Cauchemarrant
7.9
Cauchemarrant

BD franco-belge de André Franquin (1979)

Qu’on ne s’y trompe pas, s’il reste méconnu car difficile à trouver, cet album est classé BD car dessiné par Franquin, (comme Gaston Lagaffe, Spirou, Fantasio et le marsupilami, etc.) A vrai dire, il ne s’agit pas d’une BD ordinaire, car l’album ne comprend que 3 planches du genre classique. Par contre, il regorge de créatures bizarroïdes avec boursouflures et excroissances en tous genres et beaucoup de poils très moches. Tous les dessins sont en noir et blanc. On y trouve des caricatures et surtout le reflet de l’aspect pessimiste du dessinateur quant à l’avenir. Franquin s’y montre impitoyable vis-à-vis de l’espèce humaine de manière générale. Tous des monstres comme dirait Tardi. Et si tous ne sont pas égoïstes, mesquins ou méchants, on les sent capables de tout par bêtise. Bien entendu, cela est présenté avec l’humour noir cher à son auteur. A le lire, on sent qu’on court à la catastrophe (difficile de prétendre que depuis, cela se soit arrangé), car il se trouve toujours quelqu’un pour faire en sorte que nos pires cauchemars finissent par prendre forme. Pour Franquin, ça va probablement mieux en le disant (et surtout en le montrant). Il n’a pas son pareil pour appuyer là où ça fait mal, ce qui ne l’empêche pas d’aimer la vie, de défendre ce qu’il aime et un certain art de vivre (la nature, la musique et lutter contre les emmerdeurs en tous genres, et Dieu sait combien ils sont divers et nombreux). A l’image de Gaston Lagaffe (une planche pour Amnesty International), quelques doux idéalistes tentent de vivre en paix.


Même si l’essentiel est constitué de dessins isolés, les thèmes de prédilection de Franquin ressortent. Une de ses cibles récurrentes : les militaires (il a également une dent contre les architectes irresponsables). Et puis, si ses créatures ont des formes si étranges, ce pourrait bien être la (les) conséquence(s) de quelque désastre nucléaire.


Cet album peut être considéré comme une sorte de brouillon du fameux Idées noires (issu du Trombone illustré supplément autonome et éphémère du Journal de Spirou, avant parution de la première édition en album datant de 1977). Cauchemarrant est paru chez Bédérama en 1979 (rééditions en 1981 et 1983 annoncées comme enrichies… en uranium ?). Il rassemble la galerie de monstres dessinés par Franquin pour le fanzine Schtroumpfs. La première édition a été tirée à 5 000 exemplaires rapidement épuisés, ce qui n’empêcha pas l’éditeur de faire faillite ! L’édition de 1981 comprend 46 pages numérotées, avec un dessin bonus après l’achevé d’imprimé et une illustration « On ferme » sur la quatrième de couverture. Un album difficile à trouver, même sur le marché de l’occasion. Le site officiel de Franquin annonce une édition « intégrale » parue chez Rombaldi en 1988, avec comme alternative l’album intitulé Les monstres de Franquin (Marsu productions, collection « A l’italienne ») tiré à 2500 exemplaires en 2002.

Electron
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le 1 mai 2016

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