L'innocence perdue

Pour l'instant je ne suis pas vraiment convaincu par ce spin off qui rejoindra plus tard la série. Pourtant il y a un potentiel non négligeable !

Le scénario est décevant. Yann ne parvient pas à trouver ses marques, à développer son univers ; le lecteur se retrouve piégé entre les références nombreuses à la série mère ainsi qu'à d'autres récits fantastiques qui ont lourdement influencé le scénariste. On sent aussi que l'auteur a le désir de raconter quelque chose d'énorme, mais il semble un peu perdu au milieu de tout ça et perd par conséquent son lecteur... le pire étant qu'on a l'impression qu'il ne se passe rien. La double narration en parallèle agace fortement : on retrouve des cliffhanger régulièrement, manière facile d'installer le suspense puisque cela consiste à interrompre l'action entre la montée d'un conflit et la résolution. Parfois pour raconter quelque chose de totalement anecdotique. En fait, la méthode zapping pollue même la bande dessinée, désormais. Les personnages ennuient et agacent aussi : Louve qui la ramène tout le temps et Aaricia qui manque de cohérence dans sa caractérisation.

Graphiquement, c'est inégal. Mais avant d'aborder le contenu, parlons un peu de cette couverture... Louve au milieu de champignons géants rappelant des phallus géants. Je ne sais pas si c'est volontaire. Il est vrai que, métaphoriquement, on peut y voir un osus-texte pertinent. Mais en même temps, si c'est la volonté, c'est regrettable que ce ne soit pas abordé plus en profondeur dans l'album. Ces mêmes phallus sont repris au début de l'album. Les dessins sont, dans l'ensemble, agréables. Mais si l'on y regarde de plus près, on constate que Surzhenko a du mal à rester constant dans les visages. C'est surtout vrai dans les premières pages, comme si celles-ci avaient été réalisées dans l'urgence. Louve, surtout, a un visage que l'on ne reconnaît que grâce au contexte, la coiffure, les vêtements. Quant à Aaricia, elle paraissait déjà bien jeune sous le pinceau de Rosinski, mais là c'est encore pire ! On se croirait revenu à "Les trois vieillards du pays d'Aran" tant sa peau paraît lisse. La dernière case est assez moche aussi (ce loup, la manière dont il borde le lit de la rivière et encore ces phallus auxquels Louve s'accroche...). Il reste tout de même de belles ambiances, des couleurs sympas et puis je le répète, globalement, ça reste tout de même un beau dessin, c'est juste que dans le style réaliste, on tique plus facilement à la moindre erreur.

Bref, un album qui ne m'a pas vraiment convaincu... j'espère que cette mini-série tirée de "Thorgal" fera ses preuves bientôt.