Ma première réaction a été de trouver la couverture très rose et très chat. Je me suis dit "encore un truc girly gnangnan d'une fille qui adore son chat et achète le dernier I-phone." Heureusement, j'ai tout de même eu la curiosité de l'ouvrir, et là, ô surprise !


Souvent, l'autobiographie en bande dessinée s'attache à raconter un quotidien très banal, de personnes discrètes et qui, du coup, trouve un écho dans la vie des lecteurs. Ce qui m'a rendu si intéressant ce roman graphique d'Ulli Lust, c'est justement l'inverse.


L'auteure autrichienne a une vie atypique et surtout intense, un parcours chaotique et erratique, en trois mots : hauts en couleurs, qui comme une bonne aventure, tient en haleine. D'une manière générale, ce roman graphique regorge donc d'éléments d'intérêt. Je vous les laisse découvrir et me concentrerai ici sur un épisode du récit qui m'a particulièrement marqué : le moment où son amant, jusqu'alors doux et sympathique, commence à basculer dans la jalousie et la violence, jusqu'à faire d'elle une femme battue.


Le récit de cette expérience a été pour moi une découverte particulièrement surprenante – car inattendue – et riche d'enseignements. J'ai été étonné, puis petit à petit choqué et horrifié, tout en restant très curieux des informations que contient ce document d'une grande valeur sociétale.


Grâce à la manière détachée et toujours simple, sans fard, qu'Ulli Lust a de raconter sa vie, on perçoit combien ces situations font partie d'une réalité quotidienne, de quelle manière, sans même s'en apercevoir, hommes ou femmes, dominés autant que dominants, peuvent basculer dans une relation violente et s'en trouver rapidement prisonnier. Ici, pas de condamnation, pas d'emphase, pas de jugement (et d'apprendre qu'Ulli Lust pratique le reportage dessiné ne m'étonne pas). Le lecteur n'est pas pris à parti, il est simplement spectateur, maître de se faire son opinion. La lecture s'en trouve d'autant plus fluide et enrichissante.


Une des choses qui m'ont le plus marqué est sûrement... de ne pas l'avoir vu venir. Tout comme elle, finalement. Et depuis, je me surprends à être plus méfiant dans ma vie amoureuse. Parce que le récit d'Ulli Lust raconte aussi à quel point on n'est jamais bien sûr de ce que recèle exactement la personnalité des autres, dans ses zones d'ombre, ses placards fermés – pas plus que la nôtre, d'ailleurs.

Mathieu_Péquignot
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le 31 mai 2018

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