Est-ce un Dieu, un messie ? Non c'est Superman !

On dit souvent d'All-Star Superman qu'il s'agit d'une œuvre essentielle sur Superman. Les gens n'imaginent alors pas combien ils ont raison. Oui, c'est essentielle car c'est l'essence-même de Superman. Vous qui cherchez l'ultime aventure de l'homme d'acier, fuyez, les aventures sont bien présentes, mais ce n'est pas cela que nous offre avant tout cette BD. Non, ici, le héros, c'est Superman dans ce qu'il a de plus Super, c'est montré toute son essence à travers 12 chapitres retraçant les 12 derniers mois de son existences. Ici, c'est un message d'amour au Silver Age avec 300 références à la planche. Incompréhensible avec une seule lecture, All-Star Superman gagne à être lu et relu de multiple fois pour être, peut-être, enfin saisi.

12 chapitres, 12 mois, 12 travaux incroyables que doit réaliser Superman comme ultime héritage qu'il offre à l'humanité. L'intelligence de Morrison est de ne pas faire un défi par mois et par chapitre. En effet, ses 12 travaux sont un testament, ils ne sont pas les travaux d'Hercule, ils n'ont rien à voir. Parfois ses actions seront au centre de l'histoire (sortir du bizarro-world par exemple), mais bien souvent ça ne sera qu'une conséquence (la réponse à l'ultra-sphinx) ou même l'origine de l'histoire (sauver la mission solaire). Parfois on aura deux travaux à la fois, parfois non. Le seul véritable "travail" mis en évidence est, à mon sens, le combat contre le Chronovore.
12 mois à vivre et Superman n'a même pas peur. Empoisonné par Lex Luthor, cette histoire permet également de brosser un portrait particulièrement intéressant du personnage. L'Issu #5 est tout simplement génial, permettant de mettre en place un duo très spécial : Luthor et Clark Kent. Le premier ne se doutant pas de qui est vraiment le second. D'ailleurs, Quitely a le génie de véritablement différencier Kent et Superman. Graphiquement ils sont différents, psychologiquement ils le semblent aussi. La preuve en est cette incapacité chronique qu'a Loïs Lane a croire que Clark Kent = Superman. Ironie quand on sait qu'elle a cherché pendant des années à le démontrer. Cela permet aussi de souligner toute la faiblesse de Superman, toute sa solitude. Personne ne peut le comprendre et le connaître entièrement, à la fois comme Clark et comme Superman. Personne à part ses parents. On comprend alors mieux la place central du chapitre 6, qui porte sur la jeunesse de Clark et la mise en avant de Jonathan Kent.

L'histoire grouille de référence au Silver Age comme je le disais. Jimmy Olsen par exemple est en tout droit sorti. Son traitement est d'ailleurs très bon. Globalement tous les personnages représentent l'essence de ce qu'ils sont, donnant, ainsi, une grande force à l’œuvre. On trouve aussi une ambiance assez Silver Age dans les plan, dans l'ambiance. Superman élève une créature dévoreuse de soleil par exemple, ou alors, pour vaincre l'invasion du Bizarro-World, Jimmy propose de se servir d'un miroir spatial géant.
L'héritage de Superman, ce qui fait qu'il est Superman, est peut être trop lourd à porter en une seule fois. Chaque chapitre va donc s'intéresser à une partie de ce qu'il est, sans jamais exclure tout ce qui le fait dans son ensemble. Complexe, on peut voir dans ce procédé une forme de platonisme. Le chapitre 9 où il rencontre Bar-El et Lilo permet de remettre en avant son lien avec Krypton et comment il en est l'ultime héritier. Le chapitre 7, où il combat l'invasion des Bizarros a une bonne ambiance de sauvetage du monde. Globalement toute l'attaque des Bizarro et leur sous-univers est très bien fait et intéressant. Le chapitre 2 a une ambiance policière là où le chapitre 3 met en avant la relation Lois/Superman.
Comme je le disais, on assiste pas vraiment à une seule aventure mais à une suite de chapitre. Seule différence : les chapitres 7&8 centrés sur Bizarro, et 11&12, qui portent sur le combat final contre Lex Luthor. Finalement, la force de cette œuvre se retrouve aussi dans sa fin. Montrant que Superman ou pas Superman, il a déjà tant donné que son héritage peut grandir de lui-même. Personnellement je dois avouer avoir du mal jusqu'au chapitre 4, celui-ci mettant Jimmy Olsen en héros (et offrant un clin d'oeil à Doomsday) m'a conquis. Mais les 3 premiers chapitres m'ont pas mal déplus. Le problème au rythme narratif surement, au manque d'enjeux également. Il y a une volonté également d'être dans l'intime de Superman (Lois) or, la journaliste ne m'a pas trop plus dans ce chapitre 3 où elle s'amuse au dépend de son super-amant. Il faut aussi dire que les scènes avec Atlas et Samson sont tellement kitch et arrivent si tôt dans l'histoire qu'on ne peut qu'être surpris. Heureusement, passé l'excellent chapitre 5, on embarque dans une suite de mini-aventure que j'ai trouvé toutes palpitantes.


Vous aurez compris, j'ai adoré ce récit et je conseille à tout fan de Superman de le lire non pas 1 fois ou deux, mais 100 fois ! Car c'est ça qu'il faut faire pour comprendre la profondeur du personnage.
Je terminerais avec deux remarques assez simplistes mais qui ajouteront peut être un peu d'intérêt à votre prochaine lecture. Premièrement, le seul autre héros dont Superman fait mention (3 fois même), c'est Batman (avec une fois pour Robin quand même). Car avec Superman, pourquoi aurait on d'autres sur-homme ? Le seul héros qui peut exister en plus de Superman (le sur-homme devenu homme) c'est bien Batman (l'homme se faisant sur-homme). Je pense que là aussi, la relation d'amitié entre Batman et Superman, sans être montré, et pourtant bien sous-entendu.
Enfin, pour moi, le plus beau des travaux de Superman ce n'est pas un des douze. C'est un détail, une seule page, la plus belle de toute cependant (à mon avis). Celle qui nous montre que nous pouvons tous être Superman. C'est peut être la plus belle planche de l'histoire du comics. C'est celle-ci :
http://wac.450f.edgecastcdn.net/80450F/comicsalliance.com/files/2012/09/supermanrooftop.jpg
mavhoc
8
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le 12 janv. 2014

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mavhoc

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