On savait qu'il n'allait pas être facile de donner une suite au brillant premier tome des "Vieux Fourneaux", et de fait, "Bonny and Pierrot" se révèle un peu inférieur, avant tout par le fait d'une construction scénaristique plus faible : une fois le sujet lancé et en attendant une conclusion brillante, c'est-à-dire drôlissime et déchirante à la fois - une conclusion qui jette un regard lucide sur le ravage des années, et donc l'erreur de la nostalgie -, eh bien on s'ennuie un peu à regarder les personnages tourner en rond sans savoir bien quoi faire (et évidemment le scénariste de même ! ). On regrettera aussi la faiblesse de l'argument, réellement sur-amplifié, du Marketing des baguettes (je pense qu'il y a de bien pires exemples du capitalisme destructeur de la planète qu'une boîte française cherchant à mieux marketer son pain !). Personnellement, si je souscris de bon coeur au militantisme un peu anar des "Vieux Fourneaux", je tique un peu devant l'apologie qui est faite ça et là d'un activisme / terrorisme "soft" : il me semblerait pertinent de poser plus clairement la question de "où s'arrêter dans la violence faite aux autres" (un problème d'ailleurs évoqué dans le premier tome avec le cambriolage de la Poste...). Ceci dit, malgré ces faiblesses indiscutables, le livre séduit toujours par son originalité - il n'y a pas tant de BDs "politiques"... -, par son graphisme ingénieux et plus maîtrisé ici que dans le tome précédent, et par l'attention portée aux personnages, tous délicatement décrits et jamais unidimensionnels. Un beau livre. [Critique écrite en 2016]

EricDebarnot
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le 30 août 2016

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Eric BBYoda

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