Watcha
6.5
Watcha

Album de Watcha (1998)

Dans la veine fusion/nu-metal des années 90, Watcha sortait son premier album en 1998. Si le son détonnait à l'époque, ce n'est pas un hasard.


Lorsqu'on entre dans l'univers de cet album, on peut assez vite se faire emporter par l'efficacité des grooves, en plus de suivre les textes plutôt dans l'ère du temps de l'époque. Butcho posait là un style chanté/crié qui donnait envie. La section rythmique était en béton armé, lourde d'une artillerie bien calée. Les guitares, soit à l'unisson soit en complémentarité, créaient un univers metal dynamique ou éthéré, avec des envolées transe par moments, que le basse-batterie soutenait avec ressort.


Alors on repère très vite des influences comme Korn pour la composition des guitares, le son de celles-ci lorgnant tout autant sur Meshuggah. C'est plus flagrant pour la rythmique, complexe comme celle des suédois, mais avec une touche plus frenchy : celle du groove justement. Des titres comme Indigestion, Sam, ou encore le Grand méchant flou sont très réussis pour le style. Et puis les structures de morceau étaient loin du format couplet-refrain-pont : c'était justement ce qui était appréciable chez Watcha.


Cet album correspond bien à une époque en France, où les groupes de metal apparaissaient de plus en plus nombreux, notamment dans les sillons des premiers Lofofora, No One Is Innocent ou encore Loudblast. Toutefois cette période ne durera pas, pour Watcha comme pour d'autres, d'une part parce que la France n'est pas un pays rock, et d'autre part parce que les groupes ont essayé de vivre de leur musique et ont donc dû formater leur style à la norme française. Pure perte...


Alors si le néo-metal des années 90 vous botte, cette galette en est une belle représentation. C'est dommage que les albums suivant aient perdu la spontanéité de ce premier jet. C'est dommage que la production ait pris le pas sur la force de créativité. Mais c'est bien là le système du "music-business" qui bouffe tout crus ces petits poucets perdus sur leur chemin. Et le critiquer dans ses textes (le système) ne suffit apparemment pas.


Je garde toutefois pour cet album, portant le nom du groupe, une affection particulière car il m'a beaucoup fait vibrer à l'époque, et Watcha était un bon groupe de scène. Veliki Cirkus, second album qui sortira un an après celui-ci est assez bon, mais il a déjà perdu en fraîcheur, indice indéniablement redoutable dans le metal.


"Miroir beau miroir oh dis moi ce que je fais-là ! Ce reflet qui se trouve là ce n'est pas vraiment moi !"
Paroles prémonitoires pour l'avenir du groupe ?

Budokick
8
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le 25 mars 2022

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Budokick

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