Ca me fait quand même mal de dire ça, mais ce tome qui met en avant une des histoires principales de Spider-man est quand même bigrement mauvais. Alors juste pour mettre à jour, il faut savoir que ce tome contient les épisodes #96, #97, #98, #121, #122 et #123 d'Amazing Spider-man. Deux histoires essentielles puisqu'il s'agit de deux combats contre le Bouffon Vert, mais surtout de la célèbre mort de Gwen Stacy. Pardonnez moi si je vous spoile, mais avec plus de 40 ans au compteur, cette histoire n'est pas véritablement secrète.

Par où puis-je commencer pour vous faire comprendre à la fois ma déconfiture vis à vis de ce tome et en même temps le fait que je sois fan de plusieurs points. Déjà, le dessin ! Je ne sais pas si c'est l'influence de Gil Kane mais le premier récit (#96 à #98) est nettement moins beau, les visages sont plus sombres, plus caricaturaux peut être, le trait semble plus approximative, bien moins bien maitrisé. Pourtant, c'est étrange quand on voit que Gil Kane sera encore au dessin avec Romita Sr sur le second récit. Peut être le temps que le duo se fasse ? Ce style graphique du début est donc peu concluant, mais ce défaut a une utilité dans le sens où ça accentue l'idée de la dangerosité de la drogue en donnant un côté malsain.
Car oui, ici, on parle de drogue ! La première histoire est clairement dessus avec une planche par chapitre qui dit "la drogue c'est mal, c'est un combat qu'on ne bat jamais, ça concerne tout le monde, etc ..." Vu de l'extérieur ça peut avoir un côté un peu chiant d'enseigner ça comme ça mais dans le récit cela passe bien et donne un vrai message social aux lecteurs. Nous ne sommes qu'en 1971, le grand délire hippy commence à baisser, nous découvrons tout le mal que peut causer la drogue et les auteurs décident de prendre position. Qu'on aime ou non, qu'on trouve le message trop manichéen ou pas, on ne peut que saluer le courage artistique (et s'amuser de voir que le comics underground de la même époque avait une image radicalement différente). Ce parti pris, ce sujet mis en avant et toute ses conséquences (Harry qui a le droit à deux gros bads trips suite au LCD et même une crise de schizophrénie) sont vraiment des très très bon points de cette histoire !
Par contre, à côté de ça, l'histoire en elle-même n'est pas très intéressante. Elle rejoint un peu la seconde histoire du tome 4 des Incontournables, c'est à dire un nouveau combat contre le Bouffon Vert qui a retrouvé la mémoire, puis finalement, il a un traumatisme à la fin et reperd ses souvenirs de nouveau. Rien de nouveau sous le soleil. Il y a donc un côté répétitif et finalement peu utile. Le vrai méchant apparaît plus comme la drogue. Au final, heureusement qu'il y a cette histoire ainsi que les petites batailles de cœurs, parce que bon ... On s'ennuierait franchement sinon.

La seconde histoire, du #121 au #123 est vraiment un mauvais point par contre. Il s'agit en effet de l'ultime combat contre le Green Goblin qui se solde par la mort de la célèbre Némésis de l'Araignée après que le criminel ait tué Gwen Stacy, la petite-amie de Peter Parker. Sauf que bon ... Ce combat a juste méga-vieilli. Globalement, tout se passe dans le #121. Osborn retrouve la mémoire, kidnappe Gwen, se bat contre Spider-man et tue miss Stacy. C'est tellement rapide, il y a tellement peu de drame, c'est vraiment dur d'être touché par cela.
Puis le #122 enchaine sur la vengeance de Parker. Malheureusement c'est mis en place trop rapidement, à part laisser tomber une fois Harry et s'énerver contre Mary-Jane, on ne voit rien. Il se laisse tellement peu aller à la haine, il garde sa joute verbale contre le Bouffon Vert dans un style assez habituel. Bref, on a rien dans cette histoire qui la rend différente d'une autre bataille et c'est ça le hic. Déjà parce que les affrontements avec le Bouffon sont devenus très répétitifs mais ensuite parce que là, clairement, on devrait avoir plus. Ca se finit finalement de manière très stoïque par le fameux auto-empalement du Bouffon Vert et donc sa mort.
Mais alors, que vient faire l'histoire #123 me direz-vous ? Et bien Luke Cage est embauché par Jonah pour vaincre Spider-man, on a donc le droit à un combat entre ce super-nul et notre héros préféré. Précisons que Luke Cage est un idiot de première, doté d'un charisme totalement absent donc bon ... C'est carrément nul. On a pas de deuil réel, à peine quelques cases dessus. On sent bien que Peter voudrait avoir une introspection, penser à lui-même à sa regretter Gwen, mais non, on offre pas ça au lecteur. En soi je trouve l'histoire mauvaise mais le pire est sa mise dans ce tome.
Car oui, Panini avait la possibilité de ne pas mettre ce #123. On aurait pu, à la place, avoir un récit sur l'amour entre Gwen Stacy et Peter, une petite histoire d'amour, un truc doux, romantique. Niais, certes, mais qui, en étant placé juste avant le #121 aurait donné au lecteur l'empathie nécessaire pour ressentir l'importance de la mort de Gwen Stacy.

Finalement ce tome est une grosse déception, malgré de nombreuses idées innovantes (mort de Gwen Stacy et du Bouffon Vert, question de la drogue), le côté répétitif du Bouffon Vert et l'aspect presque banal des évènements majeurs qu'on voit sortent totalement le lecteur de l'esprit d'empathie qu'il devrait avoir. L'absence d'histoire d'amour est vraiment un problème. En effet, le couple Stacy/Parker n'est quasiment pas présent de toute l'histoire malheureusement. Ce qui nous fait encore plus regretter le #123, une histoire véritablement mauvaise qui semble totalement hors-propos pour le coup.
Bref, un regret.
mavhoc
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le 7 mars 2014

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mavhoc

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