« Métronom’ » est une série qui m’avait intéressé parce qu’elle était scénarisé par Eric Corbeyran. J’ai toujours eu de l’intérêt pour le travail de l’auteur bordelais depuis que j’ai découvert « Le chant des Stryges ». Je m’étais donc laissé tenter par cette aventure futuriste née il y a quelques années. Cette saga se conclut avec la parution récente de son cinquième acte intitulé « Habeas Mentem » il y a quelques semaines. J’apprécie le fait que l’histoire ne s’étire pas indéfiniment et trouve son conclusion dans un délai respectable. Je trouve que les sagas qui s’étalent sur un nombre trop important de tomes ont tendance à voir leur qualité et leur intérêt décroitre au fur et à mesure que les épisodes s’accumulent.


La quatrième de couverture présente les enjeux avec les mots suivants : « Dans un avenir proche, au sein d’une société totalitaire qui écrase l’individu au profit de la toute puissance et du mensonge étatiques, une femme mène un combat pour découvrir les raisons de la disparition mystérieuse de son mari parti en mission spatiale… »


« Metronom’ » utilise des codes classiques dans la construction de sa société futuriste. La presse ne jouit d’aucune liberté, le droit de vote des citoyens est factice, l’expression artistique est réduite à néant. Résister consiste à monter une pièce de théâtre « underground ». La lutte de quelques protagonistes contre le système est un fil conducteur de l’intrigue. Ils sont quelques-uns à dénoncer le monde actuel. L’atout de l’histoire est chaque rebelle combat pour des raisons différentes qui découlent de leurs parcours personnels respectifs. Cette diversité enrichit le propos est permet de rendre la narration moins linéaire.


Ce cinquième épisode se centre sur le personnage Linman. Il est un journaliste d’investigation dont l’esprit critique n’est pas en odeur de sainteté. Une succession de choix de sa part l’ont mené au centre d’un mouvement révolutionnaire souhaitant renverser les élites. Dès sa première apparition dans le premier opus, il dégageait un charisme et un capital sympathie importants. Ses qualités se sont confirmées au fur et mesure de la sortie des nouvelles parutions. J’étais donc ravi de le voir occuper une telle place dans le dénouement. L’atmosphère de lutte finale dans laquelle baigne l’histoire est prenante et Linman semble s’y sentir comme un poisson dans l’eau.


La difficulté d’un opus de clôture est de ne pas rater son dénouement. De nombreuses zones d’ombre sont apparues tout au long des épisodes précédents et il est maintenant temps de faire la lumière sur chacune d’entre elles sans multiplier les lourdeurs et les incohérences. « Habeas Mentem » s’en sort bien à ce niveau-là. Les révélations s’enchainent plutôt bien et possèdent leur lot de surprises sans offrir pour autant dans des aberrations ou des facilités. Je trouve que la vision globale de la société de la série est intéressante et cohérente. J’ai été vraiment curieux jusqu’au bout d’en connaître davantage sur cet univers futuriste assez pessimiste.


Autant le devenir de la communauté m’a intrigué, autant l’issue du destin des personnages principaux m’a laissé relativement indifférent. Les héros n’ont jamais su me toucher profondément. Je me suis toujours senti concerné par les dangers qui accompagnaient leur pas mais jamais passionné. J’ai le sentiment que les protagonistes de l’histoire sont au service du message passé par les auteurs et restent finalement assez secondaires dans les enjeux de la trame. C’est dommage car chacun possède un potentiel narratif assez riche qui n’est à mes yeux pas suffisamment exploité. Néanmoins, il s’agit d’un choix scénaristique qui se respecte parfaitement.


Cette différence d’attrait envers l’univers global et les personnages se retrouvent sur le plan graphique. Le trait de Grun offre des décors remarquables. La précision mathématique de son dessin permet de multiples détails dans les bâtiments et les lieux qui permettent de rentrer toute cette société crédible et réaliste. Les couleurs oscillent essentiellement entre les tons bleus et marron et accentuent l’atmosphère dure et irrémédiable de ce régime politique. Les personnages sont également travaillés mais manquent un petit peu de chaleur de mon point de vue. Cela développe mon sentiment selon lequel ils sont essentiellement des pions de l’intrigue.


Pour conclure, « Habeas Mentem » conclue correctement cette série. La qualité est constante au cours des cinq tomes. C’est une qualité qui est loin d’être généralisée à toutes les sagas futuristes. Le travail des auteurs est sérieux et offre une lecture agréable. Elle saura divertir les adeptes du genre et son dernier chapitre offre un dénouement qui boucle parfaitement la boucle.

Eric17
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le 12 janv. 2016

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