[Homme malchanceux cherche emploi si possible très bien payé.]

Si vous ne comprenez pas certains mots de cette critique, c'est que vous n'êtes pas un(e) initié(e) du genre, ce qui peut se comprendre. En quel cas je vous conseille de passer votre chemin sans chercher à tout comprendre. (Je vous aurai prévenu...)

Yukiya Ayase est un jeune homme naïf, qui se retrouve impliqué du jour au lendemain dans une histoire d'argent par la faute de son cousin, criblé de dettes. Vendu aux enchères, Ayase est acheté par Somuku Kanô, un usurier semblant l'avoir déjà rencontré auparavant...

On retrouve ici un schéma assez récurrent du yaoi: un seme (Kano) et un uke (Ayase), chacun étant au final très stéréotypé. Kano, dominateur grincheux de son état (ne vous laissez pas avoir par ses belles paroles en totale contradiction avec ses gestes, en 8 tomes j'vois pas l'ombre d'un sentiment, il bluffe!), et Ayase, pauvre victime totalement dominée, ayant contracté malgré lui une dette qu'il n'arriverait même pas à rembourser en gagnant deux fois à l'Euromillion.

L'histoire principale a donc lieu entre Ayase et Kano, où les lecteurs les plus à l'ouest se demanderont si oui ou non notre pauvre uke va réussir à effacer sa dette, où d'autres naïfs se demanderont si oui ou non ils vont vraiment se caser ensemble, et où les derniers auront tout compris et profiteront juste de ce prétexte pour bien se rincer l'oeil jusqu'à la rétine. Cependant, au final, ce sont plusieurs petites histoires plus ou moins liées qui s'enchaînent, dans le quotidien pas très banal de ces personnages pas très communs non plus (mettez ensemble un malchanceux, un usurier-yakuza, un transexuel tenant un bar, des employés jumeaux et autres cas assez particuliers, mélangez le tout, et essayez d'imaginer le résultat). Difficile donc de juger le scénario, qui au final est quasi-inexistant.

Le mangaka assume cependant tous ses délires, des situations cocasses aux vrais délires sûrement imaginés après prise massive de produits illicites, tel que le coffre-fort à voyager dans le temps. Pire encore, son style graphique peut se révéler extrêmement mignon: maîtrise totale du chibi et de la coloration. Tout oscille donc entre deux extrêmes: l'incarnation du kawaii (dont Ayase est l'ambassadeur) et l'incarnation de la débauche et perversion (tout le reste mis à part Ayase). Le comble? Même les couvertures des tomes oscillent entre l'incroyablement mignon et l'insoutenable. Encore plus fort? Ca se suit bien.

Au niveau du graphisme donc, c'est beau, c'est globalement bien maîtrisé, les chibis viennent nous narguer en faisant croire à quelque chose de mignon. Cependant, quelques soucis de chara design sont à signaler: en effet, plus ça va, plus les deux employés jumeaux ressemblent physiquement à Kano, notre usurier en chef. Ajoutons à cela les histoires qui ne se suivent pas forcément et une maîtrise des flashbacks assez moyenne, et voilà que le lecteur a par moment de quoi s'y perdre.

Au niveau des personnages eux-mêmes, il y a un peu de tout... mais j'aurais personnellement tendance à penser que tout tient à peu près debout grâce au personnage de Ayase, Rémi sans famille des temps modernes et hardcore: sans famille à part un sale type qui le vend, sans véritables amis, et la malchance lui collant à la peau. Mais personne n'ira le plaindre car voyez-vous, ici c'est un yaoi, un pur, un dur (bonne chance petit gars...). En fait, Ayase incarne un peu le fantasme ultime du japonais:
L'Européen (non étranger) en modèle réduit.

En bref, un manga qui oscille entre deux extrêmes, mais pas forcément déplaisant grâce à son cocktail de personnages, ses graphismes sympathiques et ses délires bien assumés.
Showel
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le 1 avr. 2012

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