Ce tome fait suite à 30 jours de nuit qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il contient les 6 épisodes de la minisérie "Jours sombres".


L'histoire commence sur le final du tome 1 et propose de suivre Stella Olemaun. Elle quitte Barrow, cette ville située à l'extrême nord de l'Alaska, pour se rendre à Los Angeles. Dans cette ville, elle loue les services de 4 hommes de main et se rend chez un armurier un peu particulier qui lui a préparé un colis un peu spécial, avec des outils fabriqués sur mesure. À l'issue du carnage initial à Barrow, Stella a écrit un livre pour dévoiler au grand jour l'existence de ces monstres sanguinaires que sont les vampires. Elle a été invitée à Los Angeles par son éditeur pour commencer sa tournée de dédicaces. Elle n'a aucune illusion : elle sait qu'en agissant ainsi elle se met en avant comme cible toute désignée pour la communauté de vampires. À la Nouvelle Orléans, un junkie vient informer Judith des agissements de Stella Olemaun. Du coté des suceurs de sang, les familiers de Vincente murissent des idées de vengeance. Une seule certitude : le sang va gicler !


Avec ce tome, le lecteur retrouve un scénario décompressé de Steve Niles et les illustrations esquissées de Ben Templesmith, les mêmes auteurs que pour le premier tome. Il présente l'un et l'autre la même particularité : leur art repose sur un fragile équilibre de création d'ambiances qui ne fonctionnent qu'à condition d'avoir trouvé le juste dosage entre ce qui est montré, ce qui est sous-entendu et ce qui est suggéré. S'ils n'en donnent pas assez, le récit est creux, s'ils en font de trop ils tombent dans les ornières de toutes les histoires déjà écrites avant eux. Le pari est risqué pour l'illustrateur, comme pour le scénariste, tout est dans le style.


Ben Templesmith est un illustrateur vraiment particulier, à part parmi la masse des professionnels des comics. Il définit les contours des personnages (et des décors quand il y en a) sous forme d'esquisse ou de croquis simples. En ça son style est à l'opposé du photoréalisme, il tire plutôt vers l'icône, rarement vers l'abstraction dans ce tome, des fois vers le simple gribouillis. Je n'exagère pas : à un moment un agent du FBI montre sa plaque et les lettres FBI ont été gribouillées sur ce qui figure un carré de papier. Il y a également des pages entières qui se succèdent sans aucun décor, pendant une dizaine de pages d'affilée, et ce à plusieurs reprises.


Mais Templesmith ne se moque pas du lecteur, il utilise d'autres éléments pour figurer les émotions, l'ambiance, l'action. Son outil de prédilection est la couleur. Les personnages arborent souvent des expressions exagérées que les couleurs viennent contrebalancer. Les trois quarts du dernier épisode sont baignés dans une atmosphère de gris et de noir avec de très rares taches de couleurs : un jaune faiblard pour les cheveux de Stella, le blanc des yeux, et le blanc des dents, et bien sûr des taches de rouge pour le sang. Dans le premier tome, Templesmith jouait aussi sur le contraste de ses formes esquissées et de quelques éléments rendus plus précisément tels que les dents acérées des vampires. Seules ces dernières bénéficient encore de cet effort graphique, tout le reste est délaissé au profit des effets de camaïeux. L'absence d'effort pour varier les effets finit par attirer l'attention du lecteur sur le vide que masquent les couleurs. À mon goût Templesmith n'a pas réussi à trouver le juste dosage, le point d'équilibre.


De son coté, Steve Niles sait donner une personnalité fort attachante à Stella Olemaun qui porte le scénario de bout en bout. Elle génère une empathie impressionnante qui permet au lecteur d'avaler un ou deux passages un peu tirés par les cheveux. Niles prend également soin de bien mettre en avant le coté irrémédiablement monstrueux de ses vampires. Son intrigue commence par une situation à la fois classique (Stella veut déciller les yeux de la population générale), tendue (elle se met en danger), et très particulière (la tentative de Stella tourne court tout de suite et l'histoire trouve ses racines dans le premier tome). De fait le lecteur est happé par cette conduite à haut risque dans une histoire où rien ne permet de savoir si Stella est destinée à devenir un personnage récurrent, ou si elle peut y laisser sa peau (ou pire encore acquérir des canines pointues). Mais le scénario prend encore un autre tournant pour une quête dont l'enjeu laisse dubitatif. Même si Stella déclare qu'elle ne sait plus où elle en est, son nouvel objectif manque de crédibilité. Le récit tient en haleine jusqu'au bout, mais il abuse un peu de la suspension consentie de l'incrédulité.


Steve Niles et Ben Templesmith proposent une suite intéressante, développant les vampires au-delà de Barrow, mais souffrant de quelques maladresses de scénarios et de choix graphiques pas toujours convaincants. Les vampires cherchent à laver l'affront qu'ils ont subi dans Retour à Barrow.

Presence
7
Écrit par

Créée

le 14 mars 2020

Critique lue 89 fois

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