À la fin du tome précédent, le héros et ses compagnons d’équipage appareillaient pour l’île. On n’échappait pas toujours aux clichés : équipage crispé et crispant, commandement à moitié aveugle, tempête qui permet au héros d’illustrer son courage ; on n’y coupe pas davantage ici, même si la responsabilité en incombe aussi à Stevenson.
En contrepartie, une petite brise épique commence à souffler sur le récit. Le danger pointait timidement le bout de son nez dans le Testament de Flint, il se met à planer plus ou moins diffusément sur Sombres héros de la mer. (Et mille tonnerres ! ce coup de théâtre au milieu de l’histoire, c’est quand même une sacrée trouvaille !)
De ce point de vue, l’efficacité du rythme est garantie, soulignée par l’alternance entre scènes d’intérieur et d’extérieur, scènes diurnes et nocturnes. C’est visuellement que cette alternance est la plus marquée, et j’aime assez bien l’idée de ces cases plus dépouillées, de ces planches plus claires à partir de l’arrivée sur l’île.
L’autre réussite, c’est finalement l’adaptation des personnages. Alors que dans le roman de Stevenson – dans tous les romans prétendument destiné à la jeunesse du XIXe siècle ? d’avant les années 1970 ? –, les personnages ont à peine un corps, ceux de Sébastien Vastra sont incarnés. On me dira que c’est normal, s’agissant d’une bande dessinée, mais il me semble que le choix de donner aux personnages des traits mi-humains, mi-animaux renforce encore leur dimension physique – ils ne sont pas que des types ou des volontés.
Paradoxalement, il émane ainsi de l’album une forme de réalisme – ça pue, il fait chaud… – alors qu’un blaireau et un aigle y affrontent un gorille et un requin.

Alcofribas
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le 29 oct. 2020

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