Pour les adeptes de vieux qui râlent, de vieux qui s'aiment et de conneries qu'on regrette...

Les vieux fourneaux est en passe de devenir une série culte. Une jolie performance quand on pense que la trame se construit autour d’un trio de septuagénaires qui passent leur temps à s’engueuler ! Le septième épisode des leurs aventures vient d’apparaitre dans les rayons de librairie. Il s’intitule Chauds comme le climat. La couverture propose nos trois héros en train de partager un barbecue dans la joie et la bonne humeur alors qu’un cocktail molotov s’apprête à leur tomber sur la tête…

L’histoire débute le 1er mai. Parallèlement se déroulent à Montcoeur le pique-nique de l’amitié et du vivre ensemble et à Paris le traditionnel défilé syndical. Les deux moments de « convivialité » vont être interrompus par l’intervention des forces de l’ordre. Dans la capitale se sont les gaz lacrymogènes qui viennent perturber le cortège. Quant à la fête au village, elle nécessite la venue de la police suite à une attaque à la pique à brochette. Bref, on démarre sur les chapeaux de roue…

Tout le monde ne connait peut-être pas le trio constitué de Pierrot, Antoine et Émile. Le premier est un anarchiste toujours en quête d’une nouvelle action pour changer la société. Il est l’agité du groupe. Son discours syndicaliste contre les élites donne lieu à bon nombre de débats et de moments hilarants. Antoine est le grognon du groupe. Régulièrement en train de se plaindre des excès de son ami et de la capacité de ce dernier à troubler la quiétude du quotidien, il vit à proximité de sa petite-fille Sophie. Cette dernière joue le rôle de maman pour cette bande de loustics. Enfin, Mimile est le baroudeur du groupe. Ancien rugbyman, il a voyagé aux quatre coins du monde. Il a récemment su se faire pardonner auprès de Berthe, son amour de jeunesse, d’une grosse bêtise faite durant leur adolescence. Il semble être le plus posé du groupe mais ne donne pas sa part au lion quand il s’agit de refaire le monde.

La thématique de l’album se centre sur la violence qui habite actuellement la société. En menant plusieurs intrigues parallèlement, nos trois héros vont être confrontés de manière plus ou moins directe à des actes de vandalisme qu’ils ont du mal à s’expliquer et à accepter. Les événements font réfléchir et c’est avec plaisir et intérêt qu’on les voit gérer la situation et chercher à faire évoluer les mentalités à leur niveau. Le message délivré est clairement dans l’air du temps. Mais contrairement au traitement médiatique actuel, il est traité ici avec subtilité, réalisme, bonne humeur et optimisme. Cela fait un bien fou !

Comme à son habitude, Lupano offre un scénario de qualité qui arrive à nous faire rire, à nous émouvoir et à nous faire réfléchir. Sa maestria d’écriture offre un nouvel opus de grande qualité que j’ai eu énormément de plaisir à découvrir. La lecture ne possède aucun temps mort. Les surprises sont fréquentes et la qualité d’écriture des personnages secondaires est une nouvelle fois remarquable. Les auteurs ne nous content pas un monde manichéen et caricatural. Il nous offre une leçon de vie : comment changer le monde à notre hauteur et près de nous…

Les dessins de Cauuet sont toujours aussi bons. Ils croquent une galerie de personnages remarquables. Son trait participe à intensifier les émotions et les sentiments qui nous traversent durant la lecture. De plus, le travail sur les décors et l’utilisation des couleurs offrent un cadre très réussi à cette sympathique aventure. Le dépaysement dans cette vie villageoise est immédiat et accompagne l’histoire d’une atmosphère prenante.

Au final, j’ai adoré cet album. C’est un vrai plaisir sincère de retrouver les trois copains et de les voir échanger sans fin sur le monde qui les entoure. Leur sens de l’amitié me touche beaucoup, leurs discussions me font pleurer de rire. Et quand les paroles sont suivis d’actes, c’est le bonheur ! Je ne peux donc que vous inciter à lire cet ouvrage. Le voyage vaut le détour…