Spéoléologie au pays des rêves

Choisissez votre monture - ammonite volante ou lépidoptère* géant - et accrochez-vous pour l'aventure visuelle, car, c'est bien connu, les spéléothèmes font de vieux os. Les rêves d'un savant, surtout si celui-ci défie par son âge les lois de la biologie, sont décidément bien confus. Ils sont peuplés d'homoncules, de licornes ou d'éléphants volants puisque la quête spirituelle ou la curiosité scientifique qui anime le vieux cerveau est insensée. On traversera des terres étranges jusqu'à parvenir en des contrées où l'éther et l'élément liquide se confondent - signe que l'on a dépassé le point critique. On sera finalement aspiré dans le tourbillon du vivant, trou noir de la mémoire, pour être recraché inconscient sur les rivages du réel aux couleurs ternes. Jadis le capitaine Nemo réchappa au Maelström - du moins, nous voulons nous en convaincre - mais pour Alexandre comme pour moi, qui avons bu l'eau de cet océan nommé "Entrailles de la Terre", il n'est pas de sortie au soleil de midi. Dehors le brouillard nous attend alors que dansent sur les murs de la caverne les figures peintes d'animaux aujourd'hui disparus. Et nous voulons nous joindre à cette danse, partageant une inintelligible euphorie, convaincus théoriquement que c'est là la bonne direction.

Profond et limpide comme de l'eau de roche.

*Le naturaliste remarquera que ce sont là de curieux lépidoptères qui ressemblent davantage à des odonates.