Janny Dakkar se fâche avec son père, l'illustre Capitaine Nemo et elle se rend à Londres comme passager clandestin. Une fois arrivée, elle s'engage comme bonne à tout faire dans une taverne du port. Thomas Carnacki subit des rêves prémonitoires dans lesquels Oliver Haddo engage sa secte à préparer la venue du Moonchild. Ces visions incitent Mina Harker à remobiliser ses troupes (ou ce qu'il en reste : Orlando, Thomas Carnacki, A.J. Raffles et Allan Quatermain) pour essayer de localiser le mage, puis à se rendre à l'exécution de Jack MacHeath. Le tome se termine avec le retour du Nautilus avec à sa tête Ishmael.


J'ai beaucoup aimé ce tome de la League of Extraordinary Gentlemen (LoEG), malgré ses particularités qui le mettent encore plus à part que les tomes précédents. Il faut déjà avoir conscience qu'il s'agit du premier épisode de la trilogie baptisée Century. Le deuxième épisode se passera en 1969 et le troisième en 2009. Ensuite il faut accepter qu'Alan Moore dirige sa barque à son bon vouloir et non pas à celui de ses lecteurs.


Pour commencer, il a indiqué dans une interview que le fait d'avoir changé d'éditeur lui a permis de se libérer de la construction habituelle des comics d'aventures. Donc ne vous attendez pas à des hauts faits de la part des membres de la LoEG : ils pataugent du début à la fin sans rien comprendre à ce qui se trame. Ensuite Alan Moore n'y a pas été avec le dos de la cuillère en terme de continuité : si vous n'avez pas lu The Black Dossier (disponible en anglais uniquement, du fait de problèmes de droit d'auteur), vous aurez beaucoup de mal à comprendre les évolutions des personnages depuis La ligue des gentlemen extraordinaires, Tome 2 et qui est vraiment Orlando.


Le présent volume se termine comme d'habitude par un texte (6 pages) en petits caractères et avec de rares illustrations (4 petites cases). Ce récit intitulé "Les laquais de la Lune" est composé de plusieurs parties qui fournissent des informations sur des événements survenant entre les tomes. Le premier fragment semble décrire comment Orlando est devenu immortel en 1236 avant Jésus Christ (avec de forts relents de 2001 : L'Odyssée de l'espace). Le passage suivant s'immisce dans une conversation entre Allan et Orlando qui s'apprêtent à s'adonner à la débauche à Paris en 1964. Le texte passe ensuite à une conversation entre le Captain Universe et Vull dans le nuage de Magellan, toujours en 1964. La scène suivante se passe dans Brazen World sous le regard de Prospero avec Mina Harker et le Galley-wag. Et enfin ces derniers se lancent dans un voyage vers la lune toujours en 1964.


Fort heureusement, le lecteur retrouve tout ce qui fait le sel de la série : une pléiade de héros extraits de romans populaires plus ou moins connus (plus connus des lecteurs anglais que des lecteurs français, avec une mention spéciale pour le prisonnier de Londres et sa relation très particulière au temps qui évoque le Dr. Manhattan), une femme très déterminée, Mycroft Holmes en contact du gouvernement, un humour très anglais, l'allusion à un quai neuf trois quarts, un expatrié parti de Londres en 1888 et revenant pour continuer son oeuvre sanglante évoquant From Hell, une détournement savoureux du livret de l'opéra que Quat' sous de Bertolt Brecht (même si vous ne connaissez pas cette œuvre)...


Kevin O'Neill conserve son style si particulier : détails des vêtements et des décors, angles improbables mettant en évidence l'étrangeté ou la singularité des personnages et des décors, pages claires et faciles à lire. La prépondérance des lignes droites et des angles par rapport aux courbes dénote par rapport aux lignes courbes majoritaires dans les comics ordinaires, obligeant ainsi le lecteur à porter un regard différent sur les personnes et les lieux représentés dans chaque case. Et les scènes de massacre en deviennent vraiment horrifiques sans aucune complaisance possible.

Presence
9
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le 26 août 2019

Critique lue 214 fois

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