Batman : Noël par Vy Ty

Un comics qui a de nombreuses qualités, mais reste très décevant !

Lee bermejo a du talent, mais il en fait parfois un peu trop !
Le fond de l'intrigue est assez intéressant, on nous propose une vision de batman avec une psychologie assez classique pour le personnage, mais toujours intéressante. Le grand avantage de ce "Noël" est que le dessin du personnage est ici dans une adéquation complète avec la psychologie peinte ! La violence du personnage oscillant entre la force et la brutalité marque chacun de ses traits, un corps, mais aussi des expressions de visage au mâchoires crispés et mordantes ! La culpabilité, les dérives de ce personnage hanté par ses erreurs, mais aussi par sa propre justice et son histoire personnelle est une réflexion très pertinente, même si en effet pas si nouvelle, pour le Batman ! On regrettera pour le personnage que la part Bruce Wayne soit complètement évacuée pour centrer la problématique principale.


Pourquoi donc décevant malgré tout ? Parce que Lee Bermejo en fait trop ! En tant que dessinateur son style très maniéré a ses erreurs, il est sublime pourtant. Sachant marquer l'innocence, comme la colère, mais il lui arrive par moment de franchir une ligne, ou le sublime devient juste grotesque. Un enfant parfaitement angélique devient la case suivante en esquissant un sourire, un dessin raté grotesque et horrifique ! (Et non c'est involontaire !) Un style donc très maniéré exacerbant et mettant en valeurs les impressions, les expressions que le dessinateur veut fair passer mais qui vire parfois à la caricature ! (La Catwoman est d'ailleurs très décevante... le dessinateur est définitivement plus à l'aise dans la peinture d'une virilité puissante)

En tant que scénariste, le choix de l'adaptation de Dickens est mal maîtrisé ! Alors bien sûr, le simple fait d'adapter un écrivain classique ravira les snobs qui se sentiront fier d'avoir deviner ou de savoir tout simple la référence ! La classe, pour étaler sa culture. Mais concrètement, ici l'anecdote en structurant son histoire sur une durée aussi courte n'a pas le temps de faire monter les tensions et les enjeux psychologiques. De la même manière en faisant du narrateur le conteur du récit de Dickens employant alors les noms originaux "Scrooge" au lieu de celui auquel il est ici associé Batman, le scénariste perd en efficacité. L'intrigue aussi serrée d'un point de vue temporel et avec une progression très "juxtaposée" avec les trois fantômes l'un à la suite de l'autre, on manque là encore d'une progression qui se ressent ! Le coup de théâtre final de Dickens marche bien par contre, mais c'est tout à la fin ! Une structure plus simple, des références moins marqués, pour une lisibilité plus claire du projet de l'auteur aurait permis de donner une intensité et une profondeur à ce récit. Aux lieux des références et artifices qui prouvent certes l'ingéniosité du scénariste mais tout cela au détriment du sujet !