Wonderful, Glorious
7.1
Wonderful, Glorious

Album de EELS (2013)

Un vent nouveau souffle sur la caboche secouée de Mark Everett. Trois ans après la très inégale trilogie que formaient Hombre Lobo, End Times et Tomorrow Morning, l'entité nommée Eels s'est refaite une beauté. Pour l'occasion, Everett a ouvert simultanément son procédé de composition et son portefeuille. Ce dernier lui permet de construire un joli studio tout neuf, le "Compound", pour un nouveau son sacrément puissant - on le verra par la suite. Niveau compos, le barbu inclut pour la première fois depuis des lustres les autres membres dans le processus. Quant au bombardier miniature qui survole le fond orange de la pochette de Wonderful, Glorious, il ne nous aura pas menti : Eels alourdit le propos et propose un album rutilant qui se pose facilement comme le meilleur depuis le double Blinking Lights (And Other Revelations).

Le premier élément qui saute aux tympans à l'écoute de Wonderful, Glorious (c'est lui qui le dit), c'est ce son... Le Compound apparaît comme étant bien plus qu'une simple excentricité du chanteur rauque. Uni, puissant, c'est un bon gros coup de poing que l'on reçoit à l'écoute de ces grosses guitares et cette batterie fracassée ("Peach Blossom", dans ta gueule). Everett braille et balance riff sur riff : "Bombs Away", "Kinda Fuzzy", "New Alphabet", "Stick Together", la liste est encore longue... Plus basique qu'auparavant, sûrement moins torturé aussi, E a choisi la simplicité rock'n'roll et on ne saurait lui en vouloir. Après tout, une autre chose semble évidente sur Wonderful... : Everett est de bonne humeur. Toute proportion gardée bien sûr, mais toujours est-il que cet album est possiblement l'album le moins cafardeux de sa carrière, après Daisies of the Galaxy. Que ce soit en s'époumonant des refrains tels ce "My love is beautiful it's there for the taking/It's strong and pure and utterly earth shaking" sur le morceau éponyme ou en pourchassant joyeusement la robe à fleur du clip de "Peach Blossom", le barbu tient la forme, pas de doute possible. Une accalmie, chose rare chez un artiste qui construisit son fond de commerce, les années durant, sur ses déprimes chroniques. Conséquence (ou origine) de cette nouvelle légèreté d'humeur, Eels ne fait qu'un avec son groupe et le disque témoigne d'une synergie idéale entre les différents membres. Comme une jam parfaitement contrôlée. Ceci étant, on retrouve exposé dans l'album une des faiblesses du californien : les balades. Ces "Accident Prone" et autres "I Am Building A Shrine" mielleuses qui cassent le rythme du disque... M'enfin, on lui pardonnera ces incartades ; difficile de reprocher à notre ami cafardeux de garder le moral sur tout un album !

Pour toutes les raisons évoquées précédemment, à cause de cette petite révolution dans la façon qu'a le groupe de faire de la musique, beaucoup de fans de toujours boudèrent ce nouvel album. Pourtant, on ne souhaite que le meilleur pour le malchanceux Mark Everett qui nous avait déjà prouvé 13 ans auparavant qu'il était capable de créer efficacement sans pour autant nager dans le spleen. E s'éclate de A à Z sur Wonderful, Glorious et balance du gros son. "I'm feeling kinda fuzzy, but you know I'm alright", c'est lui-même qui nous le dit. Pas la peine de se prendre la tête, c'est pas tous les jours que ça arrivera, profitons !
TWazoo
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums de 2013, 2013 en musique (depuis mon placard) et Un jour j'aurai une platine. Et de l'argent. En attendant, j'ai des CD

Créée

le 25 sept. 2013

Critique lue 285 fois

3 j'aime

T. Wazoo

Écrit par

Critique lue 285 fois

3

D'autres avis sur Wonderful, Glorious

Wonderful, Glorious
takeshi29
8

Mark Oliver Everett génie enfin heureux

Mark Oliver Everett est un être à part, écorché, fragilisé par une vie qui ne lui a fait aucun cadeau. De ces malheurs successifs l'américain a tiré une discographie passionnante quoique très...

le 25 févr. 2013

5 j'aime

Wonderful, Glorious
TWazoo
7

Kinda fuzzy, but alright !

Un vent nouveau souffle sur la caboche secouée de Mark Everett. Trois ans après la très inégale trilogie que formaient Hombre Lobo, End Times et Tomorrow Morning, l'entité nommée Eels s'est refaite...

le 25 sept. 2013

3 j'aime

Wonderful, Glorious
BenoitRichard
8

Eels est des nôres !

(...) même si le son et les gimmicks de Mark Oliver Everett n’ont plus de secret pour nous, on reste toujours admiratif et forcément très client de son blues-rock pas comme les autres, de ses...

le 1 mars 2013

1 j'aime

Du même critique

One-Punch Man
TWazoo
4

"Well that was lame... I kinda had my hopes up too."

Cette citation n'est pas de moi, c'est Saitama lui-même, principal protagoniste et « héros » de One-Punch Man, qui la prononce après un énième gros vilain dûment tabassé d'un seul coup...

le 5 janv. 2016

67 j'aime

38

Jackson C. Frank
TWazoo
9

Milk & Honey

"Le plus connu des musiciens folk sixties dont personne n'aie jamais entendu parler." Ainsi s'exprime très justement un journaliste dans un article dédié à la mémoire de Jackson C. Frank, mort en...

le 16 oct. 2013

66 j'aime

4

Murmuüre
TWazoo
9

Murmures du 3ème type

On pourrait être tenté, à l'approche de la musique de Murmuüre, de ne parler que de Black Metal. On pourrait amener, à la simple écoute des guitares poisseuses et saturées ou bien des - rares -...

le 30 sept. 2014

54 j'aime

5