Ca fait un moment que le premier tome de cette BD est dans mon Top 10. Il était grand temps donc que je découvre le second (et dernier, hélas) volume de cette étonnante saga. Et pas déçu du voyage, je dois dire.
"Fear agent" est un hommage remarquable aux comics pulp et à la SF des années 40, avec ses fusées pointues , ses monstres verts, ses robots belliqueux. Le héros est un texan bon teint, mâtiné de Neandertal, dont le talent principal est de se démerder de toutes les situations aussi périlleuses soient-elles. Son arme : la violence, car on n'a pas le temps de faire dans la dentelle. Rick Remender, le génial scénariste de cette série, a tout le recul nécessaire pour rendre cette brute alcoolique à la fois sympathique et prodigieusement énervante. Héros et punching ball, telle est la vocation de Heath Huston , un cowboy au grand cœur dont le cinéma a perdu la recette et c'est dommage.


Le scénario est incroyablement complexe. Dans le but avoué de traiter les thèmes des pulps, l'histoire se lance avec culot dans les méandres de paradoxes temporels qui vous feront mal à la tête mais qui tiennent cette incroyable mayonnaise avec une rare intelligence. La question du génocide (le nôtre) est centrale à l'histoire et on verra toutes sortes de variations sur ce terrible thème. Par moments, l'histoire est si cruelle qu'on cesserait presque de sourire, si elle n'était sauvée par le bagout ahurissant de son protagoniste principal. Heath Huston est en effet le dernier des "Fear Agents", un groupe de résistants qui s'opposaient avec l'énergie du désespoir aux aliens globuleux qui ont massacré les terriens. Pris dans des boucles temporelles , il est à la fois la cause première et l'ultime solution des conflits qui se jouent dans la galaxie. Compliqué, comme je le disais...


Le génie de "Fear Agent" est de combiner les éléments de la SF, de la deuxième guerre mondiale, et du soap opera le plus sucré (Ciel , mon mari!... ) en un mélange détonnant. Car si on suit Heath de planète en planète , on suit aussi son parcours sentimental, un véritable merdier, je vous l'assure... Par de là le côté parodique des choses, se distille peu à peu toute une morale sur le couple, sur l'amitié, le désespoir, qui donne au récit des accents parfois assez poignants. "Fear agent" est léger, jamais anecdotique.
Ce deuxième tome a pour mission de recoller tous les morceaux, de résoudre les crêve-cœurs, d'expliquer tout cela. C'est bien réussi (non sans défauts sur la seconde histoire) , un peu foutraque, et je dois dire que c'est aussi prenant que le premier volume en dépit des contraintes imposées par le finish.


Il vous faut découvrir absolument ce comics, placé sous l'égide de Samuel Clemens, alias Mark Twain. La force du scénario est servie par le dessin sans retenue de Tony Moore, dans une alchimie qui n'est pas sans rappeler le plus sombre "Preacher"" de Garth Ennis et Steve Dillon. C'est gros, c'est gras, c'est terriblement intelligent. Foncez!

nostromo
9
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le 1 juin 2015

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nostromo

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