Cela mérite que je me gr(en)ouille de lire la suite

Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille
Pour égaler l'animal en grosseur,
[...]
Jean de La Fontaine

Garulfo m'a un peu rappelé la fable La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf, à l'exception près que l'objectif n'est pas un boeuf, et que la grenouille en question ne s'enfle pas au point d'exploser.
Toutefois, elle a bien un objectif similaire qui est de ressembler à un autre être vivant, et même dans notre cas, d'être l'égal de cet être vivant !

Garulfo est donc bel et bien l’histoire d’une grenouille, pleine de bonté et d’intelligence. Il passe en effet son temps à rêver, admirant naïvement les humains et leur place au sommet de la chaîne alimentaire, si bien qu’il finit par souhaiter en être un.

Par chance, il croise le chemin d’une sorcière qui l’ensorcelle, et lui permet grâce au baiser d’une princesse, de devenir un prince charmant mais, comme la chance a ses limites, ce n’est pas la princesse Héphilie, fille du Roi, qui lui donne ce baiser mais Pipa, une paysanne de passage.
L'envoûtement de la sorcière fonctionne tout de même, si bien que Garulfo devient homme. Et même, bel homme.

Innocent et plein de bonnes intentions, il parvient sur un malentendu à se faire une place au sein du château sous le nom de Prince Garulfo. C’est ainsi qu’en tant qu’homme, il découvre la cruauté dont fait preuve sa nouvelle espèce, que ce soit envers les hommes eux-même, ou envers la faune et la flore.

Le plaisir dans la lecture du tome 1, est de suivre Garulfo et ses réactions face à la cruauté humaine. Quand bien même celui-ci ait longtemps espéré être le chasseur plutôt que le chassé, il ne peut se résoudre à apprécier l’acharnement et la bestialité de l’homme envers les autres espèces vivantes.

La BD Garulfo nous présente ainsi l’être humain dans sa forme la plus pur, un homme qui découvre le monde comme un enfant, et dont les répliques telles que “Vous êtes méchants”, prononcée après le massacre inutile d’un loup, prouvent son honnêteté et sa simplicité.

L’ancienne grenouille tente donc de s’adapter dans une civilisation hostile pour tout ce qui n’est pas bipède ou de sang noble. Il rencontrera tout de même quelques bonnes personnes, comme un pêcheur avec qui il passera du bon temps, et qu'il observait lorsqu'il était petit batracien.

Espérons que sa bonté et que sa pureté ne se feront pas noircir dans les prochains tomes.