Au turf - La Nef des fous, tome 4
7.7
Au turf - La Nef des fous, tome 4

BD franco-belge de Turf (2001)

Les quatre premiers tomes de LA NEF DES FOUS sont excellents. Turf sait rendre ses albums vivants et intéressants : les couleurs chatoyantes, les mises en pages qui mélangent intelligemment un agencement classique ou original des cases selon ce qui est raconté (leur explosion ou leur enchevêtrement), l'emploi des phylactères de façon active (ils servent souvent de fil conducteur au lieu d'employer des flèches) ; tous ces éléments rendent le récit très dynamique et on ne décroche pas un instant.
De plus, l'humour qui apparaît de manière beaucoup plus directe dans Turbulences grâce, par exemple, au sergent et son naïf et bête adjoint, à Aphros et sa lenteur d'esprit, ou encore grâce aux schloumpfs qui se font dérouiller par le robot commentant lui-même ses caractéristiques & fonctionnalités à la manière d'un VRP (c'est un des passage les plus désopilants de toute la série) achèvent de placer la série dans la très bonne BD d'aventure. C'est poétique, plein de trouvailles, de finesse. Bref, on ne tarit pas d'éloges à son sujet... jusqu'à ce tome 4.


Car malheureusement, les choses commencent à se gâter dès l'album suivant (Puzzle) où le rythme va sérieusement ralentir. Le roi revient au premier plan alors que c'est le seul personnage un peu ennuyeux de la série (il dort, fait un puzzle, regarde la tv...). C'est d'ailleurs un personnage très stéréotypé de roi de conte de fées (rond, gentil, papa-gâteau limite Père Noël, rappelant un peu celui de JOHAN & PIRLOUIT). Seule son intervention télévisée est intéressante pour le déroulement de l'intrigue. Le reste n'est que remplissage (notamment sa rencontre avec l'assureur, autre personnage inutile).
Les albums 6 et 7 prolongent plus que de raisons une enquête des deux policiers dont on a finit par se désintéresser (vu qu'entre temps le roi est revenu sur son trône avec tout ce que ça implique) et leurs pérégrinations deviennent même grotesques. Turf complique à outrance leur parcours, ce qui devient très artificiel et longuet. Faire revenir Ambroise est également curieux. Ça ne paraissait vraiment pas nécessaire ; encore un élément d'alourdissement du récit.


Lorsqu'on relit toute la série d'un trait, la fin vaut ce qu'elle vaut et n'est plus aussi décevante qu'elle le semblait à la première lecture. Il demeure toujours cette persistante sensation qu'un ou deux albums ont été faits dans le seul but de prolonger la série par principe plus que par nécessité, la dénaturant par conséquent. Mais, même si on peut être déçu par la seconde partie, les 4 premiers tomes restent quand-même de grands albums.


Si on aime LA NEF DES FOUS, on peut également lire HOROLOGIOM dont l'univers clos est assez comparable à certains égards. Mais HOROLOGIOM est moins drôle, plus sérieux et le trait de Lebeault est plus raide que celui de Turf, plus rond et coulé. Lebeault a cependant su, lui, s'arrêter à temps.

Muffinman
7
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le 31 janv. 2015

Critique lue 303 fois

Muffinman

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