A Place to Bury Strangers ne fait pas dans la demi-mesure dans un Workship tonitruant. Mais l'amateur de krautrock et de coldwave (dont je suis) ne peut qu'y trouver son compte. Comme un petit plaisir coupable...


Avec ce troisième album, les Brooklyniens surnommés"groupe le plus bruyant de New York" (un peu exagéré tout de même) continue de créer leur sillon fait de fracas et de mélancolie froide, de revival eighties et de relecture post-moderne. Ecrit, enregistré et masterisé par le groupe lui-même,, Workship constitue une nouvelle étape dans ce mélange Krautrock et coldwave, post-punk et shoegaze devenant la version explosive de Exploding Boy (2009). Tout y est plus brutal, plus martial, plus distordue, à se demander pourquoi APTBS a décidé de taper si fort sur ses fûts ou de faire péter autant ses synthés (Alone et sa fin en forme de bruitus interruptus). Avec ce disque, le groupe s'apparente parfois aux premiers Killing Joke ou à Suicide. Le côté Dream pop a été ici largement gommé ou plutôt se trouve enseveli sous une tonne de gravas. C'est fort mais c'est aussi un peu facile. Nettement plus larvé et bâti sur une mélodie séminale, un titre comme Fear, nous prouve que les Américains n'ont pas besoin de sortir l'artillerie lourde pour frapper fort (les esprits). Avec son côté western de l'Apocalypse, Slide marque aussi les esprits avec plus d'ambivalence. La voix désincarnée en écho d'Oliver Ackerman et les guitares toutes fumantes suffisent déjà à notre bonheur.


De Jesus and Mary Chain à Black Rebel Motorcycle Club, APTBS n'invente rien mais décline efficacement les court-circuits minimalistes (Why I can't cry anymore, Revenge) et , les moments plus noisy-pop (Dissolved ou la mélodie surannée d'And I'm up). Workship constitue pour l'amateur une sorte de paradoxe, celui de voir un groupe qui a tendance à se caricaturer lui-même mais qui continue de plaire par son radicalisme et sa force de frappe. Même si APTBS séduit l'auditeur avec des forceps.

denizor
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs albums de 2012 et Les meilleurs albums du shoegaze

Créée

le 7 juil. 2016

Critique lue 106 fois

denizor

Écrit par

Critique lue 106 fois

D'autres avis sur Worship

Worship
skacky
7

Trop propre

Quand j'avais été voir A Place to Bury Strangers en avril 2012, j'avais dit à Oliver Ackermann après le concert que j'allais me prendre Worship dès qu'il sortirait. J'avais bien aimé Onwards to the...

le 6 oct. 2012

2 j'aime

Worship
denizor
8

Critique de Worship par denizor

A Place to Bury Strangers ne fait pas dans la demi-mesure dans un Workship tonitruant. Mais l'amateur de krautrock et de coldwave (dont je suis) ne peut qu'y trouver son compte. Comme un petit...

le 7 juil. 2016

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime