genre d’univers noir, d’ambiance si sombre. Il arrive à rendre la violence supportable, regardable même, j’ai envie de dire. Quel plaisir de suivre ces aventures sous ses coups de crayons. A ses côtés, nous retrouvons Jason Latour, Denys Cowan et Danijel Zezelj. Des artistes de niveaux bien différents et offrant une qualité graphique général assez bancale de par leurs approches plus réalistes.

Bref, Django Unchained fut une formidable épopée, une aventure forte et violente, en même temps quelle meilleure époque que celle des westerns pour justifier une telle violence verbale et physique, surtout en pleine période d’esclavage le sud bien blanc des Etats-Unis. Une aventure où l’action ne décélère pas, Tarantino ne déviant pas d’un iota dans la résolution de son histoire et celle de Django, la gâchette la plus rapide du sud !
Romain_Bouvet
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le 15 janv. 2015

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Romain Bouvet

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