Avec cette série d’histoires, j’ai commencé par la fin, j’ai fait les choses à l’envers. Ma première lecture a été Captain America : White et cette touchante histoire d’amitié entre Steve et Bucky en pleine Seconde Guerre Mondiale. Il n’en aura pas fallu plus pour que je m’empresse de me jeter sur cet énorme Marvel Icons pour découvrir les trois histoires qui l’ont précédé ! Enfin, de me le faire offrir pour mon anniversaire.


Entre et, Jeph Loeb (Fallen Son : The Death of Captain America) et Tim Sale (Captain America : White) se sont intéressés aux origines de trois grands héros Marvel. Retrouvez Daredevil à l’époque où il était encore vêtu de jaune, Spider-Man lorsque son cœur battait pour Gwen Stacy et Bruce Banner juste après l’explosion de la bombe gamma.
(Contient : Daredevil : Yellow #1 à 6, Spider-Man : Blue #1 à 6 et Hulk : Grey #1 à 6)


Autant aborder le sujet des dessins tout de suite, histoire de ne pas me mettre à radoter sur Tim Sale. Comme toujours, il n’y a qu’un mot pour décrire son travail, son œuvre devrait-on dire, la perfection. Son style rétro, son travail sur les expressions, la beauté de ses femmes, c’est un régal oculaire à chaque page, à chaque case. Pas de fioriture, pas de superflux, l’artiste va à l’essentiel : l’action et les personnages. C’est un véritable hommage que Tim Sale rend à nos héros en nous les présentant dans un si bel écrin, et en mettant autant en valeur, les femmes de leur vie !
Un tel travail, de tels chefs d’œuvres, car ce sont trois véritables bijoux artistiques que nous avons là, se suffisent presque à eux-mêmes.


Presque, puisque Jeph Loeb nous propose, lui aussi, quelque chose de fabuleux ! A travers des retcons passionnants et empathiques, le scénariste nous plonge dans les passés douloureux de ces trois personnages. On y découvre trois héros, trois hommes, frappés par le sort, qui tente de survivre à leur plus grande défaite, la perte de l’être tant aimé. On ne peut être que touché, à défaut d’être triste, par les témoignages poignants de ces personnages. Des témoignages, sortes de confessions, qui nous font comprendre que sous le masque, ils ne sont que des hommes, de simples hommes comme vous et moi.


Daredevil, écrit à Karen, le grand amour de sa vie, Jeph Loeb, comme pour les trois histoires, ne nous plonge pas au cœur de leur relation, mais à ces débuts, et même avant cela, avant que le couple se forme, lors de la phase de séduction que l’on pourrait qualifier « d’à l’insu de leur plein gré ». Car si ces trois personnages sont différents, tous les trois semblent démunis lorsque ces trois femmes leur tombe dessus.
Daredevil écrit donc à Karen, qui nous a quitté depuis longtemps, et se remémore donc leur première rencontre, comment elle est apparue, telle une tornade dans sa vie, au moment où il réalisait ses premiers exploits sous le costume jaune de Daredevil. Et c’est d’autant plus difficile pour notre héros de tomber peu à peu amoureux de Karen, tandis que la jolie secrétaire en craque autant petit-à-petit pour Daredevil. Rajoutons à cela le bon Foggy, désireux de demander la belle en mariage !


Pour Peter Parker, et Spider-Man, il s’agit d’un enregistrement audio, destiné à sa douce Gwen Stacy. Chaque année, à la date anniversaire (je n’aime pas cette expression) de sa mort, la mélancolie gagne Peter, et il a senti le besoin de laisser une trace oral de son histoire avec la belle Gwen. On plonge alors dans le passé, et la mémoire de Peter, à la fac, juste après que le Bouffon Vert, Norman Osborn ne perde la mémoire, au moment où Peter emménage avec Harry.
Notre brave Peter « bave » littéralement (passez-moi l’expression) devant la charmante et si belle Gwen, convaincu que ce « fantasme » n’est qu’à sens unique. Et pourtant pas si à sens unique que cela, puisque Gwen semble très attirée par Peter. Alors qu’il rêve de la jolie blonde, une succession de combats l’empêche de se rapprocher d’elle alors que les feux sont au vert. Et cette impatience se fait réciproque lorsque la caliente Mary-Jane arrive en ville et jette, également, son dévolu sur Peter.


Pour Hulk, il s’agit d’un entretien avec le docteur Samson, en pleine nuit, la mélancolie et la culpabilité gagnent ce bon docteur Banner. Et cet échange le plonge à sa première transformation en Hulk, en gris, la naissance de son conflit avec Ross, son combat avec Iron Man, son amitié avec Rick Jones et surtout sa relation avec la jolie Betty !
Au fil de son échange, de sa discussion, de son monologue, Bruce arrive, petit-à-petit, à une douloureuse conclusion, qu’il argumente à la perfection. Douloureuse mais complètement légitime, crédible. Cette histoire de la Belle et la Bête moderne, conserve tous les codes du conte, et l’on comprend vite que sous la puissance de la bête se cache une grande sensibilité, tandis que la douceur apparente de la Belle dissimule une ardente fureur.


Trois histoires tragiques, trois amours perdus, trois blessures qui jamais se refermeront, mais il semblerait, en lisant les prémices des ces trois tragédies, que nos héros ne changeraient rien. Preuve qu’une belle histoire d’amour, même si elle fini mal, va au-delà de la mort si elle est aussi forte, aussi intense, aussi vraie le temps qu’elle dure. La vie est une suite de rencontres, de moments, qu’ils soient de joie ou de tristesse, mais l’instant vécu est plus fort que la mort, les souvenirs de ces moments magiques suffisant à « accepter » cette fin tragique.


Bref, Jeph Loeb et Tim Sale, nous proposent trois histoires magnifiques. Des femmes magnifiques dans tous les sens du terme qui manquent peut-être autant à leur héros qu’aux lecteurs. (Du moins pour Karen et Gwen.)

Romain_Bouvet
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 23 août 2016

Critique lue 383 fois

2 j'aime

Romain Bouvet

Écrit par

Critique lue 383 fois

2

Du même critique

Le Deuil de la famille - Batman, tome 3
Romain_Bouvet
3

Un Joker qui n'en a que le nom, un Batman qui n'en est pas un...

À peine remis de son éprouvant combat contre la Cour des Hiboux, Batman voit revenir son pire cauchemar, le plus terrible de ses adversaires : le Joker ! Et cette fois-ci le Clown Prince du Crime est...

le 14 févr. 2014

17 j'aime

4

Batman : Silence
Romain_Bouvet
4

Trop d’étalages!

Batman Silence ! Le run de 12 numéros du duo Jeph Loeb et Jim Lee, ou comment essayer de faire intervenir le plus de personnages possibles en un court laps de temps. C’est la première chose que l’on...

le 13 déc. 2013

17 j'aime

5