Nononono
5.1
Nononono

Manga de Lynn Okamoto (2007)

il y a des titres comme ça, qui révèlent tout. Dans le cas présent, j'ai envie de dire "non non non non" à l'auteur. Suivi d'un "arrête le massacre".

Nononono ne commence pas si mal pourtant. Nonomiya Nono est une jeune fille qui rêve de remporter l'or olympique en saut à ski. Malheureusement pour elle, il n'existe alors pas (encore) de catégorie féminine aux JO pour ce sport. Qu'importe, elle décide de se faire passer pour son frère jumeau décédé et abandonne sa féminité pour son rêve. Voilà qui à première vue semble assez prometteur ; sport, romance, passé traumatique ; une formule très (trop) classique mais toujours efficace.

Pourtant, Nononono s'effondre très rapidement sous d'énormes défauts d'écriture. Les personnages, d'abord, sont très mal construits. Nono, personnage principal, s'en sort un peu mieux que les autres, avec un passé intéressant, des enjeux bien ficelés et une personnalité sympathique. Pourtant, tout au long des 142 chapitres de ce manga, jamais elle de montrera une once de développement et restera éternellement statique dans son comportement.
Les personnages secondaires, eux, sont au mieux complètement creux et non existants, comme les journalistes sportifs dont le seul intérêt est d'expliquer les principes du saut à ski, en se répétant, ou encore la championne de patinage artistique, qui sert à... rien en fait.
Au pire, ils sont horriblement caricaturaux et déplacés (sérieusement, le coup des gars qui se sont échappés d'un village pratiquant des sacrifices humains et doivent gagner à tout prix pour sauver leur famille, c'était pas nécessaire). Et entre les deux, c'est pas mieux, c'est un concours de cas sociaux auxquels on ne croit pas une seconde.

Et c'est là le gros problème. Pour une manga qui est tiré par les personnages, ça ne marche tout simplement pas. L'intrigue part dans tous les sens et ne retombe jamais sur ses pattes (ironique quand on parle de saut à ski). On sent la volonté de l'auteur de montrer que Nono n'est pas la seule à avoir tout à perdre en cas de défaite, mais ça devient vite trop gros, et on y croit plus une seule seconde. Sérieusement, pour pratique le saut à ski, il est interdit d'avoir une vie normale et un esprit sain ?

Ensuite, pour une raison qui m'échappe un peu, Okamoto à voulu en rajouter une couche en faisant de ses personnages des surhommes. Autant dans un manga sur le sport je veux bien comprendre qu'ils le soient dans leur domaine, ça fait parti des codes du genre, autant rajouter des scènes de baston dignes d'un Sun Ken Rock quand le reste du manga se veut réaliste, ça ne passe pas. La nudité (attendu, Lynn Okamoto oblige) est globalement très forcée. Il arrive parfois à être bien exploité (Nono angoissant sur son corps qu'elle cherche à dissimuler), mais bon, on a la plupart du temps droit à du fanservice bien gras et pas bien malin.

Bon, il y a quand même quelques points positifs à tout ça. Le dessin est assez bon, et quelques scènes sont très réussies, les scènes sportives notamment, même si alourdies par les flashbacks qui tendent à se répéter ; ou la scène du viol, bien glauque et désespérante, et qui nous fait enfin ressentir un peu d'empathie pour Nono, même sont aspect orienté fanservice la rends malsaine, et pas dans le sens qu'on voudrait qu'elle ait.

En ce qui concerne l'aspect sportif en lui même, de l'aveu de l'auteur, son but est de faire découvrir le saut à ski, sujet pas vraiment traité jusque là dans la fiction (à ma connaissance en tout cas). Pari (trop) réussi de ce côté là, on nous répète trop de fois les mêmes explications, et ça lasse vite. Et je suis maintenant persuadé que ce sport est réservé aux sociopathes.

Au final, le manga à explosé en vol (sérialisation annulée je suppose), et le chapitre de conclusion est juste bâclé. Je n'attendais pas qu'il exploite toutes les pistes scénaristiques lancées (foirées de toute manière), mais il occulte complètement ce qui fait l'intérêt du manga (au delà de la dimension sportive), à savoir les conséquences du travestissement de Nono. Une fin qui laisse donc sale goût en bouche, mais bon, c'était déjà assez mauvais de toute manière.

Bref, à éviter. Et vu le nombre de notes, on dirait que personne à besoin de mon conseil.
Gasp
3
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le 18 juin 2014

Critique lue 403 fois

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Gasp

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