J'avais téléchargé cet album fin 2012 à la suite des nombreux classements des meilleurs albums de l'année car au moins deux d'entre eux (RA et SWQW si je ne dis pas de bêtises) l'avaient consacré à la première place. SWQW, notamment, avait recommandé l'écoute d'une traite, au casque, ce que j'essaie de faire systématiquement lorsque j'écoute un album techno tant il s'agit d'un format qui se comprend dans son ensemble, qui doit être appréhendé comme un tout. Le casque permet d'être enveloppé par la musique, de la ressentir pleinement et dans ses moindres nuances à la fois. Mais ce n'est pas tout, SWQW incitait également l'auditeur à sortir de chez lui, son casque sur les oreilles, et de laisser la musique prendre possession de soi et de sa trajectoire piétonne.

Je n'ai pas pris la peine de suivre ce conseil lors de ma première écoute, mais j'ai néanmoins à peu près respecté mes deux règles (d'une traite et au casque). J'ai apprécié l'album comme complexe et subtil, et surtout permettant à l'esprit de divaguer au fil des battements et des notes qui le composent. J'ai été étonné qu'il figure en si bonne place dans tant de classements, tout en comprenant que je passais sans doute un peu à côté de quelque chose. J'ai souvent conscience du potentiel des musiques que j'écoute ; quand je ne les apprécie pas à leur juste valeur, je le sens. Je suis ensuite venu noter l'album sur SensCritique, sans rédiger de critique - c'est dire si mon écoute avait été superficielle, finalement - et remettant à plus tard une deuxième écoute.

Puis cette nuit, ne parvenant pas à dormir, je me suis dit que j'allais en profiter pour donner une deuxième chance à "Voices from the Lake". J'en avais gardé le souvenir d'un album composite et à la musique fluide et plutôt douce, apaisante. Je mets donc mon casque, je m'allonge dans mon lit en éteignant la lumière, j'appuie sur la touche Play de mon iPod puis je ferme les yeux. Fidèle à mon souvenir, l'album débute par des sonorités aquatiques, on se croirait en pleine nature, je me détends complètement, toute tension abandonnant mon corps reposé. Puis la musique évolue assez rapidement vers quelque chose de moins doux, de plus complexe et plus rythmé que ce dont je me souvenais. Je poursuis l'écoute, me relève en position assise, me demande si je ne vais pas aller me promener, mon casque sur les oreilles, puis je me ravise.

Après un certain temps, l'album a déjà présenté de très nombreuses variations qui se sont succédées avec une fluidité accablante tant elle est subtile et progressive. Impossible de parler de transitions, cet album n'est constitué que d'une pièce qui se meut avec un naturel époustouflant. On a du mal a réaliser comment les auteurs ont pu en arriver là. On touche au sublime, cet album est un chef d'oeuvre. Etant donné que j'ai déjà bien avancé dans l'écoute de l'album, allongé à nouveau, je regarde où j'en suis. Je n'ai même pas achevé le troisième des onze morceaux qui le constituent.

Un peu plus tard, je me rends sur SensCritique afin de voir la note que je lui avais mise après ma première écoute, me souvenant vaguement d'un huit puisque j'ai bien pris conscience, sans la saisir, de la complexité de cette oeuvre. Je me dis que si j'ai été généreux, je l'ai peut-être même noté neuf, sans trop y croire. Quelle n'est pas ma surprise en constatant que le chiffre sept trône fièrement en blanc sur vert sous le titre de l'album. Je m'empresse alors de rectifier mon erreur, tout en commençant à rédiger une critique de ce "Voices from the Lake" qui, même s'il ne mérite peut-être pas la note parfaite, vaut sûrement plus que neuf.

On n'est pas ici face à une oeuvre musicale mais devant la possibilité d'une expérience auditive intense et sans pareil. En cela, cet album rejoint les chefs d'oeuvre expérimentaux que constituent "OR" de Kangding Ray et "From the Fallen Page" de Magda. Peut-être qu'à ma troisième écoute je me déciderai enfin à aller me promener afin de mener l'expérience un cran plus loin.

J'ai désormais dépassé la moitié de l'album, je continue mon voyage. A votre tour d'entreprendre le vôtre. Bonne écoute.
Nicolas_LAURENT
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le 25 avr. 2013

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Nicolas Laurent

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