En tant que fan et de Sherlock Holmes et du Mythe de Cthulhu, il n'était que logique que je me plonge dans cette BD.
N'ayant pas Lu le diptyque précèdent, je me prend juste à espérer que les deux histoires ne seront pas trop interconnectées. Heureusement (pour moi), il n'en est rien, à part quelques petits renvois et rappels qui ne gênent en rien la compréhension de l'histoire en cours.

Débuts encourageants



Pour en faire un pitch rapide : suite aux événements des chutes du Reichenbach et à ceux de Sherlock Holmes et les vampires de Londres, Holmes a rejoins une expédition vers l'Antarctique sous un faux nom mais des événements étranges le ramèneront bien vite vers Londres.
L'Antarctique dans un univers se réclamant du Mythe convoque bien évidemment les Montagnes Hallucinées et l'exceptionnel manga qu'en a tiré Gō Tanabe.
Sans atteindre la perfection graphique dudit manga, force est de constater que la BD dispose d'un graphisme plutôt solide et bien réalisé. J'aurais préféré un peu plus de folie dans le cadrage, l'immensité et le gigantisme du Mythe se pretant bien aux illustrations en pleine page, mais soit. Côté graphisme, il n'y a rien à redire sur cette oeuvre.


Le problème se situe plutôt du côté de l'histoire.


A ce propos je vais dévoiler en spoiler des éléments du 2e tome. Je préfère prévenir.



Un Sherlock témoin et passif



Les histoires mélangeant les univers holmesiens et cthulhuesques se sont multipliées récemment, comme si beaucoup de monde avait compris le potentiel qu'il y avait à confronter l'homme le plus implacablement logique et cartésien de la littérature à une mythologie con truite sur le fait de refuser tout net ces deux éléments.
Sur les mêmes bases, James Lovegrove a, par exemple, livré un roman très plaisant (Sherlock Holmes et les ombres de Shadwell). On peut aussi penser à l'excellent comic A Study In Emerald, basé sur une nouvelle de Neil Gaiman
Les problèmes de la BD sont multiples. Déjà, sur les deux tomes, n'esperez pas y voir un Sherlock Holmes éblouissant d'intelligence, confrontant son esprit aux menaces indicibles qu'on lui oppose.
Non, ici, Holmes fera en tout et pour tout 1 déduction par tome, et subira totalement le reste de l'histoire.


On appréciera aussi le splendide effet "woman in the fridge" dans le deuxième tome, parce qu'on en est encore là


On aurait attendu de la réflexion et la capacité à rapidement analyser les situations qui définissent le personnage, il n'en sera rien.
Tout au plus aurons nous comme justification ce qui s'apparente le plus au TGCM (Ta Gueule C'est Magique) que les rolistes connaissent bien.

Le Mythe de Cthulhu pour les nuls



Soyons honnête deux secondes : si vous n'avez jamais rien lu, vu ou ecouté qui se rapporte à l'horreur cosmique du Mythe de Cthulhu, ce n'est pas avec cette BD que vous en aurez une image représentative. Le Mythe en est réduit à une espèce de tradition magique un peu plus sombre qu'a l'accoutumée, mais fait diablement penser à ce qu'aurait pu donner un album de Blake et Mortimer (pas que j'ai quoi que ce soit à reprocher à Blake et Mortimer, il s'agit juste de donner l'ambiance qui s'en détache)


Le final du 2e tome se rapproche un peu plus d'une vraie utilisation du Mythe, mais cela reste plutôt timoré.
Par contre voir le Necronomicon réduit à une espèce de baguette magique en forme de livre tout au long de l'histoire est des plus déplaisant


La menace indicible propre au style en est réduit à des gens qui disent que la menace est indicible, sans que l'on puisse vraiment le ressentir.
Il y a de la part des auteurs un vrai manque de révérence envers ce style d'histoires qui fait craindre une espèce de récupération "parce que ça fait cool", mais sans s'y être réellement plongé.

Une forte impression de check-list



Et c'est ça au final qui laisse le goût le plus amer quand on termine la lecture.
Une impression qu'une check list des éléments qui font " Mythe" à été consciencieusement remplie et plaquée sur une histoire qui n'a que peu de rapport au final.
Au final, remplacez toute référence au Mythe par des références a la sorcellerie et vous obtiendrez... Quelque chose de bien mieux au final. Quelques chose qui aurait pu allez chercher du côté de Penny Dreadful


D'autant qu'il est complexe de ne pas retrouver Vanessa Ives dans le personnage de Megan. La BD pré-date la série donc il n'y a aucune mauvaise intention la dedans.


Mais avec des rebondissements de fin de premier tome digne des pulp des années 60.


A la fin du premier tome, Sherlock Holmes est laissé dans un état catatonique. On apprendra au bout de 2 planches du 2e tome qu'en fait tout va bien. J'avoue avoir ri.



Ni indispensable, ni unique



Au final, a la fin de cette lecture on se dit qu'il déjà lu mieux en histoire de Sherlock Holmes, en histoire du Mythe, et en combinaison des deux.
Je l'ai parcouru histoire d'arriver au bout, aussi parce que ce n'est jamais réellement mauvais, c'est extrêmement générique et sans idées fortes.


Sherlock Holmes et le Necronomicon est une déception au niveau du scénario heureusement porté par un dessin agréable et un rythme assez soutenu pour éviter que l'on abandonne avant la fin. Il échoue cependant et en tant qu'histoire de Sherlock Holmes et en tant qu'histoire du Mythe.

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le 5 oct. 2019

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