Douloureux... Mauvaise lecture... Beaucoup de bruit pour rien...

Batman Damned, voilà un titre qui a fait parler, beaucoup parler à cause d’une partie de l’anatomie de Bruce Wayne un peu trop… apparente. Un « pénis » qui a provoqué un énorme tollé sur la toile et les réseaux. A tel point que le livre a du être réimprimé et cette partie de l’anatomie assombrie pour disparaître dans les ombres. Au final, lorsque je me lance dans ce titre, hormis cette affaire (ridicule au passage) et le fait que cette intrigue est signée Brian Azzarello et Lee Bermejo.


Le Joker est mort. C’est désormais une certitude. Mais qui, de Batman ou d’une menace autrement plus malfaisante, a pu mettre fin au règne de terreur du clown criminel ? Batman, retrouvé inconscient près du corps de son ennemi, est incapable de mettre ses souvenirs en ordre. Pire, il en vient à douter de la réalité elle-même. Pour l’accompagner – et le perdre un peu plus ? -, le justicier reçoit l’aide providentielle de John Constantine au cours d’une enquête qui l’amènera à frayer avec les forces mystiques tapies au cœur de Gotham.
Batman – Damned est l’occasion pour Brian Azzarello (100 Bullets) et Lee Bermejo (Joker) de poursuivre leur étude de l’univers DC à travers un prisme particulièrement sombre, empreint de l’esthétique des films d’horreur des années 1970 et de l’œuvre de David Cronenberg. Dans ce cauchemar éveillé, l’équipe créative retire tout contrôle au Chevalier Noir, en perte de repères dans une cité qu’il ne reconnaît pas, pour confier au sorcier britannique John Constantine les rênes d’une narration biaisée qui, une fois la fumée dissipée, laissera Batman, comme son lecteur, en proie au doute et à la stupeur.
(Contient les épisodes Batman : Damned #1 à 3)


Je vais commencer par les dessins. C’est toujours un petit événement de se retrouver avec un comics dessiné par Lee Bermejo. L’artiste se fait trop rare. C’est toujours d’une incroyable richesse, toujours aussi détaillé, toujours aussi méticuleux, toujours un incroyable travail sur l’expressivité des personnages. L’ambiance qu’il installe est oppressante, suffocante. Il se dégage un charisme incroyable de ses personnages. Bien que je ne sois pas vraiment fan de son Batman et de nombreux de ses autres personnages.


Ils sont trop… trop… travaillés, ce n’est pas toujours crédible, ce n’est pas toujours très beau, on a l’impression de se retrouver avec plein de personnages ayant des problèmes de peau. De plus je trouve que c’est de plus en plus statique, l’action est immobile. De même, je ne suis pas fan de ses couleurs. Des fois, c’est magique, comme la partie avec Swamp Thing, des fois c’est une catastrophe, comme la scène d’introduction avec ce sang peu crédible.


Je ne pensais pas dire cela un jour sur de Lee Bermejo, mais c’est une déception. Cela reste très beau, plein de qualités, mais je ne suis pas rentré dedans.


Une ambulance traverse les rues de Gotham à toute vitesse. Allongé à l’arrière, Batman, blessé et couvert de sang ! Alors qu’un infirmier tente de couper son masque, notre héros se réveille, repousse le médecin, repousse l’officier de police le surveillant et prend la fuite, aux abois, complètement déboussolé et en proie à de terribles visions. Il se réveille quelques heures plus tard, avec John Constantine à son chevet, découvrant que le Joker est mort !


Commence alors l’enquête pour découvrir ce qui s’est passé. Comment le Joker est mort ? Qui l’a tué ? Une enquête menée par Constantine et Batman. Un Batman sui semble ne pas réussir à ressortir la tête de l’eau, n’arrivant pas à reprendre le contrôle, à retrouver ses esprits. Comme si une énorme chape de plomb l’empêchait de sortir la tête de l’eau, qu’il restait en permanence dans le brouillard. Difficile, dès lors, de trouver pire « pilier » de soutien que John Constantine.


Malheureusement, et malgré une introduction prometteuse, on comprend très vite que l’on plonge dans une intrigue où le mot cohérence n’existe pas, n’existe plus. Brian Azzarello peut faire ce qu’il veut (hormis montrer un zizi), et il fait donc ce qu’il veut. On vole de scènes en scènes, à travers une multitude de lieux, avec une multitude de personnages. Je suis sûr que s’il avait pu, le scénariste aurait utilisé la totalité de la faune gothamienne.


Et le pire c’est que nous avons le droit à des scènes complètements, complètements incompréhensibles ou gratuits. Je ne citerais que la tentative de viol de Batman par Harley Quinn ! J’ai juste envie de dire non ! Ce n’est pas subtil, pas intelligent, pas intéressant.


Bref, une lecture douloureuse et caricaturale. Une lecture où Brian Azzarello a décidé de s’amuser au détriment des lecteurs. Et le pire, on a l’impression qu’il s’en fiche tant que lui s’amuse. C’est malsain gratuitement, parce que le malsain fait vendre et parler. Le bad buzz est toujours plus alimenté que l’inverse. Quelle déception !

Romain_Bouvet
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le 9 avr. 2022

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Romain Bouvet

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