The ronin who killed n°1

Salut tout le monde, je m'en va vous taper 2/3 mots de Afro Samurai.

Voilà, voilà, voilà...

Bon, ok, j'ai pas grand chose à dire, je veux juste donner mon ressenti vis-à-vis de cette anomalie mangaesque.

Car oui, dans le paysage manga japonais, Afro, c'est un ODNI (Objet Dessiné Non Identifié).
Le manga mélange, pèle-mèle, un style graphique type comics, une ambiance film de ronin/western, des décors très inspirés du Japon féodal mais avec un petit peu de cyberpunk par-ci, par-là, une histoire de vengeance façon Kill Bill (d'où la référence au western), des combats de sabre, et un héros afro-américain avec une coupe afro.

Il vous en faut plus pour être conquis ?

Bande de frileux.

Afro possède donc, comme je l'ai dit, un style graphique très atypique, très inspiré des comics et des films americains, mais tout en arrivant à y ajouter la patte manga classique ainsi que le découpage et la mise en scène caractéristiques de ce média.
Ajoutons que la seule couleur employée dans le manga, à part le noir et le blanc, bien sur, est le rouge du sang, ce qui n'est pas sans rappeler un certain Sin City.
Le découpage est très fin, bien rodé et dynamique quand il faut, et l'on a souvent droit à des cases ou des doubles pages que j'aime à qualifier de "Plans iconiques façon cinéma comme on les aime !", qui offrent une mise en scène spectaculaire. Ce manga est un gros road-trip contemplatif, à la limite, on s'en fout du scénario, du moment qu'on a les dessins !

Ce mélange des médias, et par extension des cultures, amène à une hybridation de 2 genres cinématographiques très chers à nos pays concernés : Le ronin pour le Japon, et le western pour les États-Unis; Rien que les 5 premières pages du manga sont très représentatives de ce mélange des genres : Un samouraï face à un cow-boy. Vous en rêviez ? Afro Samurai l'a fait !
L'univers qui en découle est, de fait, hybridé, mélangeant le traditionalisme des décors et de l'architecture nippone et la robotique bien moderniste du modèle américain, mais sans que l'auteur force une confrontation entre ces 2 cultures, comme c'est souvent le cas dans les films americains ou les mangas. Même si l'univers reste très secondaire, il faut avouer qu'il arrive à tirer son épingle du jeu en étant plutôt atypique.
A noter d"ailleurs qu'un dénommé Frank Miller, je sais pas si vous connaissez, s'est lui même longtemps essayé à ce mélange des cultures dans ses comics, comme sa série Ronin (Oh tiens), ou ses divers ajouts d’éléments nippons (Elektra, la Main,...) dans la série Daredevil.
Comme quoi.

L'histoire (oui, je parle de l'histoire à la fin, #LaLogique) en elle-même constitue peut-être le principal point faible de l’œuvre, car c'est une histoire de vengeance au final tout ce qu'il y a de plus classique, dans un délire proche de Kill Bill, mais avec un coté plus linéaire. On entrevoit souvent les ravages que cause Afro tout du long de son périple, car dans sa quête de vengeance aveugle, il fait bien souvent plus de tort aux innocents qu'aux méchants, un ressort scénaristique classique, me direz-vous mais cela nous est heureusement montré sans essayer de nous inculquer une morale, toutes les morts du manga nous sont montrées avec une froideur surréaliste, mais cohérente avec le thème du manga.

Bref, Afro Samurai est donc un très bon manga, qui souffre beaucoup de sa pauvreté scénaristique, mais qui, à part ça, n'a rien à envier à personne.
Donc, pourquoi tant de personnes rechignent à le lire ? "C'est parce que ça ressemble pas à un manga, donc c'est pas bien !"
Mouais, c'est sur que d'un point de vue graphique, ça détonne énormément avec les canons habituels de la bande-dessinée japonaise, mais je trouve personnellement que cette ouverture culturelle, cette hybridation des styles, donne un cachet savoureux au manga, et puis c'est quand même une approche très originale du 9eme art, il faut bien le dire.
On peut d'ailleurs ressentir l'influence de ce manga sur pas mal de productions sorties après lui, comme Blame!, avec son style très typé franco-belge, ou le récent Jabberwocky et son dessin très Sin City dans l'idée.

A lire.