Dans le Paris du début du XXème siècle, un inspecteur qui a de la « bouteille » et une jeune recrue pistonnée font équipe pour enquêter sur le meurtre d’un caviste du côté de Bercy, cours Saint Emilion. Pendant ce temps, tous les autres policiers du 36 quai des orfèvres essayent de trouver un tueur en série qui sévit dans le Paris de 1912 et les tient en échec depuis de nombreux mois. Les 2 inspecteurs écartés de la traque vont y prendre part finalement, bien malgré eux…


C’est en allant acheter Nos embellies que je suis tombé sur cet album. Je n’étais pas venu pour cela mais j’ai tout de même était attiré par le titre gouailleur et accrocheur ainsi que par la couverture un peu jaunie, donnant un aspect 1900 et me faisant penser à l’affiche des triplettes de Belleville. J’ai donc décidé de prendre cette BD, en n’ayant vu que la belle couverture sobre qui avait titillé ma curiosité et j’avoue qu’encore une fois, le hasard a encore bien fait les choses.


Frédéric Bagères, dont c’est la première bande dessinée, nous offre une œuvre rafraichissante où s’entremêlent enquêtes policières et langage fleuris, de l’argot parisien du début du XXème. L’auteur a décidé de choisir comme héros (ou anti-héros), un duo au départ mal assorti qui va finalement apprendre à se connaître et s’apprécier. Cet antagonisme entre des personnages qui vont se rapprocher au fil de l’histoire n’est pas très original en soi mais leur personnalité les rend néanmoins sympathiques. Réussir à associer un fils de ministre (de l’intérieur), un peu révolutionnaire sur les bords à un alcoolique patenté et rendre ce duo drôle sans être ridicule, n’était pas forcément gagné.


Les dialogues sont truculents et écrits avec soin pour rappeler l’argot des rues de la belle époque. S’appuyant sur les ressorts du vaudeville, l’histoire met en scène des personnages hauts en couleurs qui recherchent la vérité. On découvrira à la fin que même si les 2 inspecteurs frayent assez souvent avec le burlesque, ils arrivent tout de même à aller au bout de leurs investigations et à s’attirer l’admiration de leurs pairs du 36. Cette œuvre évoque aussi sur le ton de l’humour, l’apparition de la police scientifique avec ses nouvelles techniques et pratiques qui se heurte à la police traditionnelle, « à l’ancienne ».


Le récit est relativement bien ficelé et arrive à tenir en haleine le lecteur bien que la fin se termine de manière surprenante et un peu trop rapidement à mon goût. En effet, on aurait aimé en lire un peu plus. On aimerait suivre plus longtemps, les pérégrinations de notre couple d’enquêteurs. Mais étant donné qu’il s’agit du tome 1, il est possible que de nouvelles aventures prennent le relais en fonction du succès de cet album.


Je parle, je parle et je ne dis rien des dessins qui mettent en valeur les décors et les protagonistes. Eux aussi sont parfaitement maîtrisés. Le coup de crayon de David François donne du dynamisme et du mouvement aux scènes et nous propose de très beaux paysages. Le style et les couleurs donnent à l’ensemble un petit aspect suranné, comme dans les gravures anciennes. Les visages sont quant à eux très caricaturaux, avec de long nez, ce qui n’est pas sans rappeler le style de Christophe Blain et de son Quai d’Orsay. Par contre le découpage des cases et leur enchainement interrogent parfois sur les intentions narratives des auteurs mais ces petites faiblesses ne nuisent pas trop à la lisibilité de l’œuvre.


Version illustrée : http://www.artefact-blog-bd.com/recit-complet/le-vendangeur-de-paname/

Playmo44
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le 11 mars 2018

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