Une bd ambitieuse mais à l'esthétique discutable...

Les dents du recoin est une bande dessiné qui sort des sentiers battus. En effet, François Boucq y déploie toute son imagination pour proposer un récit unique, qui lorgne du coté du surréalisme.
Pour résumé, on suit les aventures d'un père de famille, évoluant dans un monde étrange dans lequel des éléments d'architecture de ville se retrouvent comme perdus dans une jungle. Ainsi, les immeubles se retrouvent couverts de lianes et de verdures.
Le père étant habillé d'une tenue léopard et fréquentant les bars dans lesquels des animaux se retrouvent pour boire un coup, on aura vite fait de faire un rapprochement allégorique entre la ville et la jungle, car il est bien connu que le monde du travail est un milieu hostile, sauvage, où la loi du plus fort règne.
Ensuite, une fois rentré chez lui, il doit faire face à un danger de taille, un véritable requin nage dans le papier peint bleu de ses murs (d'où le titre de la bd). L'animal sort des murs pour manger le repas du diner (un steak de mammouth) puis pour gober le plus petit de ses enfants. Le père pénètre ensuite dans la 5ème dimension pour sauver son fils...

L'auteur/dessinateur fait preuve d'un talent certain pour développer ce monde très curieux, à la fois onirique et cauchemardesque. Chaque page tournée est une surprise.
Et Boucq sait très bien dessiner. Ceci dit, si il y avait une remarque à faire, ça serait qu'il est peut-être regrettable que l'ensemble baigne dans un mauvais gout des plus prononcé. Les visages de strictement tous les personnages sont hideux, vulgaires, avec un espèce de teint blanc qui leur donnent l'air malade... Ils ressemblent un peu aux visages de caricaturistes, avec tous les défauts de visages exagérés... De plus, les couleurs ne sont pas du plus bons gout.

Une bd audacieuse donc et réalisée avec beaucoup de talent mais qui ne sera pas au gout de tout le monde!