Ce roman (autobio) graphique, dont l’intégrale se découpe en trois tomes, raconte les années Mao Zedong de 1950 à 1976 à travers le regard d’un enfant, son dessinateur Li Kunwu . Le scénariste Phillipe Otié, l’épaule, concerné lui aussi par le lieu où est conté l’histoire, dans la région du Yunnan.

Belle découverte de cet ouvrage, n’y connaissant que peu de choses sur la Chine du 20ème siècle. L’ouvrage y est d’ailleurs préfacé par Pierre Haski, un journaliste français, nous introduisant à l’histoire mouvementé de ce pays, qui connut certainement ses années les plus destructrices, après la 2nd Guerre Mondiale.

Le dessin rapide, chargé, dépeint la Chine communiste, vouant un culte destructeur au père Mao, sous-titre de ce tome.


Kunwu dessine l’ambiance révolutionnaire permanente, les visages et les corps sont tordus et difformes. On nous montre cette folie : des cadres du parti jusqu’au enfants bercé dans la propagande, les citations et le récit du père Mao. Celui-ci se fait de plus en plus présent dans la vie des personnages, accélérant la révolution, détournant sa population de l’échec de sa politique révolutionnaire.

Les planches nous distillent les éléments fondamentaux de cette époque : La période du grand bond en avant, la famine,la révolution culturelle, les slogans révolutionnaires. Bon nombre de ces éléments sont traduits du français vers le chinois, nous renvoyant sans cesse au réel. On assiste à la volonté de faire table rase du passé en supprimant les dernières marques de féodalité jusqu’à dénoncer n’importe qui, pourvu que l’on fasse la révolution.

Passé l’aspect historique, on se retrouve avec une narration honnête et sincère, qui prend le temps de nous décrire les mission hallucinantes que reçoivent les enfants à l’école comme trouver des queue de rats lors de l’opération « Chu Si Hai » ou en français « Les mouches, les moustiques,les rongeurs et les moineaux ».


Si je devais redire quelque chose c’est justement sur le dessin un poil fouillis. Certaines cases m’ont demandé un peu de temps avant d’en comprendre la composition. Cela dit le trait est plus fin lors de la représentation des détails important ; je pense ici aux illustrations de propagandes, les personnages importants et à la l’horreur de l’insurrection.

L’impression qui me reste c’est surtout le temps perdu et la destruction de la cohésion du peuple chinois. Tous ces citoyens et ces enfants que l’on voit obéir aveuglément à un père loin et absent. On ressent une profonde tristesse à voir ces humains faire tout et son contraire, dans le seul but de plaire ainsi être un camarade / fils exemplaire.


Le roman s’achève sur l’annonce de la mort de Mao, laissant son peuple livré à lui même, sonnant comme le réveil d’un long cauchemar délirant.

Laissant la Chine orpheline.

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le 28 mars 2023

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