Magic Jude !

JUDE est le premier tome intriguant mais pas totalement convaincant de THE DREAM. Dessiné par Guillem March et scénarisé par Jean Dufaux, l'album a pour lui une certaine originalité mais pèche par son scénario trop éparpillé et des personnages trop monolithiques - pour le moment - qui m'ont empêché de prendre mon pied tout en me rendant curieux de lire la suite.

Quand on ouvre la BD, on constate immédiatement le travail sur les dessins et couleurs, tout simplement magnifiques ! Les ambiances sont variées et très travaillées : d'un déjeuner sous l'ombre des arbres à un sex-club clinquant de Broadway en passant par un club de boxe clandestin glauque, tout a une identité propre harmonisé par les couleurs que March réalise lui-même. Je vais me renseigner sur ses autres travaux !

Par contre, si les nombreux personnages féminins dégagent un érotisme affolant (même quand elles récupèrent d'une bastonnade de la veille, elles le font seins nus et alanguies sur une péniche) on ne peut que regretter de les voir toutes correspondre au stéréotype d'un catalogue de moteur de recherche pour site porno : Megan : la blonde sévère qui a envie, mais pas tout de suite, Sina : la chinoise autoritaire et dévergondée, Strange : la punk tatouée et délurée à qui on ne la fait pas, et Ona : la bonne copine brune ouverte mais rebelle mais que le héros ne regarde pas (alors que c'est la moins bizarre.)
Le casting masculin ne bénéficie pas du même sex-appeal visuel et semble sortir tout droit du casting de seconds rôles d'un film de série B, entre le borgne énigmatique, le chinois centenaire et l'homme de main coriace, on ne peut pas dire que ce soit très original.

Jude, le héros est le seul à être érotisé. Mais pas trop ! La pudeur un peu hypocrite que je ne comprend toujours pas autour de l'organe masculin fait qu'un objet le cache toujours de façon un peu exagérée (une tête par ci, une main par là, hop, un bout de drap) Non pas que je tienne ABSOLUMENT voir du pénis à chaque page... mais le mec est showman dans un club de sexe, c'est son métier, on nous vante ses prouesses, la taille de son sexe...et il est à poil une page sur deux ! Donc habilles-le si tu ne veux pas montrer ce qui se trouve pile poil au milieu de son corps, car la mise en scène à la Austin Power pour planquer son pénis frise le ridicule dans certaines cases.
Puisqu'on parle du héros : a priori tout le monde le trouve absolument exceptionnel (je suppose qu'on comprendra pourquoi dans les tomes suivants ?) puisque plusieurs personnes se bousculent pour ses compétences (Sina, pour le sexe, Megan pour... ben on ne sait pas trop...) et ne tarissent pas d'éloges à son sujet. Pourtant entre ce que les personnages disent de lui et ce qu'on en voit c'est le jour et la nuit : il est plutôt lâche, indécis, sans personnalité affirmée, il va là où on lui dit d'aller sans sourciller et obéis à tout ce qu'on lui demande malgré les choses étranges dont il est le témoin, on a vraiment du mal à comprendre l'engouement autour de lui. Par exemple le borgne va nous dire qu'il a du cran et qu'il lui accorde sa confiance... tout ça parce qu'il accepte de boire un verre. Bon.

Pour conclure sur l'histoire : j'ai trouvé qu'elle s'attardait trop sur des personnages et des intrigues secondaires (comment convaincre Ona de ne pas se venger...) et qu'il restait trop d'ombres sur l'intrigue principale (des tatouages qui bougent tout seuls, un club de boxe meurtrier et cannibale...) qui j'espère s'estomperont rapidement dès le tome suivant !