La plume et la flèche

Un album tout juste correct parce qu'une fois de plus inégal (ça semble être souvent le cas avec ce genre d'albums comprenant quelques histoires de 6 pages).

Globalement, dans cet album, quoique cette remarque peut s'appliquer à toute l'oeuvre du bougre, on peut reprocher à Larcenet de manquer de rigueur en terme de construction narrative. Il se laisse trop aller à ses délires, ce qui peut parfois amener une spontanéité heureuse parce que surréaliste et puis parfois juste provoquer l'irritation la plus sèche du fait qu'il n'est pas capable de tenir en place et d'exploiter une idée comme il se doit. Lire du Larcenet, c'est se prendre plein de petites choses à la figure, des petites choses qui n'ont jamais vraiment d'importance et dont on ne sait pas trop quoi faire. Résultat, son album ne parle de rien et même en terme d'humour c'est assez faible, même s'il fait rire par moment. C'est dommage parce que je vois que j'ai des points communs avec lui, un amour du cinéma et de la télévision dont il se sert pour alimenter son univers narratif et même graphique. Puis, ce qui gêne, c'est que Larcenet veuille toujours mettre en avant ses gags. Je ne sais pas trop comment l'expliquer... mais par exemple lorsque Turk et DeGroot utilise leur chat dans le fond de l'histoire, c'est discret ou préparé, ce ne sont pas juste des petites apparitions éclairs parce que Larcenet voulait faire un gag. Mais ces apparitions pourraient, la plupart du temps, être interchangeables, et puis vraiment, on dirait que Larcent veut juste montrer qu'il fait des blagues, plutôt que d'en faire réellement. Il ne suffit pas de prendre le professeur Tournesol, par exemple, et lui faire répéter ce qu'il a cru entendre (vu qu'il a une très mauvaise ouïe) pour que ce soit drôle, encore faut-il savoir exploiter cela, ou savoir l'insérer au bon moment... m'enfin bon, quand j'ai eu terminé le livre, je l'ai refeuilleté en vitesse juste pour m'assurer d'avoir débusqué tous ces caméos, ce qui est une sorte de jeu amusant, on peut dire.

Graphiquement, y a des choses correctes et d'autres qui le sont moins. Ce qui marche moins, c'est lorsqu'il prend son gros pinceau pour faire des paysages de manière plus 'brut' : le résultat est rarement enthousiasmant. Au final, Larcenet s'en tire au mieux lorsqu'il fait du Larcenet (du moins dans cet album-ci), vu qu'il manie assez bien les tronches de ses personnages. Le défaut qui persiste à tous les niveaux, c'est le surplus de trait rarement utile au dessin ; heureusement ça ne le rend jamais illisible pour autant, mais un peu plus de retenue sur certaines cases auraient pu les rendre bien plus jolies. Le découpage, globalement, fonctionne assez bien. Les couleurs sont également correctes.

Bref, un album qui se lit sans déplaisir, mais qui ne procure pas non plus de réel plaisir.