Ce champ de beignets de Amanda Vahamaki est une sacré surprise. Elle dépeint effectivement le voyage curieux d'une petite fille, sauf que tout se passe comme dans un rêve. On peut donc s'amuser à interprêter autant qu'on veut, sans pour autant être jamais sûr d'avoir mis le doigt sur ce qu'il se passe vraiment. Si bien qu'on peut se demander franchement s'il se passe quelque chose. En effet, le procédé est un peu facile. Je raconte un peu n'importe quoi, et avec un peu de chance mes éléments amenés de façon surréaliste et absurde pourront être perçus comme des symboles ou des métaphores. C'est à chacun de voir.

Personnellement je n'y ai pas vu grand chose. Oui il y a bien cette sensation que la jeune fille apprend la dure vie d'adulte, qu'on a rien sans rien, et que les sacrifices de l'épanouissement peuvent se payer dans la violence. Mais ça n'arrive qu'à un moment tardif dans l'histoire. Le reste consiste en une déambulation, une errance poétique faite d'hésitation et de peur. On peut facilement trouver un lien entre les deux. Mais j'avoue que ça me fatigue.

Ce que j'ai apprécié c'est ce voyage au pays des rêves, car ce récit est vraiment écrit comme un rêve. Peut être chaque scénette est-elle trop longue. Mais ce n'est pas grave. C'est étrange et singulier; c'est poétique dira-t-on. Pour une fois je veux bien. Mais si l'auteur recommence ce type de narration et que je tombe dessus, alors je mettrai une note cruellement négative. Car on ne peut pas faire ce type de bouquin deux fois. Sinon c'est trop facile. C'est prendre des gens pour des cons en leur faisant croire qu'ils sont intelligents. Un peu comme Lynch dans ses longs métrages.

Graphiquement c'est pareil. C'est beau ces effacements de crayons, ces traits maladroits, ces mauvaises compositions, ces petits détails qui sont en trop ou qui manquent... Mais là aussi l'auteur ne peut pas refaire la même chose. Encore que ce serait plus pardonnable. Il faudrait que ça se justifie au travers de l'histoire. Donc non ce n'est pas vraiment pareil que pour la narration, le graphisme peut convaincre à nouveau. Je précise donc que tout est dessiné au crayon bien gras et que parfois l'auteur gomme des dessin qui restent donc comme un fantôme, une trace. Parfois elle recolle d'autres cases par dessus les anciennes sans le cacher lors du scannage. Un traitement somme toute violent pour un propos similaire.

En tous cas, le tout est assez fort. D'un côté une narration plongeant le lecteur dans le brouillard de l'enfance et de l'autre un coup de crayon hésitant, imparfait, mais assumé. C'est le genre d'oeuvre qui ne peut que se cacher derrière le mot 'Poétique'.
Fatpooper
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le 19 juin 2012

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