Qui l'avait vu venir ?

Sur le papier, un comics sur Vision, ça ne vend pas forcément du rêve. Le personnage a des cotés intéressants, mais n'a ni une galerie de personnages secondaires/d'antagonistes intéressant ni des développements dingues passé le développement fondateur du personnage.

Le personnage ayant prit vie à l'écran sous les traits de Paul Bettany, la Maison des idées a donc logiquement trouvé pertinent de lancer une série de comics en son nom.
Et c'est là que surgit la grande idée : confier les clés à Tom King (scénariste de nombreux titres Batman désormais) et Gabriel Walta sans les diriger vers une histoire formatée "classique".
On suivra donc dans la première partie de cette mini série de 12 chapitres la vie de la famille Vision et les secrets qui l'entourent, comme dans une (bonne) série dramatique. Les encarts du narrateur jouent avec la structure du récit en dévoila de futurs évènements mais sans que l'on ne connaisse ni leur contexte ni leur réelle portée. Et ce procédé, qui pourrait être une méthode assez navrante pour maintenir l'intérêt d'une série paresseuse, fonctionne ici à plein régime, ajoutant une touche de fatalisme au récit. Ces encarts évoquent à la fois les pensées du Dr Manhattan de Watchmen ou les histoires de fin des personnages secondaire du Parfum
Ce fatalisme est appuyé par les révélations d'Agatha Harkness qui déclenchent le début de ce tome 2.

On va donc suivre en parallèle la vie de famille des Vision, de plus en plus mise à mal par l'effondrement psychologique de Virginia et les absences de Vision, et la progression quasi inéluctable de la prophétie d'Agatha.
Sur un rythme évidemment moins tonitruant que d'autres titres, le comics se permet de nous laisser nous attacher aux personnages et comprendre leurs dilemmes.
Les dessins sont beaux, le style graphique des Vision se positionne justement avec ce qu'il faut de caractères étranges pour intriguer mais avec suffisamment de douceur pour ne pas rebuter. Les Vision ne sont pas dépourvus d'émotion, ils peinent juste à les exprimer. On évite ainsi d'être jeté en pleine Vallée Etrange et on s'attache à Virginia, Viv et Vin, tout en sachant dès le départ que cela ne peut pas bien se finir pour tout le monde.

Et si on peut regretter une scène d'action qui manque un peu de nerf lors du dernier acte, le final réussit à rassembler ces deux arcs de l'histoire, à les entremêler et à les résoudre en même temps.

Au final on reste, malgré une dernière planche un peu superflue voulant offrir une happy ending partielle aux personnages, avec entre les mains une des meilleurs histoires sortie de l'écurie Marvel depuis bien longtemps.