WWCD
7.3
WWCD

Album de Griselda Records (2019)

"Tu vois Eminem, le game se divise en 2 catégories, il y a ceux qui ont un son de ouf, et il y a ceux qui creusent... Nous, on creuse..."
Et je vous le dis de suite, ça creuse profond...
Alors, dans un 1er temps Griselda, c'est quoi ? C'est qui ?
Westside Gunn, Conway the Machine et Benny the Butcher... Et... Daringer aux manettes pour l'ambiance sonore... Rien pour les blazes des gus, ça vaut son pesant de cacahuètes...


Une intro qui n'a pas grand intérêt, si ce n'est d'inviter Raekwon, membre éminent du Wu-Tang Clan ... Et c'est parti pour 40 min (j'exclus le dernier titre bonus qui est très bon mais qui est un peu "hors jeu" par rapport au reste de l'album qui est, lui, d'une cohérence implaquable...) de descente aux enfers... (Certains disent que l'enfer c'est quand on monte au ciel, mais dans le cas de Griselda, on descend... Inexorablement...


Musicalement, on est quelque part entre le Wu-Tang, les Fugees (pour l'enchaînement des parties vocales et les "adlibs" à tout va), la vague Odd Future (les Tyler the Creator, Earl Sweatshirt dans leur début...) mixés par un "beat maker " (Daringer) qui semble totalement sous influence, et qui nous pose tous ses beats assassins au ralenti avec des sonorités improbables, un peu comme celles que l'on trouve dans les albums de Portishead quand il s'agit de nous foutre les miquettes à zéro avec leurs ambiances de manoir hanté et de cirque des horreurs... Pour amplifier cet effet, la grande majorité des sons est faite à la batterie, clavier, etc...


Mis à part l'entrée en matière, qui sonne plus comme un bon titre hip-hop classique, sombre mais gardant une certaine dynamique, peut-être le filet de lumière que le plongeur voit encore à l'entame de sa descente vers les fonds marins ?...
Le reste n'est que noirceur...
Dès le morceau suivant, Griselda nous fait une promesse : nous ne reverrons plus la lumière.
Là où le hip-hop dépeint la violence urbaine, le son de WWCD est tellement étouffant que c'est un monde sauvage, crasseux, sous-terrain, qui nous est exposé dans toute sa cruauté.
La marginalisation de cette jeunesse s'écoute, se vit au travers de cet album, un peu comme une excursion spéléologique. Un parcours glauque, tumultueux, dans une grotte inondée, seul, sans guide, avec pour unique matériel une frontale dont les piles sont en fin de vie...
...En sortirons-nous, en sortiront-ils indemnes ?...

Killbonny
8
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le 24 avr. 2022

Critique lue 73 fois

Killbonny

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