• L'agent de police, de surveillance à la clinique, est dans le coma !... Il a été frappé avec sa propre matraque... Sur laquelle figurent vos empreintes, Ric Hochet !... Cette matraque, vous n'avez pu y imprimer vos empreintes qu'à un seul moment : Quand vous avez assommé vous-même l'agent ! J'ai failli vous croire, Ric, mais maintenant...

  • Attendez ! Croyez-vous que j'aurais été assez stupide pour laisser mes empreintes partout ?...

  • Restez assis !... Tous les coupables commettent des erreurs ! Avez-vous une autre explication à me proposer ?...

  • Non... Non ! "Ils" sont vraiment trop forts ! Je... J'abandonne !!!...

  • Oui ! Vous avez perdu la partie, Ric ! Considérez-vous en état d'arrestation !...




Seul contre tous !



"Le cauchemar commença le 7 janvier au Quai des Orfèvres par un bel après-midi ensoleillé !" C'est ainsi que les éditions du Lombard nous entraînent dans les abîmes de l'esprit avec "Cauchemar pour Ric Hochet". Cette intrigue, tissant avec habileté la trame narrative chère à Alfred Hitchcock, brode une trame de folie et d'angoisses incessantes qui captivent irrémédiablement le lecteur. Le onzième tome des aventures de Ric Hochet, fruit de la collaboration indissociable entre André-Paul Duchâteau et Gilbert Gascard, alias « Tibet », propulse les lecteurs dans une quête à la fois énigmatique et palpitante. Dans ce récit, notre détective emblématique, Ric Hochet, délaisse son innocence habituelle pour endosser le rôle d'un criminel sournois. Un renversement des valeurs savamment exploité à travers une projection renversante où la réalité prend la forme d'un véritable cauchemar où on vient même à douter du journaliste lui-même. Les soupçons pesant sur Ric, étayés par des preuves accablantes, le pousse à remettre en question sa propre intégrité. À un point où l'on se demande si son esprit n'est pas assujetti à l'emprise d'une substance psychotrope ou d'une force manipulatrice.


L'intrigue tissée avec une teinte paranoïaque nous plonge dans un abîme d'interrogations, mettant en doute nos certitudes, tandis que Ric Hochet s'engage dans un périple épuisant qui le pousse à ses limites, tant sur le plan physique que mental. Cette aventure le confronte à des épreuves insidieuses, laissant des marques profondes aussi bien sur son corps que dans son esprit. Abattu, accablé, anéanti, à bout de force, contusionné, écrasé, endolori, maché et déboussolé, il se trouve en proie à un sentiment d'incertitude totale, comme s'il était pris dans un piège sans une seule issue apparente. Sur le plan physique, Ric devient méconnaissable, renonçant à son sang-froid légendaire et à son verbe tranchant, moqueur et léger. Dans ce cauchemar oppressant, la peur le submerge et le pousse à supplier d'être laissé en paix, jusqu'à ce qu'il cède à un cri d'appel à l'aide. Une réaction qui, pour lui, est tout à fait inédite et marquante. La figure autrefois noble et héroïque du détective-justicier est désormais malmenée, réduite à celle d'un criminel aliéné qui semble perdre tout contact avec la réalité. L'ensemble de ces éléments dessine une trajectoire captivante où les frontières entre le réel et l'imaginaire s'écrasent, exposant la fragilité de la psyché humaine et la vulnérabilité du héros central.



Ric se débattait en plein délire... Qu'est-ce qui était vrai ? Qu'est-ce qui était faux ? Rêvait-il ? Ou... Ou avait-il rêvé... ?



Une conception véritablement remarquable, forgée par le génie du scénario de Duchâteau, exploite avec habileté les frontières de la psychose humaine dans le cadre d'un récit policier sombre qui manie avec ingéniosité les codes ténébreux du genre. À cela se mêlent les illustrations de Tibet, qui élèvent cette intrigue schizophrène à un niveau supérieur grâce à des planches superbes qui attirent toute l'intensité de cette histoire obsédante. Cette combinaison contribue en grande partie à ce qui constitue l'une des réussites les plus marquantes de cet ouvrage : son atmosphère à la fois angoissante et hallucinatoire. Un jeu subtil d'ombres se déploie, créant une vision effrayante en constante évolution. Cette conception repose sur les regards paranoïaques des personnages, se focalisant sur les yeux fixes, la sueur perlant sur les visages et les cernes marquées... Un piège qui se renvoie non seulement sur Ric Hochet, mais également sur le lecteur lui-même. Pas de doute possible, on assiste à une fiction propre à la vision cinématographique d'Alfred Hitchcock. Un travail artistique impeccable qui, malheureusement, se voit un peu entaché par une conclusion trop simpliste par rapport à la proposition initiale. L’ampleur de l’intrigue aurait mérité une résolution plus élaborée.


Une bande dessinée palpitante qui ne cesse d'entraîner le lecteur dans un tourbillon d'action, offrant une expérience rythmée et captivante. En parallèle, l'esprit caractéristique de la franchise Ric Hochet continue de briller à travers des clins d'œil habiles aux tomes précédents de la saga, tel que le tome 9 "Alias ​​Ric Hochet". De plus, des éléments liés à la réalité se mêlent judicieusement, comme le monde du cinéma et plus précisément la Paramount. On voit Ric escalader l'immense emblème du studio tout en étant poursuivi par la police. Ce passage traduit habilement l'univers cinématographique, un thème qui se déploie jusqu'aux personnages eux-mêmes. Le fameux antagoniste, dont le nom reste inconnu et que Ric surnomme "M. Cogétama" ou encore "M. Carl-Upmann", évoque fortement le célèbre réalisateur Alfred Hitchcock. Sa silhouette en costume noir, sa calvitie, ses joues rebondies et son cigare en bouche font écho au réalisateur lui-même. Il est à noter que cet antagoniste dirige un réseau impitoyable d'espions criminels au sein de la "Section Nord", clin d'œil subtil au genre cinématographique qu'affectionne Hitchcock. Parmi les nouveaux personnages, deux inspecteurs font leur entrée : Larsan et Gonfalon, rappelant subtilement Laurel et Hardy. Les figures emblématiques de cette série sont également présentes, notamment un commissaire Bourdon marqué par les épreuves. Cependant, le personnage qui se distingue tout particulièrement est le chef de la PJ, une agréable surprise en termes de développement. Enfin, cet album offre une perspective radicalement différente de ce que Ric Hochet incarne habituellement, ce qui en fait un choix audacieux et captivant. D'ailleurs on en apprend un peu plus sur le passé de Ric : « J'ai été un champion des cent mètres plat !... », à quoi il ajoute quatre cases plus loin : « Hmm ! J'ai menti à ce brave agent ! J'ai seulement été deuxième aux championnats de France. » Ah, quelle précision cruciale qui explique les triomphes éclatants dont notre vénérable journaliste parvient à gratifier ses assaillants à travers ses aventures. Franchement, c'est une joie sans bornes d'apprendre que notre cher Ric n'est pas qu'un cyborg, et qu'il est parfaitement capable de ne pas dominer une compétition pour une fois en terminant deuxième.



CONCLUSION :



Le tome 11 de la série Ric Hochet, "Cauchemar pour Ric Hochet", se distingue par sa maîtrise de l'angoisse psychologique. André-Paul Duchâteau et Gilbert Gascard, alias « Tibet », tissent un récit habile qui explore les limites de la réalité et de la folie. La fusion de l'intrigue sombre avec les illustrations captivantes crée une expérience immersive et troublante. Bien que la résolution puisse paraître un peu simpliste, l'album reste une incursion fascinante dans l'univers tourmenté de notre fameux journaliste, offrant une perspective originale et inoubliable à travers une imprégnation Hitchcockien.


Un album remarquable qui a réussi à remettre en question la stature héroïque de Ric Hochet.



Depuis Edgar Poe, les cachettes les plus simples sont toujours les meilleures !


B_Jérémy
8
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le 26 août 2023

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