Rumic World 1 or W versus Rumic World Trilogy

Rumiko Takahashi compte un certain nombre de séries manga à succès, mais il y a toute la veine à creuser de ses histoires courtes.
Les principaux chefs-d'oeuvre de Rumiko Takahashi sont au nombre de cinq pour ce qui est des grandes séries : Urusei Yatsura (ou Lamu), Maison Ikkoku (ou Juliette je t'aime), Ranma 1/2, Mermaid Saga et Inu-Yasha. La série One-Pound Gospel a été abandonnée en cours de route et la série récente Rinne, malgré quelques bons moments inévitables, est la première déception réelle. Il est encore trop tôt pour dire ce qu'il en sera de Mao. Toutefois, les mangas de Rumiko Takahashi sont peu disponibles et seul un tiers de Mermaid Saga a été édité en français. Il y a même un discours malveillant en cours de formation au sujet du manga Inu-Yasha, alors qu'objectivement c'est l'une des meilleures séries d'aventures et d'intrigue complexe à suspense que nous ayons eue dans le monde du manga. C'est aussi bon que Full Metal Alchemist qui, au passage, n'a pas des dessins aussi bons que la trop décriée plume de Takahashi... Les mangas en série longue tiennent difficilement la route. L'Attaque des Titans est en train de rater sa fin, malgré l'aveuglement des fans acquis de longue date, Demon Slayer a aussi fameusement raté sa fin après avoir été aussi longtemps brillant. Fire Force est un des rares à pouvoir tenir la comparaison actuellement avec Full Metal Alchemist et Inu-Yasha pour l'intrigue complexe bien conduite sur toute une série.
Mais bref ! Passons aux histoires courtes de Rumiko Takahashi. J'ai intitulé ma critique Rumic Word versus Rumic World, parce que je voudrais signaler à l'attention ce qui n'a pas été traduit en français, mais en anglais ou en italien, et souligner des risques de confusion.
Enumérons tout ce qu'il ne faut pas confondre.
Sous forme d'un coffret de trois DVD, il existe une anthologie d'histoires courtes de Rumiko Takahashi qui sont appelées le Rumik Theater en anglais. Les histoires courtes ont été publiées en trois volumes en France : Le Bouquet de fleurs rouges, Le Chien de mon patron et La Tragédie de P. Indépendamment d'adaptations animées, deux autres recueils de nouvelles dans la continuité sont sortis au Japon, et ont été traduits en italien : Unmei no Tori / Gli Uccelli del destino (traduire le japonais puis l'italien par "Les oiseaux du destin"), puis Kagami la Kita / Lo specchio ("Le Miroir").
Ensuite, les éditions Delcourt-Tonkham ont édité un recueil de neuf histoires courtes intitulé Rumic World 1 or W dont l'esprit est très proche des nouvelles du Rumik Theater, volume qui a également été publié en anglais et en italien.
Enfin, dans le domaine de l'édition en anglais et en italien, il existe une anthologie d'histoires courtes en trois volumes qui n'a pas été publiée en français : Rumic World Trilogy. Cette anthologie contient pourtant des histoires plus proches de l'esprit des séries à succès Urusei Yatsura, Mermaid Saga et Ranma 1/2, et même trois histoires qui ont été adaptées en de remarquables dessins animés de 45 minutes : Maris the shojo, une histoire exceptionnelle dans l'esprit d'Urusei Yatsura de SF comique et satirique, The Laughing Target une histoire horrifique proche de l'esprit de Mermaid Saga, le titre en italien est "La sposa demoniaca", "L'épouse démoniaque", et enfin "Fire Tripper" qui, non seulement est une histoire courte majeure de l'auteure, mais en plus c'est un peu une source pour Inu-Yasha et Mao et aussi la marque que Rumiko Takahashi n'a pas attendu la mode pour faire des récits sur le voyage temporel... On trouve aussi une histoire courte qui a servi à poser les bases de Urusei Yatsura avec Those selfish aliens, et puis on a encore un certain nombre d'autres histoires de la grande époque des années 80 pour Rumiko Takahashi quand elle menait de front déjà Urusei Yatsura et Maison Ikkoku, quand allait seulement débuter Ranma 1/2. Tout ça, c'est inédit en français.
On entend souvent que les français sont les deuxièmes consommateurs de mangas. Mais, si vous citez Go Nagai et Rumiko Takahashi, deux des principaux noms du manga dans les années 70 et 80, ben les italiens ils ont les traductions : ils ont Violence Jack de Go Nagai, ils en ont quelques autres, ils ont toutes les nouvelles de Rumiko Takahashi, et ils ont les animés correspondants aussi. Objectivement, quand je vois ça, je suis obligé de conclure que les français consomment beaucoup de mangas, mais pour ce qui est des trucs importants j'ai l'impression qu'ils ne sont que la quatrième couverture du manga, après les japonais, les anglais et les italiens. Il y a une réputation française usurpée.
En tout cas, grâce à cette notice, sachant que même la fiche Wikipédia n'est pas exhaustive sur les publications en version française, vous saurez qu'il existe un nombre important de recueils d'histoires courtes de Rumiko Takahashi en circulation, dont certains pourtant primordiaux n'ont jamais été traduits en français, et vous saurez que les nouvelles ne se recoupent pas entre Rumic World 1 or W, Rumic World Trilogy et les volumes Rumik Theater (Le Chien de mon patron, Le Bouquet de fleurs rouges, La Tragédie de P...). Il n'y a pas une histoire en commun entre ces volumes.



Rumic World 1 or W



Accompagné d'une belle jaquette verte, c'est un beau volume cartonné édité par Delcourt-Tonkham à ranger avec les éditions Prestige de Tezuka ou les Isan Manga. Nous avons neuf récits répartis sur 262 pages. Il y a un récit plus court de 15-16 pages, les autres font entre 25 et un peu plus de 30 pages. Seule la première nouvelle "La divinité du régime" offre quelques pages en couleurs, la double page de titre et les deux premières pages du récit. Toutefois, sans doute pour placer les pages couleurs au tout début et s'épargner des difficultés techniques, l'éditeur a fait figurer la double page de titre en couleurs à proximité de la couverture, à un passage du livre cassant qui manque de jointure, ce qui divise nettement le dessin en deux. Autre anomalie, le sommaire d'ensemble figure du coup sur fond bleu entre les deux premières pages en couleurs du premier récit et sa suite en noir et blanc. Mais ce second défaut n'est pas gênant. Le volume a été sous-titre "One shot", ce qui ne veut rien dire et est une complaisance dans la manie des anglicismes. Voilà pour les trois petits défauts de conception, le reste étant impeccable.
Le volume original serait sorti en 1995 et cette édition date de 2016. En fin de volume, nous avons un précieux rappel avec la "Liste des premières parutions". Les nouvelles ne sont pas distribuées dans l'ordre chronologique, mais nous avons une histoire de 1978 "C'est la faim du monde", une de 1984 "Happy talk", deux de 1985 "Je suis un chien, et alors ?" et "En compagnie de mamie", une de 1989 "La déesse, c'est moi !", deux de 1991 "La divinité du régime" et "Le grand-père", une de 1993 "Inivtation au Tarakazuka", une de 1994 qui donne son titre à l'ensemble "1 or W". Quatre nouvelles ont été publiées dans le Weekly shonen sunday, quatre autres dans le Big comic spirits et une dans le Petit comic. Je dirais qu'on peut partager les nouvelles entre deux époques, une époque 78-85 et une époque 89-94. Jusqu'en 84-85, Rumiko Takahashi est uniquement l'auteure de Urusei Yatsura. A part quelque peu Mermaid Forest, les nouvelles séries Maison Ikkoku et Ranma 1/2 ne sont lancées qu'en 1987.
Les neuf histoires appartiennent à des époques différentes, cela s'étale sur seize ou dix-sept années de 1978 à 1994. Nous pouvons tout de même dégager des traits généraux. La distribution en cases carrées ou rectangulaires prédomine avec une attention constante aux visages des personnages. Ce qui importe, c'est très nettement les expressions faciales, notamment les sentiments exagérés, joués, ou bien les effets de la surprise, de l'étonnement, du vertige, ou bien aussi la colère, la rage, la crispation, etc., etc. Il faut vraiment une bonne raison à l'auteure pour nous montrer un gros plan sur des mains ou sur un dos, sans accompagner cela d'une représentation du buste, du visage, etc. Dans les dessins, les personnages sont toujours bien centrés, bien mis au coeur de l'attention. Nous sommes loin des innovations de Tezuka en la matière. Ceci dit, les compositions de groupes sont fines, efficaces, et on a un vrai bonheur à parcourir le registre des expressions faciales, des poses des personnages.
Les décors ne sont pas toujours représentés dans les cases ou sont assez sommaires. On pourrait avoir une vraie dominante de portraits de personnages sur fond blanc au fil des pages s'il n'y avait pas des pages consacrées à la nuit, quelques fonds gris parfois, ou bien des lignes ou brumes remplissant la cage pour exprimer la vitesse ou les ondes négatives d'un personnage ou des émotions. Puis il y a le contraste entre des pages plus chargées en petites cases et des pages plus aérées. Il y a bien sûr malgré tout des décors, on a certaines pages sur les quartiers chauds de Tokyo, des images de foule, de concerts, de campagne, de bâtiments scolaires, de terrains de sport, etc. Il y a aussi entre certaines histoires, sinon entre certaines planches, des différences d'épaisseur de trait qu'un spécialiste des techniques de dessin ou de reproduction en imprimé serait mieux à même de commenter.
Je voudrais m'attarder sur la mise en page de la première histoire "La divinité du régime", elle bénéficie de pages en couleurs, mais je trouve qu'elle a un autre intérêt à être placée en première, c'est la beauté de sa mise en page. On a déjà entendu qu'il était rare d'avoir une dessin sur les rondeurs indésirées dans les mangas. Ce n'est pas le cas pour au moins une case de cette histoire, celle représentant une ligne de dos pourtant mince rentrant difficilement dans une jupe trop serrée. Mais passons à la distribution des cases pour les pages en noir et blanc. On a une page 7 avec au centre un carton d'invitation "Méthode Kannon" qui fait office de case obliquement tournée au centre de la page. Au-dessus, on a une case qui fait office de fronton et représente le devant d'un lycée avec son horloge. Au bas de la page, on a une case bien fermée avec trois élèves et à côté hors case la tête de la fille qui répond avec son balais dans le dos. A la page 8 qui suit, en haut de page, nous avons deux bandes horizontales, mais avec une ligne oblique entre elles et en superposition la fille qui parle mais hors cadre : les cases sont le programme qu'elle imagine. Je pourrais commenter encore beaucoup de choses sur cette page, mais j'accélère. Page 9, on a un dessin hors cadre du garçon dont la fille est amoureuse et auquel elle pense, et le garçon est dessiné de manière irréaliste les pieds au milieu d'une plante à fleurs géantes. En plus, en bas de page, on a aussi la tête de l'héroïne avec des yeux écarquillés hors cadre et sa tête est contre le dessin du garçon dans les fleurs, ce qui renforce l'idée que tout ça sort de la tête de la jeune fille et que ce garçon n'est qu'une fleur de rêve finalement. Je passe sur d'autres détails. Pour la page 10, on a du gag à la Ranma 1/2 : la fille est prête à déclarer la guerre à ses rivales. Elle s'imagine dans une scène de bal de nuit, éjecter d'un coup de poing toutes les autres prétendantes en jolies robes et danser avec l'aimé au milieu d'un parterre jonché de femmes vaincues. Toute la page est une composition qui suggère le rêve et rompt avec la distribution normale en cases rectilignes. Puis page 11, j'ai beaucoup aimé la ditribution. On a un portrait de la jeune fille hors cadre avec son gros bagage. La tête au haut de la page est avec un petit dessin hors cadre mais qui sert de fronton à toute la page, le dessin du train devant les sapins et les montagnes. En-dessous, nous avons une case représentant selon un angle de vue un peu farfelu le haut de la gare de Karuizawa. On n'a pas eu un dessin du train, puis un de la gare, puis un de la fille qui en sort, on a une composition superbe, et j'adore la ligne oblique montante qui fait que le dessin du train et du haut de la gare se répondent, comme j'ai beaucoup aimé le caractère un peu absurde de l'angle de vue choisi pour représenter la gare, ça fait vraiment le regard perdu de quelqu'un qui découvre et qui ne sait pas trop comment regarder les choses. Il y a une liaison texte et dessin ensuite puisque quelqu'un vient la chercher, et une surprise est orchestrée avec à nouveau un écho texte et dessin entre l'interrogation "Un moine ?" et un gros plan sur un oeil de l'héroïne à faire envie à Leiji Matsumoto. La page 12 continue de témoigner de la grande forme de l'auteur avec un gros plan farcesque sur le playboy du coin, en vélo avec un style décontracté rustaud, mais restant efficace. Il faut évoquer aussi la confrontation des deux dessins de statue aux pages 14 et 15, avec tout l'humour sur l'idée de Bouddha du régime amincissant, le choix d'une première image en bas de page et d'une autre en haut de page, etc. Il y a d'autres beautés de mise en page dans cette histoire, notamment les dernières pages. Le grand nombre de dessins hors cases et de compositions m'ont fait penser aux premiers chapitres de Dragon ball et à cet esprit particulier qui consiste à faire du début d'un manga ou d'une partie d'un récit court des pages ressemblant un peu à un montage d'album photos pour exprimer la magie d'une vie qui cherche son rêve.
Le récit "Je suis un chien, et alors !?" me fait observer un autre rapprochement avec Dragon Ball, sachant que là encore Takahashi et Toriyama sont des héritiers de Tezuka. En effet, page 46, on a un travail de liaison. Une image dans une case représente la fille se faisant agresser avec le garçon tout en noir qui bloque le passage à la fille avec son bras. Puis image du dessous, on a la fille hors cadre qui répond fièrement, comme libérée, et le haut de la tête mange sur la case précédente. On sent l'effet de renversement. Le duel se poursuit à la page 47. Tout est intéressant, mais je relève dans la bande du milieu la succession d'une case où le gars plaque sa seconde main sur la cloison pour bloquer la fille, avec des lignes de vitesse, puis image suivante des lignes de vitesse de la fille qui s'abaisse, passe sous les bras et se prépare à frapper, et entre les deux images on admire le brusque changement d'expression du visage. La troisième case, c'est le coup de poing, mais surtout le soin apporté aux deux premières images m'a scotché. Puis, en-dessous, on a une bande avec trois dessins, mais le dessin du milieu est hors case, on a la fille qui donne des coups des poing rapide, ce que représente des lignes de vitesse et la superposition de deux dessins de son bras et de sa main dans des positions différentes. La beauté de la composition s'enrichit encore. D'un côté, la jupe mange sur l'image du garçon qui vient d'éviter le coup à la joue, de l'autre le coup de poing mange sur l'image où le garçon réalise qu'il a une sérieuse adversaire en face de lui. Le match de boxe mériterait aussi une analyse, ne fût-ce que pour les traits.
L'histoire "En compagnie de Mamie" m'inviterait à une analyse plus compliquée des dessins représentant le couple de héros, mais en gros on sent dans les dessins toute la dynamique entre les deux personnages, à la fois comment ils sont coincés tous les deux à cause de leur endettement, puis comment ils s'enferment dans une aventure compliquée et comment il y a une divergence entre eux entre l'homme qui y va tranquillement mais en étant moins exposé et la femme qui accepte la situation immorale mais est travaillée par sa conscience et le fait d'être plus directement concernée. On sent dans les dessins toute cette vie du couple. Enfin, pour "La déesse, c'est moi !!", il y aurait une étude à faire sur tous les moyens de l'auteur pour rendre le fantôme de Tsukiko surplombant, hyper présent et motivant. Il y a les plongées et contre-plongées, l'effet de gigantisme, les gros plans, la double représentation du personnage sur un dessin, les contours estompés, etc.
Intéressons-nous enfin aux récits.
La nouvelle la plus courte et la plus ancienne du volume "C'est la faim du monde" est complètement dans l'esprit de Urusei Yatsura avec non pas une extraterrestre, mais un Bouddha nommé Maitreya raide dingue de son image médiatique et qui entre en conflit avec un sosie d'Ataru Moroboshi. Les deux personnages rivalisent d'égo sur un sujet engagé : résoudre la faim dans le monde. On sent un sujet très présent à la fin des années 70 et au début des années 80 (la famine en Ethiopie notamment), et ce sujet est aussi celui d'une nouvelle aussi ancienne du Rumic World Trology : Time Warp trouble où on a toujours parmi les lycéens un autre sosie d'Ataru Moroboshi qui se préoccupe de crise de l'agriculture. Les deux récits virent à la satire.
Pour leur part, les deux premiers récits du volume, bien qu'espacés de six ans pour la publication (1985 et 1991), rappellent quelque peu les premiers chapitres de Ranma 1/2 dans certains passages. Dans La Divinité du régime (1991), l'héroïne est une sosie de Ranma fille à cheveux longs, que tantôt elle noue tantôt non, et vers la fin de l'histoire il y a une scène du bouquet offert par un garçon qui, pour l'occasion, a une coiffure et une taille le rapprochant de Kuno, alors qu'il a plutôt le visage de Ranma garçon dans un corps plus grand. Difficile de ne pas songer au magnifique chapitre du bouquet de fleurs donné par Kuno à la fille à la natte rousse dans les débuts de Ranma 1/2. Le second récit de 1985 "Je suis un chien, et alors ?!" est antérieur à Ranma 1/2 et cette fois nous voyons l'origine d'une scène énorme, le tout début de Ranma 1/2 quand un panda poursuit sous un ciel pluvieux une fille à la natte rousse qui lui parle dans les rues de Tokyo. Ici, nous avons un chien, un peu profilé sur celui de la concierge de Maison Ikkoku, qui poursuit un sosie du héros Godai de Maison Ikkoku et celui-ci appelle son chien "Papa" et lui parle. Le héros tombe ensuite sur une sosie d'Akane Tendô, une sosie qui a directement les cheveux courts et qui est une gérante d'un club de boxe. On pense à... One-Pound Gospel, mais surtout à Ranma 1/2, et sans spoiler un chien dans cette histoire va étonnamment ressembler à la transformation en chat de Shampoo, à tel point que je me suis demandé si c'était un chat ou un chien la première fois.


Il y a d'ailleurs un gag sans doute involontaire qui en ressort quand on compare cette histoire et Ranma 1/2, puisque dans Ranma 1/2 le héros se transforme en fille et se fait traiter de pervers par Akane, tandis qu'ici à la fin de l'histoire la fille lui dit de ne pas s'en faire, car elle aime les chiens.


On pense aussi un peu à Inu-Yasha, le héros s'appelle d'ailleurs Inugoya, ce qui veut dire "chenil", on raconte le mot "Inu" pour chien en japonais.
Dans la Rumic World Trilogy, nous aurons une autre histoire d'humain étroitement lié aux chiens avec "Sleep and forget".
L'histoire "En compagnie de Mamie" a pour héros un couple. L'héroïne ressemble un peu à la concierge de Maison Ikkoku, mais en beaucoup moins noble de caractère. C'est une histoire satirique qui mêle la captation d'héritage dans un milieu reculé traditionnel et le surnaturel.
Le récit "Le grand-père" réussit à être touchant sur un sujet de relation entre les générations. Dans les personnages principaux, il y a un vieux et une vieille, pardon deux personnes âgées ! et puis deux jeunes. Le garçon qui joue au base-ball a un peu de ressemblance avec le héros de One-Pound gospel, tandis que la fille ressemble un peu à la fille à la natte rousse, mais qui préfigure déjà aussi Mamiya Sakura avec son attitude calme. Il est en principe difficile d'intéresser le lecteur à un amour entre personnes âgées au détriment de la quête d'amour des plus jeunes, mais ici avec un humour efficace et de la malice on arrive à un résultat assez scotchant.
Parue en 1993, l'histoire courte Invitation au Takarazuka est un peu particulière. Ranma pouvait être tantôt fille ou garçon, mais ici le personnage, tout en n'étant pas homosexuel (il y a une remarque tranchée en ce sens dans le cours du récit), a un profil nettement androgyne. Rumiko Takahashi imite certainement les séries pour filles très prisées à l'époque avec des hommes stars d'un groupe de rock avec des habits et des maquillages particulièrement excentriques. C'est de l'androgynie punk et le profil du personnage ne ressemble pas du coup aux profils habituels à l'auteure. Mais, il s'agit là encore d'une histoire de discours entre les générations avec cette fois un plan plus compliqué sur le refoulé et les goûts humains profonds. Or, il ne va pas être question d'un trouble de l'androgynie, mais d'un grand écart entre les goûts musicaux punk-rock et le goût pour un folklore musical certes androgyne mais d'un autre temps. Ce que j'en ai compris, c'est que l'androgynie si mise en avant dans les images et si peu dans les dialogues n'est pas un enjeu du récit, mais un liant symbolique entre l'univers d'épanouissement de soi du garçon et l'univers d'épanouissement de soi de la grand-mère, et on aura un éclairage sur ce qui se trame en fin de récit. En même temps, on pense à One-Pound Gospel à cause de la bonne soeur qui s'invite dans l'histoire...
Le récit "1 or W" a une action un peu rapide qu'il ne faut donc pas trop introduire. Les deux jeunes héros ressemblent à Ranma garçon et Akane fille à cheveux courts, mais l'histoire vaut par le maître du club de kendô obsédé d'entraînements spartiates et par le surgissement du surnaturel.
La nouvelle "Happy talk" date de 1984. Elle arrive à être drôle, mais sans avoir un réel scénario. Je trouve qu'elle sent un peu le bidouillage qui ne mène nulle part. Les personnages ont un profil plus instable, on voit qu'on est en 1984 et que Rumiko Takahashi a à la fois l'énergie de sa jeunesse et une seule série en cours Urusei Yatsura. Rumiko Takahashi a toujours dessiné les visages de la même façon avec une variante causée par la taille, pour le personnel féminin, on a soit la série des femmes de plus petite taille comme Akane, Ranma fille, Mamiya Sakura, voire l'héroïne d'Inu-Yasha, soit la série des grandes femmes comme la concierge de Maison Ikkoku, l'héroïne de Mermaid Forest, etc. Mais, on n'a plus retrouvé le profil de Lamu, bien que celle-ci soit à l'origine du physique de Kyoko Otonashi dans les premiers chapitres de Maison Ikkoku, on n'a plus retrouvé les profils de Benten ou de Maris the Shojo. Ici, dans "Happy talk", les héros masculins ont leur identité propre. Rumiko Takahashi tentait plus de choses dans les coiffures et même dans le dessin des mâchoires, de l'ovale du visage pour ce qui est du détective. L'héroïne du récit a un profil classique de personnage de l'auteure, elle a les cheveux courts, mais fait moins songer à Akane qu'à Kozue Nanao, la "petite amie" platonique de Godai dans Maison Ikkoku.
Pour la dernière histoire, "La déesse, c'est moi !", en revanche, là il n'y a pas à chercher, on a une sosie de Ranma fille avec deux longues couettes, avec juste à la limite un visage plus juvénile, nous sommes en 1989 il faut dire. Le héros est un peu un sosie de Ranma garçon, mais il ne lui ressemble pas à cause de cheveux coiffés auprès du crâne. C'est une histoire adorable avec la magie contagieuse du visage espiègle de cette Ranma fille joyeuse et dynamique. L'histoire est très simple, mais pour les lecteurs de Ranma 1/2 il y a un passage savoureux où le héros parle à une bouilloire.


JE POURSUIS MA CRITIQUE le 20/08. JE FERAI UNE RECENSION DES NOUVELLES DE LA RUMIC WORLD TRIOLOGY QUI N'EXISTE PAS EN FRANCAIS, N'A PAS DE FICHE SENS CRITIQUE, MALGRE SON IMPORTANCE EVIDENTE.

davidson
9
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le 19 août 2020

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davidson

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