Dans cet album, Buck envoie un mail
"Les aventures de Buck Danny" a pour héros un personnage qui ne vieillit pas en même temps que le lecteur. Il n'est peut-être pas resté aussi jeune qu'à ses débuts (certains experts situent même l'âge de Buck à 40 ans sur la fin de la série), mais il n'empêche que pour quelqu'un qui a connu la guerre, il tient une forme remarquable. On se fait assez vite à cet état de fait. Puis le principal, c'est de découvrir d'autres zincs, plus récents, plus performants. Mais tout de même. Quand Buck annonce qu'il a envoyé un mail, ça fait bizarre. Peut-être parce que mes grands parents n'ont jamais touché à un ordinateur de leur vie (ils ont 80 ans) ? Surtout qu'on ne l'a même pas vu, entretemps, utiliser des téléphones portables modernes.
Mais revenons à la critique. "Sabotage au Texas" est un album bien sympathique, dans une veine documentaire. C'est assez plaisant. Comme pour l'album précédent, le défaut principal est que l'intrigue démarre tardivement. Après, c'est plutôt chouette, surtout avec un tel genre de fin qui n'est pas sans rappeler la méthode Bigelow pour son "Zero dark thirty". Peut-être que Bergèse aurait dû prendre plus de recul pour approfondir certaines séquences, mais en l'état cela reste une histoire intéressante et bien menée. J'avais complètement oublié de le dire, mais depuis son premier album solo où il se permettait de donner des sentimnts plus humains à ses héros, Bergèse n'a plus retenté cette approche. Ainsi, Buck et ses amis sont simplement parfaits, y compris dans cet album-ci. Cela ne me dérange pas, mais j'éprouvais l'envie de le mentionner.
Graphiquement on a de belles choses sous le trait de papa Bergèse. En revanche le travail du fils, bien qu'à l'aquarelle il me semble, laisse à désirer : trop de couleurs vives et trop de dégradés sur les visages, les déforçant. Niveau découpage, c'est du propre, Bergèse est maintenant un maître pour les séquences de voltige. Il parvient aussi à faire mouche quand il s'agit de blagues. Je me souviens qu'à ses débuts dans la série, il avait du mal.
Je ne sais pas pourquoi autant de remarques nostalgiques me viennent en critiquant cet album, après tout il reste encore 2 albums à ce tandem avant de passer la main. J'ai aussi découvert, aujourd'hui, que Bergèse dessinait des pin up (comme beaucoup de dessinateurs en fait) devant des avions. Bonne idée, mais comme toujours il met trop de détails sur le corps de ces femmes, hors, une femme n'est jamais mieux dessinée qu'avec le minimum de traits. En plus de cela, ses dessins érotiques sont accompagnés d'une mise en couleurs faite à l'ordinateur d'un scérieux mauvais goût. Soit...
Bref, "Sabotage au texas" est un album sympathique malgré un début un peu lent et une mise en couleurs qui fait pousser des radis au travers des rétines.