Le Journal de Jules Renard lu par Fred par louielouie

Le Journal de Jules Renard lu par Fred est une
invitation à rêver. A travers une promenade dans
une campagne brumeuse où le temps est maussade
et où l’orage menace, Jules Renard rencontre un
corbeau qui parle. L’occasion rêvée pour l’élève
Fred (L’histoire du Corbac aux baskets…déjà une
histoire de corbeau) de questionner son maître.
Ainsi le Corbeau et le Renard discutent, échangent,
philosophent à propos de la vie, de son absurdité, de
sa beauté et de son idiotie. Où l’on y croise un cochon
grognon, un arbre rêveur, des hommes guerriers, une
armoire à glace peu commode et même le penseur de
Rodin…entre beaucoup d’autres…
Au gré de ces rencontres fortuites, le lien entre les
personnages se tisse. Deux solitaires se rencontrent,
s’apprivoisent, se taisent quand il le faut et parcourent
ensemble un bout de chemin dans l’incroyable
improbabilité de la vie. Tour à tour tendres, drôles
mais aussi mesquines et féroces, les pensées du
Renard nous proposent un regard différent sur le
Monde. Au lecteur d’y attraper un sens, une phrase ou
une idée non préconçue.
Pour le style, on reconnait entre mille les dessins
inimitables de Fred. Pour celles et ceux qui sont
habitués à lire Philémon, il n’y aura pas de
dépaysement. En effet, l’auteur se plait à faire sortir
des cases ses personnages en déconstruisant toute la
structure classique de la BD Franco Belge. Un peu
comme si Tintin était pris d’une envie subite de vivre
ses aventures en prenant toute sa place, en élargissant
les cadres, les brisant, les tordant, dépassant ceux-ci
afin de faire vivre son histoire plus intensément
encore.
Initialement sorti en 1988, le journal de Jules
Renard lu par Fred bénéficie ici d’une colorisation
géniale rendant parfaitement hommage à l’esprit de
son créateur récemment décédé. Même 25 ans après
sa sortie, cette bande dessinée n’a donc pas pris une
ride et continue de résonner dans les coeurs de ses
lecteurs.
Il est de ces œuvres qui font grandir, qui questionnent
et remettent en cause nos manières de voir. L’art
permet un dialogue, aussi fou soit-il entre deux
artistes, deux sculpteurs d’images et de mots, deux
génies à l’imaginaire riche et les réunit dans un
volume. Fou.

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