Ravage, tome 2
5.9
Ravage, tome 2

BD franco-belge de Jean-David Morvan et Rey Macutay (2017)

Paris brûle! Et Ravage sent le roussi..

Suite de la critique de la "trilogie" du coup (le troisième tome étant encore à paraître à l'heure où j'écris)
Je préviens aussi, je vais en partie spoiler ici..


Bon.. Je reprends pas les points positifs que j'avais mentionné pour le tome 1 (graphisme, design, etc) je vous invite à voir la critique du tome 1 pour ça plutôt. (essayons de ne pas surcharger celle-ci.. )


Parce que oui, il y en a des choses à dire..
Bon déjà je réitère la crainte (logique) qu'une trilogie de bd (type franco-belge : à peu près une 50aine de pages en gros donc) c'est très court.. Et bien sûr ça se confirme clairement.. Malgré le "petit truc" de commencer par la fin du livre et de caser des flashforwards de cette fin, pour "rallonger la sauce".. ben ça fait un peu "cache misère" à mon avis..


Et on en arrive forcement au fait qu'on ne peut pas rendre l'ambiance qui sied à l'histoire de Barjavel en un temps si court.. La bd se lit très vite, très très vite même et du coup tout semble précipité et on a que peu le temps d’intégrer le chaos ambiant et surtout la peur primitive qui doit régner juste après. (les pillages, la maladie, les meurtres, la fuite, etc..) (qui était à mon sens quelque chose de très important dans le livre, justement pour arriver à se mettre dans l'ambiance d'une telle situation et "comprendre" les réactions des persos)


Bref, c'est trop court, c'est un fait et effectivement ça pêche obligatoirement sur l'ambiance et oblige à des coupes (très) franches dans les événements. Soit, mais ceci n'est peut être qu'une "obligation" de l'éditeur et pas du scénariste. Donc là dessus: "bénéfice du doute"..


Mais! Et là il y a un vrai soucis. c'est les incohérences.. Et une en particulier, la plus importante, le sujet de l’électricité et de sa "disparition".
Bon déjà on nous donne quasi une explication du pourquoi.. Pourquoi? Elle n'y est pas dans le livre (ou tellement anecdotique ou peu fiable, qu'on y fait même pas attention) Mais c'est pas trop grave encore, là aussi c'est anecdotique (sauf qu'il y a quand même une différence entre un détail sur 50 pages et un sur quasi 300) Bref..
Nan le vrai problème c'est la cohérence de la "disparition" de l’électricité. Ok, très bien, elle a "disparue". Mais heu (je m'y connais pas trop en électricité hein) pourquoi des voitures, des avions et des motos marchent encore..? Nan parce que ça fonctionne aussi en partie avec un courant électrique nan..?
(Et combien même, je suis sensé m'y connaitre en courant électrique pour pouvoir me dire que c'est logique..?) Pourquoi faire compliqué alors qu'à la base c'est simple? L'électricité ne "fonctionne" plus, point. Les seuls moyens de se déplacer sont les chevaux, les vélos et les pieds!


Bref, des trucs qui me font tiquer alors qu'ils ne le devraient pas et qui me font sortir du récit (dont on a, encore une fois, déjà du mal à s'immerger..)


Mais cette bd à tout de même des qualités! Déjà certaines des planches (souvent celles en quasi A4 complet) sont magnifiques. Et elle ont l'avantages de combler (à leur mesure) le manque d'empathie et d’immersion qu'on a face au récit.. Et certaines rendent plutôt bien "l'horreur" de telle ou telle situation ou événement.
Deuxième grosse qualité, le perso principal est parfait. Il est exactement ce qu'il doit être: Un connard misogyne, passéiste et autoritaire. et ça pour le coup c'est bien joué. Et ça se fait par quelque détails qui suffisent (déjà le dialogue dans la tour y est pour beaucoup), le fait qu'il appelle Blanche (et à chaque fois) "MA Blanche", le fait qu'il donne des ordres au gens sans discussion aucune.
Et un truc qui marche très bien aussi: Quelque temps avant le départ, il met le sujet du commandement du groupe sur le tapis (en disant que pour le moment il a prit se rôle mais qu'il faut en décider plus officiellement avant le départ). Personne ne dit rien et il devient donc "le chef", tout en promettant de toujours fonctionner en "démocratie" et de prendre en compte les avis des membres du groupe.
Mais quelque pages plus loin, on peut "l'écouter"dire : "Il va falloir que vous appreniez à exécuter mes ordres sans discuter." Mouais.. ça sens déjà un peu plus mauvais là..
Et c'est parfait ça, parce que le fait que le personnage de l'histoire soit un sale con, mais un sale con efficace et au cœur du récit et de ce qui se lit entre les lignes.. Il faut se rappeler que Barjavel a écrit Ravage en pleine seconde guerre mondiale.. Le fascisme est pas loin hein.. Et il montre bien tout au long de l'histoire de Ravage, que l'humain, en période de troubles,cherche instinctivement des meneurs. Mais que malheureusement ces meneurs ne sont parfois que des loup déguisés (consciemment ou pas) en agneaux. Et que même s'ils sont efficaces (ou paraisses l'être) leur raisons ne sont pas forcement les bonnes ou en tout cas les même que les vôtres..
Et là pour le coup je félicité l'auteur d'avoir gardé ce pan de l'histoire.


Bref je vais conclure cette (trop) longue critique. Un tome beau (comme le premier) et parfois marquant dans ses scènes. Mais où tout est précipité de part sa brièveté et on manque de possibilité d'immersion et d'empathie envers les situations et persos.. Cependant il parvient à conserver certaines choses très importantes à mon goût..
A voir donc avec le dernier tome..


(nb: Après, tout ça est peut être surtout du au fait que je connais (pas "par coeur" mais pas loin) le roman. Et que j'y fait forcement référence.. Il est possible que les gens ne l'ayant pas lu, ne verront pas les défauts dont je parle ici. Et trouveront ces deux tomes très bien. N'hésitez pas à me le dire, je suis vraiment curieux de savoir si c'est le cas ou pas..)

Artchimist
6
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le 7 oct. 2017

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