Mémoire, délires et rêves se mêlent plusieurs fois à la réalité dans ce récit: Anaïs s'évanouit plusieurs fois, et c'est l'occasion pour elle de voir des images relatives à son enfance; les épisodes qu'elle a vécus avec son père semblent redoutables. Le comportement d'Anaïs est parfois peu cohérent ou immature: si d'un côté elle repousse avec vigueur les tentatives amoureuses de ses prétendants, elle ne dédaigne pas se faire admirer et complimenter avec complaisance, et la frontière entre les deux situations se révèle ténue, surtout quand on a un mari aussi jaloux que le sien.
Deux éléments font la personnalité de cet album:
* un dessin assez léger, et des contrastes lumineux liés à des couleurs également légères, un peu dans le style des aquarellistes, adapté à la luminosité de la région où se situe l'action. Bel effet de flou lors d'un scène de bal, où seuls les personnages centraux sont nets.
* la référence à des parlers régionaux, coutumes, oeuvres d'art locales (les diables sculptés dans la maison de Marceau), qui enracinent le récit dans la réalité d'un lieu et d'une époque.
L'obscurité entretenue sur les deux meurtres incite à attendre la suite.