Ain't got time for what you feel.

Quand je m'imagine un cliché des années 80, j'entends des murs de synthé, éventuellement un peu de saxophone, du cuir, des lasers dans les yeux, des coupes de cheveux démodées au bout de deux jours, des collants fluo et d'autres trucs bien kitsch du même acabit. En fait j'imagine à peu de choses près la scène mythique du film Lost Boys, où l'acteur principal se pointe à un concert magique de Tim Cappello, c'est à la fois ridicule et super cool.
Dans ce même style, du coup, quand je pense au fameux jeux de rôle Vampire La Mascarade, c'est exactement ce que je vois...ce ne serait pas très surprenant si c'était l'une des influences principales, Lost Boys en a marqué plus d'un.
Mais là vous vous demandez où je vais ! Ah c'est pourtant évident, With Sympathy de Ministry colle parfaitement à cette ambiance boîte de nuit méga 80s et méga kitsch. Il y a un petit autre chose supplémentaire, cette pochette d'album me parait étrangement familière. Du marbre, des roses...non mais attendez bande de méchants copiteurs ! C'est exactement la même chose que la couverture originale du livre de règle de Vampire La Mascarade, non mais oh c'est quoi ça ?

Voilà un album bien compliqué, en fait pas du tout, je suis un gros menteur. With Sympathy joue avec l'air du temps, entre Synthpop et musique Goth, nous sommes définitivement en pleine année 83. Ce qui est réellement compliqué c'est la relation qu'entretien Al Jourgensen avec celui-ci. Dans de nombreuses interviews au fil des années, Al passe son temps à le dénigrer, voire même de ne pas citer son nom (faut pas déconner on parle pas de Voldemort non plus). Je peux comprendre son opinion négative, surtout quand on le compare aux albums qui suivront. Mais son discours va beaucoup plus loin et j'ose penser qu'il exagère un peu beaucoup. Selon Jourgensen, il aurait été complètement formaté par sa maison de disque, il n'aurait absolument rien écrit de lui-même, son look et sa coiffure auraient été arrangé pour mieux passer auprès des minettes, sans parler de son faux accent anglais, mais oui bla bla bla bla...c'est un menteur !
Là où sa cloche c'est qu'on a pas mal de preuves du contraire. Il existe une chanson très similaire à ce style, sortie sous un autre label en 81, soit deux ans avant l'album en question. Une autre qui ressemble tout autant sortie l'année suivante, qui servira de base pour I Wanted To Tell Her présente sur le disque. Il existe même des extraits de concerts datant d'avant sa signature avec sa production, où le groupe interprète des titres qui sortiront plus tard. D'autres images en plein pendant la sortie de l'album montre bien qu'Al s'amuse comme un petit fou, grand sourire aux lèvres.
De plus dans un entretien avec Robert Roberts, l'un des anciens membres originaux de Ministry, selon lui, même si ça ne représentait pas parfaitement leur son en Live, le chanteur n'avait clairement pas eu la main forcée. Et que ce-dernier justement semblait aimer ça, bien plus que le reste du groupe. Plus récemment encore, Jourgensen dira que l'album avait une importance dans le changement de son opéré sur les albums suivants et qu'il ne serait pas là sans lui. Puis quand même, le mec refuse de faire la promo mais fait tout de même la première partie de Depeche Mode ou Culture Club...en jouant des chansons de With Sympathy...hein ?

Mais du coup, finalement ça donne quoi tout ça ?

On commence sure Effigy (I'm Not An) avec ses synthés qui prennent définitivement le dessus. On dirait presque Depeche Mode, entre l'album Speak & Spell et A Broken Frame. Avec plus d'accent anglais de Dave Gahan par contre...enfin un faux accent comme je disais plus tôt, mais c'est le cas sur l'album entier.
Revenge est le seul titre avec un clip vidéo. Un magnifique clip d'ailleurs, avec un superbe playback où Al Jourgensen semble imiter Tears For Fears avec son articulation exagérée. C'est finalement l'une des meilleures chansons de l'album, assez dark et pas si kitsch que ça. Les paroles et la prononciation de certains mots sont ridicules par contre, mais ça fait son charme.
Avec son intro et la ligne de basse prédominante, I Wanted To Tell Her est étonnamment funky. Comme je disais un peu plus haut, il s'agit en fait de Primental, une plus vieille chanson du groupe légèrement remaniée et avec des paroles. Au final cette nouvelle version est plus intéressante, super dansant. Ce sera d'ailleurs l'un des seuls succès ici présents.
En continue avec le premier single, Work For Love. Le meilleur morceau de With Sympathy selon moi, assez entêtant et d'une efficacité redoutable. Lors de la sortie européenne du disque, son titre sera échangé par celui de cette chanson, même la prod avait bien compris que c'était le top du top. Je vous conseille fortement la version Live, qui démontre bien qu'Al Jourgensen est un sale menteur.
On repart sur les murs de synthés avec Here We Go, c'est pas super super. C'est clairement la moins intéressante du lot. Et je sais même pas ce qui est pire, les paroles ou la musique, tout est vraiment ridicule.
What He Say, aussi appelée Do The Etewa, est un autre gros morceau. Là on lorgne plus vers du Culture Club, avec ses faux cuivres genre I'll Tumble 4 Ya qui utilise de vrais instruments par contre.
En parlant de cuivres et de vrais instruments, Say You're Sorry ramène son saxophone. Je vous ai déjà dis que j'adorais le sax ? En particulier dans des trucs plus ou moins goths ? Du coup je pense qu'il est évident de connaître mon avis, cette mélancolie lancinante c'est complètement mon truc.
Should Have Known Better est super niaise mais me rappelle Depeche Mode, du coup bah j'aime bien. Ce n'est pas un titre qui va révolutionner la musique mais ça reste super sympathique.
On termine sur She's Got A Cause, qui est encore assez similaire aux compositions de Martin Gore. C'est pas loin non plus d'être ma préférée, à nouveau via son ton mélancolique mais aussi grâce à son excellente batterie.

Au final que dire sur ce With Sympathy ?
Ce n'est pas aussi désastreux que ce qu'insinue sa tête pensante. Alors oui on atteint jamais la créativité et l'excellence de The Land Of Rape And Honey ou encore Psalm 69, mais c'est loin d'être mauvais. L'album respire une énergie évidente qui arrive à me contaminer avec une aisance singulière. Cette Synthpop un poil dark donne envie d'aller se trémousser le derrière avec une ribambelle de gothiques.
En fait son seul réel problème est de ne pas avoir une seule once d'originalité. C'est ce que dira d'ailleurs le Rolling Stone magazine lors de sa sortie. Pour plus ou moins paraphraser leur avis, Ministry et Al Jourgensen ne font rien qu'on a jamais entendu dans d'autres groupes du même genre. Mais justement il n'y a trop rien à y redire, car ils réussissent à faire ce que d'autres négligent, écrire des chansons accrocheuses et entêtantes qui donnent envie de danser. Et qu'au final ils démontrent que les maniérismes du genre fonctionnaient bien avant qu'ils ne se transforment en clichés.