Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Ce tome fait suite à Changement de rythme ! - Invincible, tome 9 (épisodes 48 à 53) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 54 à 59, ainsi que l'épisode 11 de la série Astounding Wolf-Man, initialement parus en 2008/2009, écrits par Robert Kirkman, dessinés par Ryan Ottley, et mis en couleurs par FCO Plascencia. L'encrage a été réalisé par Ottley (épisode 55) et par Cliff Rathburn (épisodes 54, 56 à 59). L'épisode 11 d'Astounding Wolf-Man a été dessiné par Jason Howard, et encré par Rathburn.


Mark Grayson tient enfin sa promesse : Samantha Wilkins et lui sont en train de savourer un verre de vin à la terrasse d'un café à Paris, avec vue sur la Tour Eiffel. Ça ne rate pas : un halo de lumière se produit et 2 gugusses sur une petite plateforme volante apparaissent. Fightmaster & Dropkick viennent requérir l'aide d'Invincible, à savoir sauver leur présent qui se situe dans le futur de Mark. Il ne leur faut pas longtemps pour le convaincre et il les accompagne avec l'accord de Samantha. Arrivé dans le futur, Mark se change en Invincible et un autre lui-même vient prendre son sac avec ses affaires civiles. Ils sont vite repérés dans le ciel par la police du despote en place et emmenés en prison. Ils se laissent faire car ils savent que c'est le moyen le plus rapide pour se retrouver face audit despote. La confrontation est brutale. Dans l’espace, Nolan Grayson attend son exécution dans une station spatiale des viltrumites, la même où est également détenu Allen l'alien. À l'insu de leurs geôliers, Grayson et Allen communiquent par télépathie. À bord est aussi détenu Battle Beast (Thokk).


Dans le pavillon de Deborah Grayson, Samantha et Mark se réveillent dans le lit de ce dernier. Oliver toque à la porte et entre dans la foulée : il voit Samantha. Cette dernière remet son costume d'Atom Eve et s'envole par la fenêtre : Deborah Grayson est en train de jardiner et elle la voit partir dans le ciel. Mark Grayson est appelé par Amber Bennett son ancienne copine qui lui demande son aide. Il se rend dans sa chambre en volant et constate qu'elle a un méchant œil au beurre noir : son nouveau petit copain Gary l'a frappée. Kid Omni-Man (Oliver Grayson) a décidé d'aller patrouiller. Il finit par découvrir Rampage en train de détruire un quartier dans une grande ville. Après avoir réglé cette affaire, Mark et Oliver découvre une caméra espion camouflée dans un arbre à proximité du pavillon des Grayson. Dans son enquête pour essayer de savoir d'où provient la caméra, Invincible va accuser Cecil Stedman, le responsable de l'Agence de Défense Globale (Global Defense Agency). Il s'avère que ce n'est pas lui, mais Stedman en profite pour lui demander son aide pour capturer un individu qui a tué sa femme sous les yeux de sa fille : Gary Hampton, également connu sous le nom de Wolf-Man.


L'un des dangers qui guettent une série de longue haleine, c'est les personnages secondaires. Il faut une grande maîtrise du dosage pour qu'ils soient assez intéressants pour ne pas être de simples dispositifs narratifs superficiels, des enveloppes vides. Mais il ne faut pas non plus qu'ils deviennent plus intéressants que le personnage principal. En lisant ces épisodes, le lecteur peut prendre la mesure de la maîtrise de Kirkman & Ottley. Par exemple, ils consacrent la majeure partie de l'épisode 58 aux personnages secondaires sous la forme d'une page dédiée à chacun : Rex Sloan, Amanda et Rudolph Conner dans leur quartier général, Immortal Man et Kate Cha en train d'emménager dans leur nouvelle maison, Lethan en train de s'ennuyer ferme dans son royaume (avec un poisson passant paresseusement devant sa tête), Killcannon se vantant de ses capacités de supercriminel, Art Rosenbaum faisant une très mauvaise affaire avec Shapesmith, Randale Zandolph et Darkwing en train de discuter dans les vestiaires des Global Guardians, et le retour (enfin) d'April Howsam (pour une trop courte page). Pour chacune de ces saynètes, les pages montrent des personnages différenciés et immédiatement reconnaissables, attestant de la capacité de Ryan Ottley à leur donner une apparence spécifique. Chacune de ces pages est découpée sur la base d'une grille de 4 rangées de 4 cases, 2 ou 3 pouvant être regroupées pour n'en former qu'une, soit une moyenne de 11 cases par page. Si le lecteur s'est pris d'affection pour April Howsam (ou un autre personnage), il peut ainsi reprendre contact avec elle rapidement, juste le temps de voir ce qu'elle devient. C'est tout l'art des auteurs de montrer que chacun d'entre eux se tient de manière différente, et de mettre à profit les dialogues pour qu'ils ne soient pas que fonctionnels, qu'ils soient également porteurs de l'état d'esprit, des émotions, et des préoccupations. L'épisode 58 constitue une preuve exemplaire de la capacité des créateurs à faire exister ces personnages secondaires, à l'opposé d'un exercice de style froid et stérile. Il est évident qu'Ottley & Kirkman éprouvent de l'empathie pour chaque personnage. D'un autre côté, cette forme concise prévient également le risque qu'un personnage secondaire accapare le devant de la scène.


Comme de bien entendu, il y a une exception qui confirme la règle, à savoir l'épisode 55. Le lecteur est ravi que Samantha et Mark aient besoin d'un moment d'intimité, car les auteurs en profitent pour se tourner vers Allen et Nolan Grayson. Dans la mesure où ils sont propriétaires des droits de propriété intellectuelle de leurs personnages, c'est leur prérogative de pouvoir déroger aux règles habituelles des comics et de consacrr un épisode à des personnages secondaires. Depuis le début, Allen l'alien est l'un de ces personnages qui menacent de prendre le devant de la scène, Nolan Grayson également. À bord de cette station spatiale prison, le lecteur retrouve les caractéristiques graphiques des dessins de Ryan Ottley. Il aime consteller les ténèbres du vide de l'espace, d'une multitude de petits points blancs pour donner l’impression d'une infinité d'étoiles. Pourquoi pas ? Ce n'est pas une représentation scientifiquement exacte, mais cette licence artistique sous-entend qu'il existe potentiellement de nombreux autres systèmes solaires, et donc forcément plusieurs qui sont habités.


Comme à son habitude, l'artiste privilégie la vitesse de lecture, aux détails. Il n'a donc pas cherché à concevoir une technologie d'anticipation plausible, ce qui ne l'empêche pas de donner une apparence spécifique à la station, cohérente avec sa description dans le précédent épisode où elle était apparue. Allen a une morphologie humanoïde, mais avec un seul œil. Son visage est toujours aussi expressif : calme, amusement, détermination, surprise, confiance en soi. Le lecteur se rend compte qu'il sourit en même temps qu'Allen, dans un processus d'empathie très efficace. La relation affective du lecteur avec Nolan Grayson est de nature différente du fait de son passif : il ne lui fait pas confiance et il regarde dans les expressions de son visage celles qui viennent confirmer son biais. En fait il interprète chacune d'entre elles avec un a priori négatif, dans le but de confirmer ses soupçons, ayant la certitude qu'un tel individu ne peut pas se réformer, ne pas changer de bord. Au fur et à mesure qu'il prend conscience de ses propres biais, il mesure à quel point ce personnage existe dans son esprit, à quel point Kirkman, Cory Walker puis Ottley en ont fait un individu pleinement incarné et complexe. Il sait alors qu'il ne peut pas se fier à ses interprétations, à ce qu'il pense percevoir, car ce qui se passe dans l'esprit de Nolan Grayson est forcément plus complexe, que ce soit l'évolution de ses valeurs, ou ses émotions.


Au cours de l'épisode 55, le lecteur se rappelle aussi que le degré de violence a progressivement augmenté, avec des projections de sang, et même un fracassage de crâne très spectaculaire, jusqu'à en être gore. En fait, il se dit qu'il en a déjà eu une démonstration dans l'épisode précédent avec une mise à mort radicale et brutale dans son exécution. Dans le monde d'Invincible, il est visuellement apparent que la super force a des conséquences catastrophiques sur les êtres humains normaux. C'est d'ailleurs tout le fond du dramatique épisode 59. Elle a aussi des conséquences sur les individus dotés de superpouvoirs. La profusion de personnages secondaires produit également un effet miroir pour Invincible : en quoi se ressemblent-ils ? Quelles sont les différences ? Avec cette idée en tête, le lecteur comprend mieux la pertinence de l'épisode 54 dont l'intrigue semble arriver comme un cheveu sur la soupe. Invincible se confronte à ce qu'il peut potentiellement devenir. L'épisode 55 fait apparaître qu'il n'est interchangeable ni avec son père, ni avec le représentant de la Coalition des Planètes. Avec cette idée en tête, le lecteur regarde autrement la rencontre avec Wolf-Man. Bien sûr c'est l'occasion pour le scénariste d'attirer l'attention des lecteurs sur le fait qu'il écrit concomitamment une autre série de superhéros et que ce serait bien que les lecteurs d'Invincible l'achète aussi. C'est également l'occasion de faire ressortir les particularités de Mark Grayson par rapport à celle de Gary Hampton. Le lecteur mesure alors mieux l'importance et les implications des liens entre l'Agence de Défense Globale et la famille Grayson. Bien évidemment, la relation entre Mark et son frère fait ressortir une autre facette de leur histoire personnelle respective.


Robert Kirkman et Ryan Ottley continue d'épater le lecteur avec la richesse de leur série et son accessibilité. Rien n'a changé depuis le début : c'est toujours une série de superhéros lisible au premier degré, un divertissement de qualité, inventif et rentre-dedans. C'est toujours une série originale qui se démarque de la production industrielle de comics de superhéros par son originalité et la mise à profit intelligente et perspicace d'une narration sur le long terme dans un univers étendu. C'est également un regard intelligent sur les clichés narratifs des comédies dramatiques, et sur la réalité des relations humaines, sans oublier un jeu très fin avec les attentes du lecteur.

Presence
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 19 déc. 2019

Critique lue 74 fois

Presence

Écrit par

Critique lue 74 fois

D'autres avis sur Happy Days - Invincible, tome 10

Happy Days - Invincible, tome 10
Presence
10

Pas de personnages secondaires

Ce tome fait suite à Changement de rythme ! - Invincible, tome 9 (épisodes 48 à 53) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 54 à 59, ainsi que l'épisode 11 de la série Astounding...

le 19 déc. 2019

Happy Days - Invincible, tome 10
biblioman
7

Une série qui continue dans sa lancée

Bien que les tomes soient publiée très rapidement et que la série s'allonge, on continue à suivre avec plaisir les aventure de Mark, super-héro adolescent comme seul Kirkman sait en inventer. On...

le 30 juin 2015

Du même critique

La Nuit
Presence
9

Viscéral, expérience de lecture totale

Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, initialement publiée en 1976, après une sérialisation dans le mensuel Rock & Folk. Elle a été entièrement réalisée par Philippe Druillet, scénario,...

le 9 févr. 2019

10 j'aime