Si on a bien compris le concept, Yanqui U.X.O. n'est qu'une entreprise militaire fictive, point central d'un organigramme qui relie les quatre majors du disque à des entreprises, elles bien réelles, liées à l'armement. Cela, on le retrouve au verso du disque. Après, comme les cinq longues suites qui composent l'album ne comportent ni titres ni paroles (ce qui est assez fréquent dans la musique instrumentale),l'argumentation pour dénoncer les liens entre industrie musicale et guerrière doit tenir dans la musique elle-même. Et, effectivement, l'alliance des cordes et des nombreuses guitares dans ces longs développements post-noise tendus vers le paroxysme peut incliner à toutes les métaphores guerrières. Si chacune de ces plages est le rapport d'une mission sanglante, contée avec dégoût et empathie, le champ des sens possibles le permet. Car si on peut s'agacer de la position orthodoxe de ce collectif canadien anti-mondialiste reconverti en donneur de leçons même sans ouvrir la bouche, on reconnaîtra toujours son formidable pouvoir d'évocation, fait d'un sens combiné de la sobriété harmonique et de la structuration de grandes pièces épiques, qui suggère plus qu'il n'impose à l'imagination.(Magic)


Chers amis, nous voici en présence d'une brillante illustration du chaos. Chérissant au plus profond d'eux-mêmes l'anticonformisme, Godspeed annonce encore une fois son irréductibilité et menace d'écrouer l'empire des majors par son sublime mais inexact verso de la pochette. Défi récurrent chez les canadiens de Constellation qui consiste à révéler une filiation entre l'action militaire et le commerce du disque. Engagés, c'est certain. Il n'en demeure pas moins que ce quatrième album sonne le glas du joli rock bien habillé et alterne savamment les atmosphères électriques comme les plus grands. Artillerie lourde, les neuf musiciens du collectif Godspeed – dont trois guitaristes – bénéficient cette fois d'une production en partie d'Albini, manquant parfois d'un peu d'épaisseur mais fort louable ; les cinq mouvements de cette symphonie apocalyptique continuent d'hypnotiser sans jamais lasser et perpétuent cette délicieuse angoisse des redoutables Godspeed. Enfin de l'action ! (indiepoprock)
bisca
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le 27 mars 2022

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