Un titre basique tourné vers des personnages peu exploités en France

Batgirl and the birds of prey est l'une des séries en cours du Rebirth (le 14ème numéro sortant en novembre 2017). Bien qu'elle soit l'héritière de plusieurs séries intitulées Birds of Prey qui se sont succédées depuis 1999, c'est une série qui a peu été publiée en France, notamment en librairie.

Le scénario est en soi relativement basique, mais assure un service minimum qui n'est pas négligeable. Il est ainsi difficile pour moi d'écrire un véritable éloge à son propos , et tout aussi difficile d'écrire une diatribe à son encontre. Je vais donc tenter de me contenter d'énumérer quelques raisons qui pourraient pousser des lecteurs à lire ce récit ou au contraire à passer outre.

Je préfère commencer par le positif.

Pourquoi lire ce récit ?
_ Ce qui plaira probablement le plus aux fans de longues date, c'est de retrouver Barbara Gordon sous le costume d'une Batgirl plus classique. Les fans savent bien que Barb a troqué le costume de Batgirl pour celui d'Oracle après avoir été paralysé dans The Killing Joke. Si d'autres batgirl lui ont succédé, elle reste emblématique. Lors de la période new 52, on la retrouve enfin sous le costume de Batgirl, mais il faut avouer que l'ambiance de la série est alors plus légère que les autres séries du Batverse. On accroche ou pas, personnellement je n'ai pas accroché. Le fait est qu'on avait affaire durant cette période à des récits qui s'éloignait du personnage de l'âge classique. On retrouve enfin ici, un récit certes classique, trop peut-être, mais qui s'incarne bien dans la Gotham que l'on connait.
_ On retrouve aussi une intrigue centrée sur l'identité d'Oracle qui a marqué Barbara Gordon dans l'univers DC. Il n'est pas inintéressant de voir une intrigue montrant l'attachement du personnage à cette identité qu'on lui vole. En tant qu'Oracle, on voyait régulièrement justement la difficulté que pouvait avoir éprouvé Barbara Gordon a accepté son nouveau rôle à l'écart des combats après avoir joué le rôle de Batgirl. Cette problématique était logique et rejoignait celle d'accepter sa nouvelle vie adaptée à son handicape. Finalement bien assumée, la période new 52 en remettant l'héroïne sous le costume de Batgirl mettait davantage en avant cette "liberté" retrouvée mais pour ceux attachés à l'identité d'Oracle, c'était un peu dommage. Enfin avec le rebirth et ce premier arc des Birds of Prey, on y voit Barbara certes de nouveau Batgirl mais attaché à cette période de son passé qu'elle a appris à respecter comme les lecteurs. Ce respect du personnage d'Oracle est aussi traité à travers les réflexions d'une Black Canary qu'on sent presque nostalgique du duo complémentaire passé. On passe ainsi à autre chose mais sans renier le passé. Les plus initiés pourraient même trouver amusant de voir Helena Bertinelli rejoindre les Birds of Prey, sachant qu'elle fut durant l'âge classique la première héritière du costume de Batgirl après la paralysie de Barbara.
_ Enfin, on sera content du format de cette publication. Cette série n'attirera pas la foule, les amateurs du format librairie (dont je fais partie) n'auront jamais l'occasion a priori de découvrir cette série en format hardcover. Cependant la nouvelle politique d'édition kiosque d'urban permet de se permettre des écarts. Certes, on aura un papier d'une moins bonne qualité, un bouquin plus fragile, mais on aura ici un véritable récit complet. A part la présentation en début de numéro typique des kiosques, on se retrouve avec un arc complet qui nous présente tout simplement les six premiers numéros de la série à bas prix ! Presque donc comme on aurait pu les avoir en librairie, si cette série ne visait pas un public finalement trop limité. On peut donc enfin suivre les aventures de personnages secondaires comme Black Canary et Huntress. de plus la nouvelle taille des formats kiosque permet à ces comics de ne pas trop dépareiller dans une bibliothèque avec les HardCovers (bon, la différence se voit quand même mais ça fait pas trop moche).

Pourquoi passer à côté de ce récit complet ?
_ Déjà si on est vraiment allergique au format du kiosque, on retrouve quand même la présentation un peu kitch du kiosque, des mini-résumé au début de chaque numéro, des publicités pour les autres publications en quatrième de couverture et à l'intérieur du comics. Ces petits détails qui ont bloqué bon nombre de lecteurs franco-belges dans leur découverte des comics et expliquant le succès des publications librairie d'Urban bien adapté à ce public là.
_ On regrettera peut-être aussi le caractère trop classique d'un récit qui finalement reprend des perspectives vues et revues.
D'abord La problématique du héros plus radical et violent dans ses méthodes qui déplait à ses camarades. L'acceptation d'Helena dans le groupe malgré cet aspect du personnage manque de transition et d'explication d'ailleurs. De la même manière l'acceptation par Helena petit à petit des méthodes plus douces de Batgirl subit le même problème. J'ai par contre personnellement bien aimé la position un peu "je m'en foutiste" de Black Canary. A la fois, elle n'est pas choquée par The Huntress, d'un autre côté, elle a accepté les méthodes de son amie Barbara.
Mais le scénario lui-même mêlant finalement deux aspects de l'intrigue peut paraitre cliché. On mêle en effet à la fois la recherche du Faux Oracle (intrigue que j'ai appréciée pour des raisons précédemment citées) et celle de la vengeance d'Helena. Depuis quelques temps, j'ai l'impression que le personnage d'Helena Bertinelli est toujours traité sous l'angle de la personne cherchant la vengeance. Je m'attendais à ce qu'au moins un arc qui la ramène aux côtés de deux autres super-héroïnes la pousse un peu plus loin des sentiers qu'elle a battu elle-même ! (Même la série Arrow a traité le personnage dans cette perspective) Un intrigue qui me semblait donc déjà éculée avant ce récit.
_ Enfin dernière raison de passer à côté de ce récit selon moi est son caractère mineur. Si les trois héroïnes ne sont pas antipathiques, voire sont sympathiques, elles manquent un peu de charisme pour porter une série. Ne pas lire cet arc ne pénalisera pas à mon avis la lecture des principales séries du batverse, de la justice league...Malgré un cliffhanger non pas attendu mais pas très réussi, concernant l'assassinat de la famille Bertinelli. Pas très réussi, dans le sens, où il aurait dû provoquer des émotions qui sont absentes, il est mal traité selon moi. Un passage de flambeau à la fin de l'arc concernant l'identité d'Oracle pourrait être un élément "important", mais il est amené sans certitude et n'est pas présenté comme une nouvelle fondation solide, de plus le nouveau personnage apparait assez fade selon moi.

J'espère que cette critique permettra à certains de savoir si ce récit leur convient.
En tout cas personnellement, ce dont je me réjouis le plus, c'est du format de ces récits complets qui est très encourageant pour un amateur de hardcovers comme moi qui souhaite malgré tout avoir une collection des plus complètes possibles.